Fidèles aux valeurs et traditions ancestrales, les familles du M’zab ne manquent pas durant le mois sacré de Ramadan de célébrer le premier jeûne de leur enfant.
La rupture du premier jeûne de l’enfant donne lieu à une fête familiale ou l’enfant pré-pubère a droit à une petite cérémonie d’encouragement pour l’accomplissement du premier jour de Ramadan, considéré comme une marque et symbole du passage dans le monde des adultes. Pour fêter les enfants jeûneurs, la tradition veut que les petites filles et petits garçons célèbrent cette journée mémorable dans un climat festif, vêtus de costumes traditionnels et entourés de toutes les largesses par la famille. L’événement est marqué d’un cachet particulier, en préparant un gâteau traditionnel dénommé en tamazight « Takdourt », au pluriel « Tikdourine ».
Cette friandise du terroir, incontournable pour la mémorisation de l’événement d’initiation au quatrième pilier de l’Islam, se prépare essentiellement à base de semoule légèrement grillée, de datte de variété
« Ghers » dénoyautée, le tout mélangé avec de la « Klila » (un fromage local séché) et imbibé de beurre naturel (Smen) avant de façonner ce produit soigneusement sous forme de boulettes. Ces boulettes, préparées avant le début du Ramadhan par la ménagère, s’offrent aux enfants jeûneurs, à raison d’une boulette par jour jeûné. Selon les traditions du M’zab, les enfants qui jeûnent pour la première fois sont soigneusement chouchoutés par leurs parents et grands-parents, qui organisent à cette occasion une rituelle « fiesta » pour commémorer l’événement. Pour fêter les enfants jeûneurs, on les gâte en réservant une table spéciale en leur honneur, a fait savoir Hadj Bakir, un fonctionnaire de Melika, et les repas sont de grands festins partagés avec la grande famille et les amis du jeûneur, souvent ses voisins. Pour eux, on prépare les plats traditionnels les plus appréciés, souvent des spécialités familiales où on consomme des produits spécifiques au Ramadhan (sucreries, viandes, douceurs). Souvent entouré de ses invités de marque de son âge, l’enfant bénéficie de toutes les largesses qu’une maman peut accorder à sa progéniture, a souligné Hadj Bakir.
Immortaliser le premier jour
Ce premier jour de jeûne de l’enfant est immortalisé par des photos et vidéos souvenirs en famille, qui occuperont pour longtemps une place de choix dans l’album du petit jeûneur. Faire le jeûne pour la première fois, c’est prouver la maturité, a estimé,tout content, Ishak, un garçonnet de dix ans à peine, entouré à cette occasion de nombreux soins de la part des membres de la famille qui lui ont offert de nombreux cadeaux.
« Ma maman m’a appris que c’est important de jeûner pendant le Ramadhan, car c’est un des cinq piliers de l’Islam », a-t-il confié devant son père, avant de se vanter d’être devenu un grand garçon qui compte dorénavant faire comme les adultes en jeûnant durant tout le mois de Ramadhan. Il avoue que les meilleurs moments du Ramadhan restent incontestablement l’heure de l’Iftar, lorsque sa maman lui sert un grand verre de lait accompagné de dattes, un bol de Chorba et les différents plats qu’elle prépare chaque jour ainsi que la galette de pain maison. Les familles Ghardaouies consacrent, lors de ce mois sacré, la célébration de bon nombre de traditions locales culinaires qui les remettent une fois l’an en relation avec l’histoire séculaire de la région. Les coutumes familiales observées à cette occasion, et durant tout le mois sacré, constituent pour les enfants un moment d’émerveillement et de joie, notamment à l’approche de l’Aid El-Fitr. Si au foyer, les femmes s’appliquent à préparer les différents mets, les plus prisés en ce mois sacré qu’elles seules en connaissent les finesses, les mosquées ne désemplissent pas, les hommes se consacrant après la rupture du jeûne à la récitation du Coran et à l’accomplissement de la prière des Tarawih accompagnés de leurs progénitures.