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Journée mondiale du théâtre: Ils ont consacré leur vie au 4e art

Aujourd’hui, c’est la journée mondiale du théâtre. C’est l’occasion de rendre hommage à ces hommes et femmes qui ont consacré leur vie au 4e art. Metteurs en scène, comédiens, décorateurs, gestionnaires et tous ceux qui ont donné un plus au théâtre algérien en étant dans les coulisses ou derrière le rideau. On rend hommage à tous ces techniciens et artistes qui ont souffert durant leur carrière artistique et à ces hommes de théâtre qui ont contribué à l’essor du 4e art avant, pendant et après la révolution algérienne. Voici quelques uns parmi ceux qui ont donné toute ou une grande partie de leur vie au théâtre.

Rachid Ksentini, le plus grand comique

Il est l’un des artistes les plus complets qu’a connus l’Algérie. Auteur, comédien, chansonnier, musicien, il mettait lui-même en scène ses pièces ( Sketchs). De son vrai nom Rachid Bir Lakhdar,  Ksentini est considéré parmi les pionniers du théâtre algérien ( sur scene). Il fit ses débuts aux côtés de Allalou dans la Zahia troupe créée par ce dernier en 1925. En 1926, il  jouera  dans la premiere représentation au théâtre le KURSAL entre Bab El Oued et la place des martyrs. Il jouera par la suite aux côtés de Mahioeddine Bachtarzi puis Djelloul Bachdjerrah qui crééra aussi sa propre troupe. Ksentini a été le premier à enregistre un duo de théâtre avec Dahmoune. Le disque 18 tours est sorti en 1928. Quelques années plus tard, il se démarquera par son duo avec la comédienne et chanteuse Maris Soussan avec laquelle il fera des tournées et enregistrar au moins une dizaine de disques. Ksentini a beaucoup voyage*é à travers le mone et a fait partie d’un cirque américain durant quatre années. Mort en 1944, il restera pratiquement le plus grand comique aux côtés de Hassan El Hassani.

BACHTARZI Mahieddine , la machine à travailler

Chanteur d’opéra (Ténor), acteur et auteur de théâtre est l’un des pionniers du théâtre. Il est à la fois, chanteur,  comédien, scenariste, metteur en scene et gestionnaire. C’était une machine à travailler. De l’époque où il jouait aux côtés de Ksentini à son retrait dans les années 1980, il n’ a jamais cessé de travailler.  Bachtarzi  s’initie très jeune au medh (chant religieux) et est à l’âge de 14 ans Bach Hazzab. En 1923, il assure la direction de la société musicale El Moutribia. Bien qu’il s’est consacré surtout au théâtre, il est resté parmi les  les meilleurs chanteurs d’andalou. Mahieddine Bachtarzi  a traduit aussi en arabe des œuvres de Molière. De 1966 à 1974, il est directeur du Conservatoire municipal d’Alger. 

Allalou, le pionnier qui s’est vite retiré

Auteur, comédien et metteur en scène est le prmier à avoir créé une troupe de théâtre : La Zahia troupe. De son vrai nom Ali Sellali, Allalou rêvait dès son jeune âge de devenir chanteur. A l’adolescence, il prit des cours de solfège et puis fit ses débuts dans l’association « El Moutribia ». Il lui vint l’idée de « donner une note de gaieté dans les concerts en créant un genre de comique ». Il compose de courts sketches et en 1925 fonde la compagnie « Zahia troupe » (La troupe joyeuse). En 1926, il monte la pièce de théâtre « Djeha » suivie de « Zouadj Beni akline ». Il fera ensuite des adaptations avant de renoncer définitivement au théâtre en 1932. Son livre « L’aurore du théâtre algérien » sera publié à l’occasion de Tlemcen capitale de la culture islamique 2011 ». La carrière de Allalou n’aura duré que sept ans mais son nom est resté à l’eternité.

Ould Abderrahmane Kaki, le maître

Abdelkader Ould Abderrahmane, dit Abderrahmane Kaki, né le 18 février 1934 à Mostaganem et mort le 14 février 1995 à Oran, est un acteur et dramaturge, auteur et metteur en scène d’une vingtaine de pièces de théâtre. Dès son enfance il se développe au contact de traditions culturelles vivaces. L’une de ses grand-mères connaît de mémoire un grand nombre de « kacidate », l’un de ses oncles est mélomane. Il participe aux fêtes populaires dans lesquelles jouent les « meddahs », côtoie le maître du chant bédouin Cheikh Hamada dont les enfants sont ses compagnons de jeu. Kaki n’a qu’une dizaine d’années lorsqu’il devient apprenti-« meddah » lors des fêtes scolaires de fin d’année. Il rejoint quelques années plus tard le scoutisme, présentant les sketches qu’il a créés à l’occasion des fêtes musulmanes. Il fait ensuite partie de la troupe de Benabdellah Mustapha. Dans les années 1950 il participe à des stages de formation dramatique dans le cadre du service de l’Éducation populaire dirigé par Henri Cordreaux. Kaki devient professeur d’art dramatique et fonde sa propre troupe en 1958. Il met en scène alors des pièces de Plaute, Carlo Gozzi, Ionesco, Beckett ou ses propres écrits, 132 ans (1962). Il se fait remarquer au début des années 1960 par son genre algérien ainsi que son approche de  Brecht.

