En Algérie, il ne fait pas bon être ministre du Commerce, ni ministre de l’Industrie. Ces deux postes fonctionnent comme dans un terrain de football : on y voit tout, on y décèle les moindres failles, et quand il s’en trouve, alors vous avez toute la population à vos trousses. C’est dire que s’il y a aujourd’hui, des ministres vertement pointés du doigt, c’est encore et toujours ceux du Commerce et de l’Industrie.
Depuis le début de ramadan, Rezig est dangereusement mis au-devant des récriminations concernant les perturbations des aliments de base, les pénuries, réelles ou « fabriquées », et surtout, la flambée des prix. Il a beau batailler comme personne, promettre et lisser les rugosités des déclarations, cela n’a servi à rien. Les spéculateurs ont eu raison de lui ; de sorte qu’il passe aujourd’hui, aux yeux de la masse des consommateurs, comme un grand incapable.
Le ministère de l’Industrie se résume aujourd’hui à un bureau pour l’automobile, qui a absorbé tout l’arsenal de l’industrie en Algérie. Tout s’articule autour de la seule automobile, ses concessionnaires, ses agréments et ses prix. Et malheur à qui se fait épingler. On a vu dans quelles conditions est parti Ferhat Aït Ali : par la très petite porte.
Un autre secteur a été particulièrement touché par la Justice, et qui peut représenter un autre secteur coupe-gorge, celui des Transports, mais pour le moment il est épargné, après la mise aux arrêts d’une flopée de ministres de ce secteur névralgique. Dans une Algérie prise au piège des recettes des hydrocarbures, elles-mêmes dépendantes des marchés pétroliers et du jeu de stratégies des grands cartels pétroliers et gaziers, le ministère des Transports est devenu un ministère pratiquement de souveraineté, doté de surcroit d’un budget conséquent pour être au tempo et s’améliorer encore plus dans un environnement où le plus mal côté des Etats en matière de Transports sera le dernier de la classe.
De ce fait, le secteur des Travaux Publics est devenu un secteur porteur de croissance économique par excellence, et créateur d’emploi. Son importance et les contrats qui s’y contractaient ont fait malheureusement la tombe de plusieurs ministres, de Amar Ghoul à Zaalane, en passant par Boudjemaâ Talaï.
Pour le moment, ce sont le Commerce et l’Industrie qui sont sous les feux de la rampe. L’argent qui y tourne et les affaires qui s’y font, au centre ou à la périphérie, fait que les tentations sont plus grandes et les flancs plus exposés. Et la marge de manœuvres est vraiment mince : réussir, et de ce fait, faire taire les critiques, ou faire naufrage.