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Alger

Essais nucléaires au Sahara, un dossier explosif

Soixante et un an après leur lancement, les essais nucléaires français effectués dans le Sahara algérien constituent l’une des pierres d’achoppement qui empêchent l’inauguration d’une nouvelle ère, loin des passions et des tensions, dans les relations entre les deux pays.

Le  classement par le parlement français des archives de ces essais dans la catégorie « incommunicable » est significatif de la volonté de la France à maintenir sous le voile et pour longtemps cet héritage colonial qui est pourtant l’un des enjeux majeurs du travail mémoriel mené conjointement entre les deux pays.

A ce jour, selon des spécialistes de la question, les effets dramatiques de ces essais nucléaires, tant au plan sanitaire qu’environnemental, persistent toujours. Les retombées de ces effets sont énormes. Des centaines de kilomètres de zones contaminées, des centaines de personnes, militaires et civils, vivant dans ces zones contaminées développent divers cancers, certains en sont morts sans que justice leur soit rendue.  

Ceux qui ont qualifié ces essais nucléaires que la France  a toujours voulu faire passer pour « propres », de  génocide en se référant au droit international humanitaire, n’ont pas tort. La France est appelée à assumer pleinement ce dramatique « passé nucléaire ».

Outre de permettre la déclassification des archives entourant ces essais, la France doit nettoyer  les zones d’enfouissement des déchets radioactifs issus des explosions, décontaminer les zones touchées encore soumises à la radioactivité et indemniser les victimes de ces essais. Sinon, comment peut-on « réconcilier les mémoires », avec de telles questions en instance ? Comment ouvrir un nouveau chapitre  dans les relations bilatérales quand  la France ne veut même pas remettre à l’Algérie les cartes de localisation des déchets nucléaires ? Le travail de mémoire ne peut pas se faire avec des cachotteries  et des faux –fuyants, mais avec vérité et esprit de responsabilité.  

Certes, la loi dite Morin adoptée en janvier 2010 permet l’obtention de réparation pour les victimes de ces essais nucléaires mais cette loi ne souffle mot sur les dégâts environnementaux de ces essais et de leur prise en charge.

Dans son message à la nation à l’occasion de la fête de la victoire, commémorant le cessez-le-feu, le président Abdelmadjid Tebboune a souligné que « L’effort se poursuit pour mettre toute la lumière sur le sort des disparus durant notre guerre de libération et pour l’indemnisation des victimes des essais nucléaires ». Ces efforts doivent impérativement aboutir au risque de faire ombrage et pour de longues années encore à l’assainissement des rapports entre les deux pays.

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L'express quotidien du 10/03/2025

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