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L’usine « Palma Nova » de Constantine toujours à l’arrêt

Cinq cents employés dont quatre cent cinquante ex-salariés à la SARL Suilait « Palma Nova » de Constantine, se sont retrouvés du jour au lendemain face à un véritable cauchemar qui s’appelle « le chômage » ; cela après avoir vécu pendant quelques années le rêve de tous les Algériens, celui de trouver un poste de travail stable, une couverture sociale et un revenu mensuel régulier qui couvre leurs besoins financiers. 

Lors de notre visite à l’usine « Palma Nova » de Constantine qui a fermé ses portes en mois de novembre 2018, à cause de l’affaire de falsification de documents officiels par son ex-partenaire « Danone », nous avons constaté la grande importance de cette usine de la production de yaourt et de lait frais aux yeux de ces 50 employés qu’on a retrouvé sur place, car malgré l’arrêt total de l’usine depuis plus de deux ans, ces derniers font tout ce qu’ils peuvent pour bien entretenir les grandes machines sophistiqués, tout en espérant une réouverture prochaine de l’usine.

Ces quelques salariés qui n’ont pourtant pas reçu leurs salaires depuis 7 mois, à cause de la difficulté financière que Palma Nova traverse, n’ont pas hésité à exprimer leur immense et totale solidarité avec le PDG du Groupe Palma Nova, Lotfi Souilah, en continuant à travailler quotidiennement, sans réclamer leurs droits de paiement. Plus loin encore tous les employés de cette usine notamment les 450 chômeurs ont insisté pour lancer un appel urgent aux autorités supérieurs du pays a travers ce reportage, afin d’intervenir pour résoudre le problème qui empêche la réouverture de l’usine.  

Amar, un agent polyvalent qui travaille à l’usine depuis son ouverture, a accepté de nous raconter à cœur ouvert les problèmes financiers qu’il vit chaque jour à cause de la fermeture imprévue de l’usine : « Mon plus grand souci actuellement, c’est le paiement mensuel du loyer, car le propriétaire de la maison me fait subir une pression énorme pour le payer, et moi je n’ai pas d’argent ». Il poursuit : « je dois payer  10 000 DA de loyer chaque mois, et cela fait 3 mois déjà que je ne n’ai rien payé, le chiffre a augmenté à 30 000 DA, en plus de plusieurs autres dettes à payer à l’exemple des factures impayées, les vendeurs des fruits et légumes, et le vendeur d’alimentation générale où je fais mes courses quotidiennement pour parvenir aux besoins nécessaires de ma famille, qui est composée de ma femme et ma petite fille…franchement, je prie Dieu tous les jours pour que cette usine redémarre à nouveau, et j’espère que l’Etat règlera ce problème le plus vite possible». 

Un autre témoignage sur la grande ambiance de solidarité qui règne à Palma Nova, c’est celui de Mme Salima, l’une des femmes de ménage de la société, qui nous a révélé qu’en étant une femme divorcée, elle est la seule responsable de son foyer, et parvenir aux besoins de sa fille de 16 ans qui passera son BEM cette année.

 Sur ce point-là, Mme Salima nous a fait savoir que le fait de ne pas recevoir son salaire depuis 7 mois a eu un impact négatif sur sa vie, en la rendant plus difficile encore, en sus des dettes accumulées et qui ne cessent d’augmenter jour après jour.

 « Elever une fille adolescente qui va passer son examen de BEM cette année n’est pas facile » en expliquant « je n’arrive plus à faire face à cette situation de surendettement, j’ai loué une petite maison dans un bidonville auquel je n’arrive plus à payer », poursuivant « il faut ajouter à cela les frais de mes achats et mes courses, du transport que je prends quotidiennement pour arriver au travail, sans oublier les cours de soutiens que je paie pour ma fille qui est en classe d’examen ». Par ailleurs, Mme Salima nous dit qu’elle ne veut pas chercher un autre travail pour deux raisons, la première, « c’est le bon cadre de travail » et la deuxième, c’est la « bonne ambiance familiale qui reine au sein de l’usine, et qui est difficile de trouver ailleurs », a-t-elle confirmé en ajoutant dans ce sens « malgré tout ces difficultés, moi j’ajoute ma voie de solidarité au autres employés, car j’ai un grand espoir que l’usine rouvrira ces portes prochainement, et l’Etat entendra notre cri de détresse afin de résoudre ce problème, avant ces quelques jours qui nous sépare du mois du Ramadhan » a-t-elle dit.

