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Surconsommation, gaspillage et improductivité: 2 000 milliards de dinars/an de dépenses ménagères en alimentation

Le matraquage médiatique vantant les produits de consommation pendant toute la journée est un outil du marketing de base des sociétés de consommation. Sur ce plan, l’Algérie n’a rien à envier aux Etats Unis et à la France. 

On vante les mérites des derniers téléviseurs, réfrigérateurs, machines à laver, climatiseurs, puis on passe aux instincts de base, en encensant les bienfaits du miel, de l’huile, du sucre, des pates : tout y passe, pourvu qu’on y vende à satiété.

L’Algérie, depuis des années déjà, est devenue une société de consommation, de gaspillage. Même pendant le ramadan, le gaspillage dépasse tout entendement. Les causes sont encore à chercher. Mais le constat est établi. C’est déjà un crime de le faire, mais qu’importe, les dieux des médias sont du coté des plus puissants. On achète un paquet de café et on peut y trouver un bon gagnant pour une parure or. On collectionne vingt bouchons de telle marque de boisson gazeuse et on peut gagner au loto une voiture de cent millions de centimes. Le bonheur à portée de la main est une illusion, mais la publicité le fait croire.

Au final, le peuple à désappris à travailler, encore moins à produire, et les jeunes ne croient plus à la valeur civilisationnelle du travail, mais aux vertus exaltantes des affaires et des combines.

Le travail : une valeur centrale des civilisations modernes

La civilisation humaine est née des mains de l’homme, de sa sueur et sa discipline dans le travail. En Algérie, ces trois verrous de base de la réussite ont sauté devant les hordes d’affairistes malhonnêtes qui ont appris à une société à peine sortie de l’enfance les bienfaits de rouler carrosse et de se la couler douce.

Les mains, seules, ont construit les premières cités humaines, façonné des édifices, fabriqués des charpentes, taillé des pierres, monté des échafaudages, dessiné des œuvres d’art, cousu et assemblé des tissus, peint des murs, écrit des livres et loué Dieu. Aujourd’hui, les deux mains ne servent qu’à porter les lourds fardeaux de couffins remplis à ras bord de victuailles. Quand elles ne portent pas de sacs achats, elles portent un téléphone portable pour jacasser. 

En économie, Adam Smith nommait la main invisible du marché un concept économique selon lequel tout se passerait comme si une main invisible arrangeait les choses pour que la somme des intérêts particuliers débouche sur l’intérêt général.

En fait, le travail est une valeur centrale des civilisations. Aucune civilisation ne s’est construite hors du travail de ses hommes. Et toutes les civilisations, depuis Sumer et Akkad, sont tombées quand on a cessé de travailler. Ce sont les lois immuables et millénaires de la vie, du monde et des hommes.  

42% des dépenses annuelles de consommation

Si l’on prend en ligne de compte le rapport travail/consommation, on s’aperçoit, suivant les rapports annuels de l’Office national des statistiques depuis une dizaine d’années, que le second a connu une dilatation inversement proportionnelle au premier, le travail, qui aura connu un rabougrissement inquiétant. Dans une enquête très intéressante élaborée en 2011 par l’ONS, sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages algériens, les dépenses annuelles globales des ménages algériens en alimentation sont de l’ordre de 1.875 milliards de dinars (mds DA), soit près de 42% de la totalité de leurs dépenses annuelles de consommation, dit l’Office national des statistiques (ONS).

Entre 2000 et 2011, les dépenses alimentaires par les ménages ont presque triplé puisqu’elles étaient de près de 683 mds DA en 2000, indiquent les résultats d’une 

Selon le milieu de résidence, les dépenses alimentaires annuelles en milieu urbain ont atteint 1.281 mds DA en 2011 (contre 449 mds DA en 2000), tandis que dans le milieu rural, elles ont été de 594 mds DA (contre 281 mds DA).

Il est constaté que la part budgétaire de la dépense alimentaire dans les dépenses globales de consommation a baissé en 2011 pour s’établir à 41,8% contre 44,6% en 2000.

Selon le niveau de vie des ménages, la part de ces dépenses est toujours supérieure dans le milieu urbain, souligne l’enquête qui relève que plus le niveau de vie augmente, plus l’écart entre les dépenses des deux milieux s’élargit en faveur de l’urbain.

En 2021, malgré une crise sanitaire, qui a abouti à une crise économique majeure, et donc un recul des revenus, les ménages gardent le même rythme de dépenses. Le mois sacré de ramadan est plus spécialement désigné pour être « budgétivore », les familles multipliant par trois les dépenses pour s’alimenter, allant jusqu’à contracter des dettes, faire des prêts ou hypothéquer des biens.

A l’inverse, la production connait en ce mois un recul inquiétant. « Hibernation », paresse, sommeil, congé annuel ou congé de complaisance, absentéisme et « service minimum ».  Le mois béni par Dieu, comme étant le mois de la piété, de la foi ardente, du travail bien fait, de la production qui élève les cités et forme les civilisations, est devenu, par un retournement tragi-comique de la logique, un mois de la bamboula et des tables bien garnies, des ventres repus et des têtes vides. 

Que dieu ait pitié de nos âmes !

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