L’expert pétrolier et président du cabinet Emergy, Mourad Preure, a été très critique non pas uniquement vis-à-vis du principal mis en cause dans l’affaire de l’acquisition par le groupe Sonatrach de la raffinerie d’Augusta en Italie, mais de toute la chaîne de commandement impliquée.
Ainsi, a-t-il dit, dans un entretien livré à Liberté, l’acquisition est incontestablement mauvaise, « on pouvait fait mieux », estimant : « Ce n’est pas un homme ou deux, ou trois qu’il faut responsabiliser dans cette grave erreur stratégique ; c’est une chaîne de décision qui va au-delà de l’assemblée générale de Sonatrach qui est en cause et qui doit être reconsidérée ».
Selon lui, « Le montant de la transaction est élevé, considérant la qualité de la cible acquise (âge, état des installations, investissements à réaliser, etc.). À ce prix, on pouvait avoir mieux, sachant que le raffinage européen connaît une crise de surcapacités et que des cibles de meilleure qualité étaient et sont disponibles sur le Continent ».
Pour rappel, l’acquisition par Sonatrach de la raffinerie d’Augusta a été annoncée en mai 2018. L’accord de vente avec Esso Italiana, filiale italienne d’ExxonMobil, a été finalisé le 1er décembre 2018. Sonatrach avait précisé à l’époque que « le périmètre de cette transaction inclut la raffinerie d’Augusta, les trois terminaux pétroliers de Palerme, Naples et Augusta, ainsi que les participations dans des pipelines reliant la raffinerie aux différents terminaux ».
Cette acquisition continue à ce jour de faire polémique, tant sur le montant de son achat de 725 millions de dollars jugé exorbitant pour une raffinerie vieille de 70 ans. En juillet 2020, le tribunal de Bir-Mourad-Raïs (Alger) a décidé d’engager une enquête pour situer les responsabilités dans l’acquisition par Sonatrach de la raffinerie d’Augusta en Italie.