Lorsque l’on évoque les méfaits du tabac sur la santé, on pense immédiatement au cancer du poumon, de la gorge, ou encore à l’insuffisance respiratoire. Mais le tabac nuit aussi fortement à notre santé bucco-dentaire.
« Fumer est extrêmement mauvais pour la santé en général, mais le tabac est aussi une ennemi redoutable pour nos dents et nos gencives ! ». Le signe d’alerte le plus connu est la jaunissement de l’émail, voire l’apparition de taches brunâtres. Mais chaque bouffée de cigarette contribue également à fragiliser le parodonte, ce qui favorise les infections buccales et le déchaussement.
Taches, caries, déchaussement… conséquences directes du tabagisme
Le tabagisme modifie la physiologie du système bucco-dentaire. Il est non seulement à l’origine d’attaques chimiques, mais « chaque bouffée de cigarette transforme aussi notre bouche en cocotte-minute », favorisant la prolifération de bactéries, la survenue de maladies parodontales et la mauvaise haleine.
Le goudron et la nicotine confèrent une coloration jaunâtre aux dents, qui peut se manifester « dès les premières cigarettes, surtout au niveau des incisives inférieures (les dents les plus proches du filtre de la cigarette) ». Cette décoloration est très variable et dépend notamment xde la composition salivaire de chacun.
Certains fumeurs constatent l’apparition de taches jaunes ou brunâtres au niveau de l’émail. « Au fil des années, et selon l’importance de la consommation, ces altérations peuvent devenir permanentes. Elles s’infiltrent dans les petites fissures de l’émail et résistent au brossage, voire au détartrage”.
Le tabagisme augmente aussi le risque de caries. “La formation de caries s’explique par l’abondance de bactéries cariogènes qui produisent des acides à partir des hydrates de carbone contenus dans l’alimentation. En principe, la salive neutralise ces acides, mais le fait de fumer modifie ses propriétés anti-bactériennes, ce qui favorise la prolifération des acides cariogènes”.
Le risque de gingivite et de parodontite est bien plus important chez les fumeurs. En effet, leurs gencives ont une plus forte tendance inflammatoire.
« La consommation de tabac a un effet vasoconstricteur : elle altère les tissus de soutien des dents (le parodonte). La vascularisation est réduite au niveau des gencives qui se trouvent beaucoup plus vulnérables aux attaques du tartre, de la plaque dentaire, etc. »
Le tabagisme favorise le risque de déchaussement. À terme, la destruction des tissus de soutien d’une ou plusieurs dents peut être telle que les dents deviennent mobiles et risquent de se détacher. Ces situations sont loin d’être anecdotiques. Tout fumeur de plus de 50 ans doit se sentir concerné : « chez les fumeurs – comme chez les non-fumeurs – le phénomène de déchaussement des dents est un processus inéluctable. Lorsque l’on fume à 50 ans et plus, le risque est multiplié. »
Le risque de cancers buccaux augmente chez les fumeurs. Cancer de la langue, du palais, des amygdales, des gencives, de la gorge… il s’agit certainement de la conséquence la plus grave du tabagisme. « Les fumeurs sont en moyenne six fois plus impactés par les cancers buccaux »,plus la consommation est importante, plus le risque augmente. La consommation de tabac favorise également la formation d’aphtes, l’altération du goût, voire de l’odorat. Dans certains cas, la langue peut s’épaissir sur la face dorsale et devenir blanchâtre, voire brunâtre. On parle alors de langue « villeuse », une affection bénigne et temporaire, le plus souvent causée par la prolifération de bactéries dans la bouche.
Les soins dentaires sont moins performants chez les fumeurs
La consommation de tabac ralentit considérablement la cicatrisation au niveau de la bouche. « De fait, les traitements parodontaux ont un taux de succès plus réduit chez les fumeurs. Mais le tabagisme pose également problème au moment de l’extraction d’une dent, ou de la pause d’un implant dentaire. Les complications les plus fréquentes vont de l’inflammation des tissus adjacents (péri-implantite) à la perte de l’implant. » Non seulement le tabagisme impacte le confort des patients fumeurs, mais il les expose aussi à des dépenses plus importantes en soins dentaires. Pour toutes ces raisons, les dentistes recommandent un sevrage tabagique un à deux mois avant les soins ou traitements à risque.