Lors de son passage sur les ondes de la radio algérienne, le Pdg de la Compagnie algérienne d’assurance et de garantie des exportations (CAGEX), Djilali Tarikat, a été sans concessions pour les responsables qui seraient tentés par un durcissement des lois sur les exportations.
Ainsi, si le gouvernement prépare un projet d’amendement de la réglementation des changes, il faut savoir que ce texte de loi est depuis longtemps critiqué par les opérateurs du commerce extérieur pour son côté « répressif ».
Le projet d’amendement de la réglementation des changes n’apporte aucun changement en faveur des exportateurs. « Bien au contraire, nos clients les exportateurs se plaignent d’un dispositif légal répressif à leur encontre et qui sanctionne le non rapatriement des créances détenues à l’étranger par des peines privatives de liberté et d’autres sanctions sur le commerce extérieur », regrette Djilali Tarikat. Pour le Pdg de CAGEX, « cette mouture confond les créances nées sur l’étranger et les capitaux investis à l’étranger.» Djilali Tarikat appelle le législateur à aller dans le détail et à faire la distinction entre le capital et l’argent.
« Il devrait y avoir une grande différence dans les fondements juridiques qui régissent les capitaux investis à l’étranger et les créances nées sur l’étranger», estime le Pdg de CAGEX qui souligne que le législateur ne laisse aucune place à la bonne foi de l’opérateur algérien. « Lorsqu’une entreprise algérienne investi à l’étranger, elle est tenue de rapatrier les dividendes soit les bénéfices réalisés à l’étranger. Donc, s’il y a non-rapatriement des dividendes, oui c’est l’entreprise qui a fauté et qui mérite d’être sanctionnée. Mais dans le cas des créances nées sur l’étranger, l’exportateur algérien prépare la commande et l’exporte. Le commerce extérieur comporte toujours le risque de ne pas être payé par son acheteur à l’étranger. L’actuelle loi sanctionne l’exportateur en cas de non paiement et c’est un tord.»
Djilali Tarikat s’étonne. « Au lieu que le dispositif légal s’attèle à récupérer les créances détenues à l’étranger et donc, à viser le fautif qui es l’acheteur étranger, il s’oriente vers l’exportateur algérien.» Pour le Pdg de CAGEX, « l’exportateur est doublement sanctionné. D’abord il perd son argent et en plus, il risque la prison.» Il insiste. « Pour encourager le commerce et l’industrie, il faut considérer que les investisseurs et les exportateurs sont de bonne foi. C’est comme ça qu’on peut créer la confiance entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques.» Le Pdg de CAGEX va plus loin encore. « À mon sens, toutes les lois économiques et commerciales doivent être des lois de facilitation, non pas des lois répressives.»
Le Pdg de CAGEX estime que le dispositif légal doit être plus souple pour espérer concrétiser la volonté d’augmenter les exportations hors-hydrocarbures. « Notre pays a besoin de multiplier par dix le volume des exportations. Malheureusement, ce n’est pas avec ce type de dispositif légal que demain il y aura de plus en plus d’exportateurs.» Pour Djilali Tarikat, il faut que le législateur s’inspire des textes qui sont en cours d’élaboration pour encourager l’émergence de la startup et réduire la facture d’importation des services. « L’exportation de tout produit, service ou autre, doit être favorisée », insiste l’invité de la rédaction de la Chaine 3.
« Les opérations de commerce extérieur comportent toujours des risques et c’est pourquoi la CAGEX a été créée. Or, le dispositif légal en préparation ne tient pas du tout compte de l’assurance exportation qui garantit le non rapatriement », regrette encore Djilali Tarikat qui appelle le législateur à plus de cohérence. « Si l’ordonnance 96-06 sur l’assurance-crédit date de janvier 1996, l’ordonnance 96-22 date de juin 1996. Il aurait été logique que la seconde prenne en compte, dans les visas, la protection contre le non rapatriement apportée par l’ordonnance 96-06.»