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Oumar Idoual, politologue malien, à L’Express : «Barkhane cherche à redorer le blason de Macron!»

Connaisseur avisé du problème malien, ou plutôt des problèmes maliens, tellement il en existe à profusion, Oumar Idoual est une voix écouté, tant au Mali qu’en Mauritanie, où il a élu domicile. Politologue lucide et perspicace, très actif sur les réseaux sociaux, il est aussi un parent à Hamata Ag Hantafaye, un des leaders de la rébellion malienne de 1991. D’où tout l’intérêt à l’interviewer. A lire entre les lignes.

Comment se passe la période de transition au Mali? 

La période de transition au Mali est mouvementée par les tentatives de positionnement des uns et des autres  » à la bonne place » pour être élu quant à ceux qui aspirent à la présidence de la République et pour être proche du pouvoir pour ce qui concerne les fameux « faiseurs de rois ».

La refondation du pays et des institutions, la sécurisation du pays,  l’accord d’Alger signé depuis 2015, le vivre ensemble, la réconciliation, l’unité nationale, l’armée Malienne reconstituée et tant de défis économiques sont encore à la marge du tohu-bohu interne.

Des semblants sont visibles dans les médias locaux mais nos militaires qui occupent tout ou presque semblent plus préparer une insurrection politique afin d’accéder à la magistrature suprême tant bien que mal.

En attendant, les parties politiques gardent le silence comme si les partis politiques Maliens sont entrepris qui attendent de percevoir des prestations de services.

Les partis politiques impliqués dans la vie politique du pays de façon vivante et visible ont toujours seulement tenté de « tirer leur épingle du jeu » de manière à sauver la face.

Les populations de l’azawad ont-elles bénéficié de plus de paix, de liberté et d’autonomie depuis la chute d’IBK? Et où en est le Mali avec les accords d’Alger ?

Les populations de l’Azawad ne bénéficient pas du tout de la chute d’IBK. Nous savons bien que plusieurs membres de mouvements armés sont présents au CNT ainsi que des chefs coutumiers de l’Azawad. Porter le drapeau à la place d’un député démocratiquement élu ou diriger un ministère à la place d’un ministre issu d’une majorité politique démocratiquement élu, ne veut pas dire bénéficier de la chute d’ IBK.

Les populations, elles sont encore dans les camps de réfugiés et dans des sites hostiles dans le nord du pays. Elles manquent presque de tout depuis 2012 et surtout de l’essentiel (l’éducation).

Pourquoi Barkhane essuie échec sur échec mais persiste à parler de réussite?

L’opération Barkhane qui a empilé échec après échec dans le tumulte de création du G5 Sahel et tout l’activisme connu de la politique étrangère Française atteint de nos jours  un degré on ne peut plus chancelant.

Si nous considérons les moyens colossaux alloués, les pertes militaires, les bavures des militaires français dans le Sahel et la montée en puissance du terrorisme dans le Sahel où des villages entiers sont la cible de pogroms de la part des terroristes ( plus de 200 morts dans chaque village ), l’ enlisement Français est une réalité palpable sur le terrain.

Quand on parle de réussite de l’opération Barkhane c’est à mon avis dans l’objectif de redorer le blason du président Macron qui en a fort besoin pour un deuxième quinquennat.

Que pensez-vous de la prise de langue avec Iyad Ag Ghali?

La reprise de  pourparlers avec Iyad Ag Ghaky est encore à mon avis un clin d’œil bipolaire dans le sens qu’ il intéresse une bonne partie de la rue de Bamako et une frange de la population du nord qui aspirent tous à une fin des hostilités qui endeuillent le pays de façon chronique depuis une dizaine d’ années.

  Ce clin d’œil français de Macron est un ajustement des équilibres des relations avec les Maliens du sud et du nord car la France mène une politique on ne peut plus  de la balançoire au Mali.

   Les Maliens du nord au sud aujourd’hui sont touchés dans leurs âmes et dans leur fierté s’ils en ont une. Les bavures des forces étrangères s’ajoutent aux massacres de masses opérés par les terroristes dans un pays dirigé par une junte au pouvoir qui se positionne chaque jour pour rester au pouvoir. Le Mali a encore des jours devant lui pour retrouver une vie normale.

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