Il y a quelques années, les Américains, après avoir fait une guerre sans merci avec les Talibans, ont finalement entrepris de dialoguer avec eux. Et cela a donné des résultats satisfaisants. Alors pourquoi ne pas reproduire le même schéma au Nord-Mali ? Telle est la question que les maliens se sont posée justement.
La France n’a pas accepté cela, évidemment, parce que la guerre permet des choses que la paix ne permet pas. C’est la politique française au sahel depuis les années 1960 et, de toute évidence, cela ne va changer.
Il y a quelques jours, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, chef de la Minusma, l’a clairement signifié au micro de France 24. Depuis Bamako, il à expliqué voir dans le dialogue national mis en place au Mali avec les chefs jihadistes « la volonté des Maliens ». Particulièrement inquiet de la dégradation de la situation sécuritaire au centre du pays, il a salué toutefois une « nouvelle dynamique » insufflée par l’accession au pouvoir des militaires en août 2020 et la mise en œuvre des accords d’Alger de 2015. Ces accords constituent, selon notre invité, un prérequis « extrêmement important » pour « une paix durable au Mali ».
Le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, s’est dit particulièrement inquiet de la dégradation de la situation sécuritaire dans le centre du Mali. Il déplore l’aggravation des tensions intercommunautaires par le chef jihadiste Amadou Kouffa et par des milices d’auto-défense. Il estime toutefois que la guerre civile peut être évitée, et que des actions de conciliation entre communautés accompagnées par l’ONU laissent espérer que ces tensions puissent se calmer.
Il s’est exprimé au sujet du dialogue avec Amadou Kouffa et l’autre leader jihadiste, Iyad Ag-Ghali, qui divise les autorités françaises est maliennes. Mahamat Saleh Annadif souligne que les Maliens, à travers le dialogue national inclusif de 2019 notamment, ont clairement décidé que la voie du dialogue était la seule capable de mettre fin aux violences. « L’état d’esprit des Maliens est qu’il faut parler avec ces gens-là », précise-t-il. Selon lui, le calendrier de la transition, qui prévoit des élections dans un an, est réaliste.