La grève spontanée qui perturbe, depuis plus d’une semaine, les établissements scolaires des trois paliers de la wilaya d’Oran fait tache d’huile. D’autres wilayas se sont déjà impliquées et d’autres comptent rejoindre ce mouvement initié, comme celui des postiers, par le biais des réseaux sociaux, sans aucune appartenance ni couverture syndicale.
Lancé en réaction aux retards enregistrés dans le versement des différentes rémunérations, ce mouvement s’élargit présentement, se propage en soulevant diverses revendications liées notamment au pouvoir d’achat et aux conditions socioprofessionnelles des travailleurs du secteur.
Vu l’ampleur de la fronde, le secteur s’achemine en toute vraisemblance vers une paralysie dans les tous prochains jours. Les syndicats de l’éducation qui pour l’instant se sont montrés prudents face à cette vague de protestation venue de l’Ouest du pays vont certainement réunir leurs staffs dirigeants pour se prononcer sur cette déferlante qui les a laissés complètement groggy.
Car pour une nouveauté, c’en est vraiment une ! Les grèves radicales ne sont plus le fait des syndicats mais des appels anonymes lancés sur les réseaux sociaux.
Ainsi après les partis politiques qui ont montré le peu d’emprise qu’ils ont sur l’opinion publique, c’est au tour des syndicats d’afficher leur impuissance à contenir les poussées de leurs bases militantes. Pourtant les syndicats autonomes de l’éducation sont considérés comme les plus revendicatifs et les plus combattifs, mais apparemment on veut s’en passer.
Cette tendance à vouloir activer en dehors des structures syndicales légales pose un sérieux problème. Outre le fait de jeter, avec cette manière de faire, le discrédit sur les organisations syndicales existantes, il y a comme une volonté d’encourager le désordre.
Sinon comment expliquer ce recours aux appels anonymes alors que le secteur possède, outre l’UTGA, toute une kyrielle de syndicats autonomes ? L’empressement avec lequel les travailleurs ont répondu favorablement à ces appels relayés par les réseaux sociaux pose également un sérieux problème.
Il suffit d’avoir un téléphone portable où un micro et quelques connaissances sur les revendications des travailleurs pour pouvoir organiser une grève sauvage dans n’importe quel secteur en Algérie et ce depuis n’importe quelle partie du monde.
La légalité doit l’emporter ! Il y a certes des dizaines de raisons valables qui peuvent pousser les travailleurs à crier leur colère et à entrer en grève, mais le faire sauvagement, sans tenir compte de la crise sanitaire et des souffrances vécues l’année écoulée par les élèves, ne peut être que contreproductif