En faisant un tour dans l’usine de Palma Nova où se trouvait les grandes machines de production, on a remarqué le bon entretien de ces derniers, de bonnes mesures de sécurité prise par la société pour se protéger contre la covid-19, mais ce qui a attiré notre attention le plus dans cette usine, c’est la grande propreté et l’absence de salissure, poussière, et mauvaises odeurs et cela malgré l’arrêt de la production de cette usine depuis deux ans. 

 La complicité observée entre les différents employés de cette usine, ma poussé à demander à l’administration de me fournir quelques contacts des employés qui sont en chômage. Le lendemain matin l’administration du Palma Nova, m’a envoyé une liste de contact de ces employés actuellement en chômage, que j’ai contacté personnellement par téléphone, afin de connaitre leurs situations actuelle après l’arrêt total de l’usine.

Dans un entretien téléphonique avec M. Ouafk Houcine, l’un des ex-employés de Palma Nova, et qui se trouve actuellement au chômage, ce dernier a accepté de partager ces soucis quotidiens avec nous. Possédant un diplôme de technicien en traitement des eaux, Ouafk avait un poste de travail stable au sein de l’usine avant sa fermeture en 2018. Cependant, il nous a raconté qu’après son départ de Palma Nova, il a dû travailler dans d’autres métiers auxquels il ne connaissait pas grand-chose, à l’exemple de « manœuvre dans des chantiers, vendeur dans une quincaillerie et autres… ». Sur cela, le jeune chômeur de 31 an, marié et père d’un enfant, nous a révélés « après la naissance récente de mon premier enfant, mes dépenses ont augmenté, ce qui m’oblige à redoubler d’effort, et trouver un deuxième job, pour couvrir tout les besoins de ma petite famille », a-t-il dit, en précisant que « le problème c’est que je n’arrive toujours pas à trouver un poste de travail stable, malgré le grand nombre de CV que je postule régulièrement, mais auxquels je ne reçois malheureusement pas de réponse », poursuivant «  pendant la crise sanitaire du Covid-19, tous les chantiers ont arrêté, et je me suis encore une fois retrouver face au chômage, j’ai dû accepter de travailler comme vendeur dans une quincaillerie contre un salaire de 20 000 DA par mois, dont je dépensais la moitié de la somme dans les transports ». 

Ouafk n’a pas hésité à partager son plus grand souci «  je dois faire une intervention chirurgicale pour donner un rein à ma sœur qui souffre d’insuffisance rénale depuis un bon moment », poursuivant « cette transplantation de greffe rénal se déroulera à la mi-Ramadhan au sein de l’hôpital de Constantine » a-t-il déclaré. En évoquant ce sujet, la voix de Houcine change par l’émotion ; il a subitement l’air très malheureux en nous disant : «Je suis obligé de faire ce sacrifice pour sauver ma sœur, c’est mon devoir, mais la seule chose qui m’inquiète vraiment c’est que mon médecin m’a donner des instructions de ne pas porter quelque chose de lourd pendant au mois une année, donc je ne peux pas travailler au chantier après mon opération chirurgicale, et je ne sais pas comment je vais faire pour nourrir ma famille » ;  poursuivant «  si l’usine de Palma Nova redémarre à nouveau je regagnerais mon poste de travail et ce dur problème sera résolu, j’espère de tout mon cœur que les autorités algériennes entendent nos voix et règleront ce problème le plus vite possible ».

Le PDG  du Palma Nova lance un appel au ministre des Finances

Le PDG  du Palma Nova lance un appel au ministre des Finances

Lors de notre passage au siège de Palma Nova à Constantine, le PDG de la SARL Suilait « Palma Nova » M. Lotfi Souilah nous a reçus dans son bureau pour nous éclairer sur la réalité derrière le retard de la relance de l’usine du Palma Nova.

