Sentant le filet se resserrer autour de lui et craignant une éventuelle extradition, Amar Saadani l’ex – porte-parole attitré des Bouteflika a quitté dernièrement le sol portugais et s’est « réfugié » au Maroc où l’on dit qu’il est bien introduit auprès du palais royal.
Cette fuite vers le royaume chérifien trouve certainement ses motivations, dans la récente signature de la convention d’entraide judiciaire en matière pénale entre la France et l’Algérie, les déboires d’Ould Kaddour aux Emirats arabes unis et dans l’émission d’un mandat d’arrêt international à l’encontre de Zitout Mohamed Larbi, Aboud Hicham, Boukhors Amir et Mohamed Abdellah.
Mis en cause dans plusieurs affaires de corruption, notamment, dans celle du détournement de sommes faramineuses à la GCA et celle d’achats d’immobiliers suspects à Paris et ailleurs, Saadani sait qu’il est dans l’œil du cyclone et que son extradition de l’Europe n’est qu’une question de temps, aussi s’est-il dépêché à aller se cacher auprès du Makhzen marocain auquel il a toujours rendu de loyaux services.
N’a-t-il pas, en effet, contribué à partir de 2013, date de sa désignation controversée au poste de secrétaire générale du FLN, à la diabolisation du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) qui était la bête noire du Makhzen ? N’a-t-il pas également ouvertement défendu la marocanité du Sahara occidentale en faisant jubiler le Makhzen ?
Les casseroles que Saadani traîne derrière lui sont tellement nombreuses que leurs bruits se font toujours entendre. Son slogan fétiche « Etat civil » qu’il convoquait à tout bout de champ dans les années où il était l’un des hommes important du régime Bouteflika et où il participait activement à la dislocation du DRS, se fait curieusement toujours entendre et avec force ces derniers semaines dans les rues algériennes !
Est-ce un hasard, où y a-t-il anguille sous roche ? Tout innocent qu’il parait, ce slogan de « l’état civil » dont Saadani s’est fait champion, n’était en fait qu’une entreprise savamment orchestrée pour servir le clan Bouteflika et affaiblir les services de renseignement.
Lorsqu’il était l’une des importantes figures de la issaba, Saadani ne s’est distingué que par ses attaques au DRS et ses tentatives de laver ses amis, à l’exemple de Chakib Khellil, accusés de corruption, de tout soupçon.
Les jonctions du Makhzen marocain avec des fuyards algériens poursuivis pour corruption ou intelligence avec l’ennemi ne sont plus à démonter. Et Saadani, est selon toute vraisemblance, l’une des parties visibles de l’iceberg.