La barrière végétale qui devait protéger les pays du Sahel de l’extension du désert est encore loin d’être achevée, faute de volonté politique et de moyens financiers.
L’Afrique est de plus en plus gagnée par la désertification. Comme son nom l’indique, ce phénomène signifie que les terres deviennent de plus en plus arides, voire désertiques. Les déserts comme le Sahara s’étendent toujours plus, menaçant ainsi les écosystèmes et les populations des pays sahéliens. L’extension des déserts est due à plusieurs facteurs. Il y a, bien sûr, le réchauffement climatique. À mesure que les températures globales augmentent, les surfaces désertiques vont inévitablement s’étendre. Environ 40% du continent africain est maintenant touché par la désertification.
Il y a aussi la surexploitation des ressources; les agriculteurs prélèvent toujours plus d’eau dans les nappes phréatiques pour l’irrigation. De leur côté, les éleveurs font paître leur bétail, ce qui dégrade encore plus les sols car les troupeaux mangent et piétinent la végétation. De plus, pour faire place aux champs cultivés ou pastoraux, trop d’arbres sont abattus, ce qui provoque une érosion des sols. En effet, sans les racines des arbres pour les retenir, les sols sont balayés et emportés par les vents, ce qui les érode peu à peu.
Des arbres pour y remédier?
Pour tenter de stopper ou au moins de ralentir la progression du désert, les États sahéliens se sont donc lancés dans un projet on ne peut plus ambitieux: aménager un mur d’arbres sur une distance de 8.000 kilomètres, entre le Sénégal et Djibouti. Au milieu des années 1980, le Niger a adopté une stratégie similaire pour enrayer la désertification. Les agriculteurs ont encouragé la croissance des arbres, ce qui a permis de retenir les sols, d’apporter de l’humidité grâce aux feuilles, des nutriments pour le sol grâce aux branches mortes, etc. Cela a fini par stopper la progression du désert.
Quinze ans après le lancement du projet, seuls quatre millions d’hectares de cette Muraille verte ont été aménagés sur les 100 millions visés d’ici à 2030. Donc seulement 4% du projet a été réalisé, ce qui est très peu évidemment. Pourquoi cela? Malgré les discours officiels, les gouvernements des pays concernés n’ont pas beaucoup soutenu ce projet, sauf ceux du Sénégal et de l’Éthiopie. C’est évidemment un projet très coûteux financièrement, et les ministères de l’environnement ont du mal à trouver les fonds nécessaires.
De plus, ce projet suscite des critiques. Selon certains, pour planter tous ces arbres, il faudrait déplacer les populations qui vivent sur la zone, ce qui priverait aussi les paysans de nouvelles terres dans un contexte de raréfaction des ressources.