Abdelkader Farrah, le célèbre inconnu

Il a passé toute sa carrière en Angleterre. Lui, c’est Abdelkader Farrah, un des plus grands scénographes du monde, à son époque. Dessinateur, musicien et surtout scénographe, Abdelkader Farrah, homme de théâtre de notoriété mondiale, est resté méconnu en Algérie, lui qui avait « le souci permanent » de mettre son expérience au service du 4e art en Algérie. Cette expérience n’ a pas eu lieu pour une histoire de jalousie. Né le 28 mars 1926 à Kasr El Boukhari (Médéa), Abdelkader Farrah s’est imprégné très jeune de son environnement, se nourrissant de l’éducation familiale autant que des enseignements de la Zaouia du Cheilh El Mimoun où il avait fait ses premières classes, avant de connaître un parcours professionnel hors du commun sur les scènes du monde. Durant la guerre de libération, Abdelkader Farrah, avait refusé en 1960 le « prix de l’Alliance française » décerné par le ministre français de la Culture André Malraux, affichant son refus de la colonisation de l’Algérie. En 1967, à Londres, il propose à la vente aux enchères plusieurs de ses œuvres au profit de la cause palestinienne. 

Mustapha Kateb, artiste et gestionnaire 

En 1940,  Mustapha Kateb crée « El Masrah », une troupe théâtrale professionnelle qui deviendra plus tard « El Masrah El Djazairi ».  Il  joue dans «  Ettebib Essqolli » (« Le médecin sicilien »), son premier sketch. En 1963, il devient, pour 10 ans, le premier directeur du Théâtre national algérien (TNA) ; Il a monté 10 pièces dont « Hassen Terro » de Rouiched, « Anbaca » de Réda Houhou et « El-Khalidoun » de Abdelhalim Raïs ainsi que les 2 œuvres de Kateb Yacine ( son cousin) « Le cadavre encerclé » et « L’homme aux sandales de caoutchouc ». Il a créé en 1965 l’Institut national d’art dramatique et chorégraphique (INADC ). En 1972, il démissionne du TNA et occupe un poste au ministère de l’Enseignement supérieur. Il revient au TNA en 1988. Mustapha Kateb a tenu des rôles dans les films « Le vent des Aurès », « L’opium et le bâton » ,  « Décembre » et « Hassan Niya ».

EL MOUHIB Allal, le sage metteur en scène

Ecrivain, comédien et metteur en scène, Allal El Mouhib qui fut parmi les les plus grands metteurs en scene des années 1960 aux côtés de Hadj Omar et Mustapha Kateb débuté dans une troupe théâtrale des Scouts musulmans algériens.  Il est remarqué par l’homme de théâtre Mahieddine Bachtarzi. En 1955, alors qu’il se trouve en France, il participe à un stage de formation dans le domaine du théâtre. C’est ainsi qu’il met en scène Antigone de Sophocle, pièce dans laquelle il est distribué. A l’Indépendance du pays, il rejoint le Théâtre National Algérien comme comédien et metteur en scène et est en même temps enseignant d’art dramatique au Conservatoire municipal d’Alger. Entre 1963 et 1971, il monte plusieurs pièces dont:   Montserrat,  Akadib Sakrabane et El mechhah d’après L’Avare de Molière. Il adapte aussi, La maison de Bernadette de Federico GARCIA LORCA Il a aussi joué dans le film Hassan Terro. Allal El Mouhib a été directeur de l’ONCIC et a fait une quinzaine de stage de mise en scène en France. Il est aussi connu pour sa sagesse.

