Le défi de la « nouvelle Algérie » prônée par le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, ne réside pas dans le combat contre la crise multidimensionnelle que traverse ce pays mais dans les voies et moyens de mettre un terme à un phénomène qui tire dangereusement vers le bas « l’état-nation ».
L’Algérie est sans doute le seul pays au monde où il faut accomplir une multitude de formalités et d’autorisations administratives pour se réunir, créer une entreprise ou n’importe quelle entité dont l’objectif pourtant reconnu par ceux là mêmes qui la bloquent est de créer de la richesse et de l’emploi.
Combien de ressources gaspillées depuis l’indépendance du pays à cause de la bureaucratie et la corruption. Rares sont les Algériens qui se trouvent désarmées face à cette bureaucratie, nourricière de la démobilisation générale et de l’obscurantisme en développement.
Le contexte actuel marqué par la mondialisation des échanges, l’évolution de plus en plus rapide des technologies de l’information et de la communication, l’acharnement de la concurrence et l’intégration économique, impose des défis majeurs sur les Etats qui doivent être en harmonie avec l’ensemble de ces mutations.
Dans cet environnement contraignant et face à ces défis concurrentiels et technologiques, les pays sont appelés à s’adapter au nouveau contexte et à améliorer la performance du secteur public et son efficacité. Ils sont incités à être performants, les administrations sont, par conséquent, directement impliquées dans la constitution d’un Etat compétitif et performant dans cette ère de performance.
L’Algérie du 21em siècle, veut s’insérer harmonieusement dans le concert des nations, la politique économique et sociale au sein de l’espace euro méditerranéen et arabo-africain devra avoir pour fondement la bonne gouvernance liée à la réhabilitation de l’entreprise, au savoir par la maîtrise de la connaissance, la ressource humaine étant l’élément déterminant. Et il n’y aura pas de développement en Algérie sans la réhabilitation du savoir et des couches moyennes productives qui sont la base de tout pouvoir fiable.
Le nivellement par le bas (populisme) est source de démotivation et l’antinomie même du développement durable. Or le développement durable en Algérie est bloqué de fait par la bureaucratie et la faiblesse des réformes micro-économiques et institutionnelles et sur la nécessité de l’intégration de la sphère informelle qui renvoient à la construction d’un Etat de Droit, base de l’économie de marché et ce, afin de pouvoir favoriser une saine concurrence et attirer les flux d’investissement nécessaires pour une croissance hors hydrocarbures.
Dés l’indépendance, la conception algérienne du service public a été fortement inspirée de celle du modèle français dont ce terme est flou et imprécis, mais à cette complexité s’ajoute la spécificité algérienne par l’adoption d’un modèle socialiste qui n’a ni queue ni tête.
En dépit des réformes économiques et politiques, initiées depuis 1989, et les mécanismes introduits pour conduire une transition d’une économie publique et administrative vers une économie de marché, le poids des administrations publiques reste toujours important au-delà des missions régaliennes, et l’Etat prend toujours en charge la production des services collectifs qui peuvent être produits par le secteur privé.
Toutes les réformes introduites n’ont pas permis de passer d’un Etat socialiste à un Etat libéral, mais plutôt d’un Etat socialiste à un Etat providence qui a toujours le monopole de produire le service public.
Le service public a été organisé en monopole public soit sous la forme d’une gestion directe par l’administration, soit sous la forme d’établissement public exploitant un monopole réglementé qui génère le « clientélisme » et qui a malheureusement conduit le pays au bord du gouffre.