Actuellement, a affirmé M. Souilah « il y a uniquement une cinquantaine d’employés qui travail dans cette usine afin d’assurer la maintenance et l’entretien des machines », « ces travailleurs sont composé de la secrétaire de la direction, le comptable,  quelques agents de sécurité, des femmes de ménages, des chauffeurs… etc. », précisant « on fait travailler le strict minimum du personnel, pour des taches bien précises tel que la réception des courriers, l’entretien et la maintenance des machines etc… ». 

En répondant sur une question sur les causes de la fermeture de l’usine Palma Nova, M. Souilah a révélé que « l’usine Palma Nova est à l’arrêt totale à cause de la société multinationale française Danone, qui est à l’origine de la fermeture de plusieurs sociétés spécialisées dans la production des produits laitiers, car en investissant en Algérie, en 2001, Danone avait un seul objectif sur sa liste : « la destruction de leurs concurrents dans le domaine de la production des produits laitiers frais, pour rester le seul leadeur sur le marché », a-t-il confirmé. Pour atteindre son objectif, explique M. Souilah, « elle a d’abord racheté l’usine Battouche Djurdjura de Akbou après être associé avec eux, en créant l’usine Danone Djurdjura Algérie, poursuivant son programme en détruisant Trèfle, jusqu’à en arriver à la SARL Suilait/Palma Nova de Constantine, qui a déposé quatre plaintes à son encontre suite à la rupture d’un contrat que Danone n’a pas respecté » a-t-il précisé. 

« En étant notre partenaire à l’époque, la société Danone avait sous-traité la production de l’un de ces produits qui était « Danone Mixy » sur une des quatre lignes de l’usine Palmanova, en nous imposant l’arrestation de la production de nos trois autres lignes, afin de supprimer complètement la marque Palma nova du marché national », expliquant que «  elle a fait cela exprès, au profit de sa marque, en jouant un mauvais coup à notre société suite à des falsifications de documents officiels, et faux et usage de faux, en modifiant des chiffres et des dates sur le contrat convenu entre les deux parties, pour pousser Palma Nova à faire faillite, pour qu’ensuite se retirer définitivement de notre usine en mois de novembre 2018, sans aucun avertissement ». Ce grand dossier est actuellement devant la justice en laquelle nous avons pleinement confiance pour faire valoir nos droits. 

« La présence de cette société multinationale en Algérie depuis 20 ans, n’a pas était bénéfique, car aujourd’hui encore on se retrouve toujours dans la difficulté de produire du lait dans notre pays, et l’Etat paie beaucoup pour la subvention du lait afin d’assurer ce produit de première nécessité au simple citoyen algérien. Et la question qu’on pose, nous les opérateurs économiques, est pourquoi Danone n’a pas développé cette activité du lait frais, en créant des fermes pilotes de 20 à 30 milles vaches laitière pour avoir du lait frais au lieu d’importer du lait en poudre…. »

« Les dégâts que Danone nous a causé sont énormes, au point que nous rencontrons beaucoup de difficultés pour relancer notre usine à nouveau, on a 5 activités à l’arrêt total qui ont besoin d’entretien et de rénovation, 450 salariés en chômage, les dommages des machines de production, des difficultés avec nos fournisseurs qu’on n’arrivait plus à les payer, il y a aussi la marque Palma nova qui est sortie du marché, donc il faut la relancer ou créer une nouvelle marque ; mais la relance d’une usine demande beaucoup d’argent, des conventions et des devoirs envers la banque, des taxes …etc. et c’est ce point précis qui nous bloque actuellement ». 

« En ce moment notre usine se retrouve dans une situation critique et catastrophique, c’est pour cela qu’on lance un appel de détresse au ministre des Finances, afin d’intervenir en urgence pour régler notre problème de demande de crédit bancaire qui nous bloque pour le redémarrage de l’usine et faire revenir nos 450 employés, qui sont formés et prêt à reprendre le travail à l’usine dès demain. »

  « Le président de la république Abdelmadjid Tebboune, a insisté plusieurs fois dans ses discours sur la relance économique en Algérie, et l’accompagnement des start-up afin d’absorber le taux de chômage dans notre pays, et moi aujourd’hui je lance le défit de couvrir le marché national en matière du lait en seulement cinq an, dès la relance de l’usine, et faire revenir 500 employés actuellement en chômage à leurs poste de travail ». 

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