Hassan El Hassani, l’exemple

Hassan El Hassani est l’un des plus grands comédiens algériens et du monde arabe. Contrairement à ce que l’on pense, il n’était pas doué seulement pour le rire. Il pouvait jouer n’importe que rôle et il l’ a prouvé dans son monologue Ya Boy Attini Dourou dans lequel il jouait pas mois de neuf rôles don l’enfant, la vieille et le marseillais. Dans sa jeunesse, Hassan Hassani, fils d’un instituteur, ne savait pas qu’il allait devenir le plus grand comique algérien aux côtés de Rachid Ksentini. L’infatigable homme a été coiffeur, comédien, représentant commercial et député. Il aimait sa famille, son métier d’artiste et sa 2 chevaux.  De son vivant, Hassan El Hassani a connu la joie qui suit les applaudissements et les hommages mais aussi la tristesse, la déception et la mal vie. L’artiste militant a passé trois années d’emprisonnement dans les camps de concentration de Beni- Messous, Tefechoun, Bossuet et Paul Cazelles aux côtés d’autres artistes notamment Tayeb Abou El Hassan qui sera son compère sur scène. De Boghar où il est né le 21  avril 1916 à Bouzaréah en passant par les camps de concentration durant la guerre et Boufarik, le comédien qui était un grand travailleur a su garder son sourire et ses blagues pour faire la joie autour de lui. Malgré son humour, il a été toujours correct avec son entourage. N’ayant jamais laissé tomber son accent naturel de Guebli, il en profitera pour en faire son atout principal dans la vie et sur scène. En 1963, des la création du TNA (théâtre national Algérien),  Kateb le met sur la liste des comédiens (de première catégorie). Hassan El Hassani et quelques compagnons notamment Tayeb Abou El Hassan, Kaci Ksentini, Amar Ouhadda, Hamid Nemri et Stambouli,  créera  la TTP (troupe théâtrale populaire), la premiere troupe privée d’après l’indépendance.

Keltoum, la doyenne

Keltoum, nom d’actrice d’Aïcha Adjouri, est née le 4 février 1916 à Blida, et morte le 11 novembre 2010 à Alger. Elle est considéré comme la première actrice algérienne aux côtés notamment de Marie Soussan. Figure du théâtre et du cinéma, elle avait été, dès son très jeune âge, attirée par la danse et le théâtre. C’est Mahieddine Bachtarzi qui la découvrit à Blida, en 1935, et lui offrit sa chance et, en dépit des préjugés de sa famille, Keltoum ne la laissa point échapper. Une grande tournée en France et en Belgique ne tarda pas à prouver tant au directeur de la troupe qu’à l’artiste qu’ils ne s’étaient pas trompés. Anvers, Liège, Bruxelles, Paris, Lyon, Marseille l’applaudirent. À Nice, elle dansa, un soir, devant 20 000 personnes, au jardin Albert 1er. C’est au cours d’une tournée au Maroc qu’elle affirmera son talent de comédienne. Elle devait ensuite jouer dans de nombreuses pièces, soit aux côtés de Bachtarzi, soit avec Rachid Ksentini ou Habib Réda. Elle joua dans plus de soixante-dix pièces de théâtre et dans au moins une vingtaine de films, enregistra cinq disques avant 1962. Depuis 1981, elle n’avait pas eu la possibilité de camper un rôle et quand, en 1987, Fawzia Aït El-Hadj l’appela pour jouer dans Mort d’un commis voyageur, huit jours avant la « générale » de la pièce, on lui signifia sa mise à la retraite. Elle fut choquée par cette décision, elle qui croyait encore être pleine de ressources et rappelait qu’elle avait passé 50 ans dans le théâtre. Elle fit une dernière apparition aux côtés de Rouiched dans El Bouwaboune (1991).

Marie Soussan, la Soprano du rire

Marie Soussan, de son vrai nom Meriem Soussin, est une actrice et chanteuse algérienne associée à l’essor du théâtre algérien à partir du début des années 1930, devenant la première femme algérienne à apparaître sur scène (jusqu’alors, les hommes jouaient les rôles féminins). Avec Rachid Ksentini, elle est devenue partenaire d’un des couples de théâtre les plus populaires pendant l’entre-deux-guerres. Elle a également enregistré plus d’une vingtaine de disques 78 tours. Née le 17 janvier 1895 dans la basse Casbah d’Alger au sein d’une famille juive. Comme tant d’artistes de son temps, elle pratiquait ses talents musicaux lors des événements familiaux, où elle se consacrait au chant et à la darbouka. Quelque temps après la Première Guerre mondiale, elle a rejoint El Moutribia, l’orchestre et la troupe de théâtre de son cousin Yafil. Ses débuts sur scène semblent avoir eu lieu en 1925 au Casino d’Alger. Au cours des quinze années suivantes, elle poursuit une carrière bien remplie au sein d’El Moutribia, jouant et faisant des tournées aux côtés de son partenaire comique Rachid Ksentini. Ensemble, le duo juif-musulman est devenu le centre de l’attention. Beaucoup de ces actes ont ensuite été enregistrés sur disque. Soussan était également une artiste solo talentueuse, enregistrant un éventail de genres, classiques et populaires, d’abord avec gramophone puis avec Polyphon, cela lui a valu d’être membre de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Elle quitte l’Algérie en 1959 et se lance dans une carrière commerciale dans le sud de la France. Elle est décédée en 1977 à Marseille.

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