Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier, à Alger, le chef de l’Etat malien, Bah N’Daw. L’audience s’est déroulée au siège de la Présidence de la République, et en présence du directeur de cabinet à la présidence de la République, du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, du ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, ainsi que du chef d’état-major de l’Armée nationale, le général de corps d’armée Saïd Chanegriha.
Si le communiqué officiel lapidaire fait état des relations bilatérales « fraternelles unissant l’Algérie et le Mali » ainsi que des voies et moyens de les développer au mieux des intérêts communs des deux pays, il y a lieu de s’attendre à l’essentiel : des réglages politiques et sécuritaires urgents.
De toute évidence, les deux présidents échangeront sur la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger. C’est pratiquement le point cardinal de la visite. Elaboré en 2015 dans un contexte particulier, l’Accord-cadre d’Alger exige des modifications, des éclaircissements et des amendements dans certains de ses volets. Alger a déjà donné son accord pour ces réglages inclusifs. Autant Bamako que les mouvements de l’azawad, les protagonistes des accords d’Alger de 2015 se renvoient la balle quant aux tergiversations constatées sur terrain, et de ce fait, Alger devrait, encore une fois, accompagner les parties signataires dans la finalisation du processus de paix.
Prolongement naturel de l’Algérie dans sa partie saharo-sahélienne, le Mali a été un vaste laboratoire pour les armées nationales, régionales et internationales (G5-Sahel, Serval, puis Barkhane, Tabuka, Miunusma, etc.), qui, sans pouvoir imposer une paix précaire, ont malmené le Mali en long et en large. De sorte que, aujourd’hui, nul ne sait au Mali de quoi demain sera fait. Ni le colonel Assimi Goita, ni encore moins le président de transition, ni le gouvernement, ne maitrisent toutes les cartes, tant l’option militaire rend utopique toute mesure pacifique. Le vaste conglomérat des mouvements de l’Azawad commencent à montrer des signes d’impatience, l’opposition dite du M5-RFP, qui a rejeté récemment le projet de charte de transition de la « bande à Goita », aussi.
Que faire ? Revenir aux accords d’Alger. Ceux-ci prévoient tout l’arsenal juridique pour ce faire. Avec en prime, le développement des régions du nord-Mali, abandonnées par Bamako depuis des décennies à la rébellion et au désordre. Le développement économique, la mise sur rails de projets sérieux et la décentralisation, avec l’appui des autorités locales à Kidal, Gao, Tombouctou, Tessalit et Taoudenni, seraient les gages gagnants pour éviter, « dans les temps impartis», l’ « afghanisation » du Grand Sahara.