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Mohamed Touri: Comique et révolutionnaire

Il  y a 62 ans, Mohamed Touri , l’un de nos plus grands comédiens mourait en Chahid suite aux tortures des soldats français. Le militant et artiste reste parmi les plus grands comiques algériens et avait plus d’une corde à son arc.

On sait bien que Mohamed Touri a été parmi les plus grands comiques du siècle dernier aux côtés de Ksentini, Hassan Hassani, Rouiched, Sid Ali Fernandel  mais on oublie souvent qu’il est mort suite aux séances de torture, durant la guerre de libération. Le comédien qui a fait les beaux jours du théâtre et de la télévision algérienne est mort le 29 avril 1959, suite aux séances répétées qu’il subissait dans les geôles des soldats français.   Issu d’une famille conservatrice de Blida, tout petit, Mohamed Touri a pris des cours à M’sid Ellouha (l’école coranique) chez Cheikh Berboucha dans la ville des roses et alla se perfectionner à Constantine au niveau de la Medersa dirigée par l’association des Ouléma. Bien que passé par ces écoles religieuses, Touri ne pouvait rater la carrière de comique.  En effet, le jeune Blidéen avait toutes les qualités d’artiste et avait des dons pour faire rire son entourage. Sa grande taille, ses longs bras et son don d’improvisation ont fait de lui, l’un des artistes les plus aimés de son époque. A 14 ans, il adhéra à l’association El Amel au sein des scouts musulmans de Blida. Cette troupe avait été créée par le militant  Moussa Kheddioui, le père fondateur de toutes les associations culturelles et sportives Blidéeennes du début du siècle dernier.  Le jeune Touri se fera remarquer au sein de ce groupe mais veut persévérer et apprendre sérieusement le métier d’artiste. Pour cela, il rejoindra l’association El Hayat que dirigeait le grand maître de la musique andalouse Mahieddine Lakhal. C’est là qu’il fera connaissance avec de grands artistes tels que Dahmane Benachour et Benguergoura. En cette période, Blida était l’une des villes les plus actives en matière d’art. Mustapha Bentchoubane suivait la voie de Rachid Ksentini, le comédien algérien le plus doué de tous les temps aux côtés de Hassan Hassani. La concurrence était rude car à Alger, d’autres comédiens allaient monter sur scène. Rouiched faisait ses débuts dans la troupe Redha Bey (dirigée par Mahboub Stambouli) en jouant son premier rôle dans le Sketch «  Dara Fe Square » alors que Sid Ali Houat dit Fernandel allait faire un tabac avec ses chansons «  Balek Metrig » et «  Yemma, Merti,  Ouana ». Badreddine Bouroubi a fait partie de la troupe Redha Bey.

Sketchs et chansons

Durant la même période, Hassan Hassani avait aussi créé une troupe à Berrouaghia et se préparait à faire une entrée fracassante dans la capitale. Passant au statut de vrai professionnel, Mohamed Touri rejoindra la troupe de  Bachtarzi qui lui ouvrira les portes du théâtre radiophonique en parallèle à la participation aux tournées Mahieddine. Suivant la voie de Ksentini, Touri se fera connaître pour ses rôles dans «  Le boxeur », Zâit, Mâit Ou Neggaz El Hit » et «  Bouhadba » dont certains textes auraient été écrits par lui. Son sketch « Bkhour ya Bkhour » est l’un des plus célèbres car la télévision le repasse en certaines occasions. Il rejoindra en 1947, l’Opéra d’Alger dont la section arabe qui était dirigée par Mahieddine. D’autres artistes tels que  Mustapha Kateb et Allel El Mouhib  travaillaient déjà à l’opéra. Kateb qui sera à la direction de la troupe du FLN ne pourra jamais faire appel à Touri car il était emprisonné à Serkadji. En effet, tout comme Hassan El Hassani, Tayeb Abou Elhassan  et beaucoup d’autres artistes qui étaient, soit en prison, dans les camps de concentration  ou au Djebel (maquis), Mohamed Touri ne fera pas partie de la troupe du FLN. A peine deux mois après sa sortie des geôles colonialistes où il avait subi les plus atroces tortures, il mourrait suites aux séquelles de ces tortures. Mohamed Touri repose au cimetière   Sidi El Haloui à Blida où il est né le 09 novembre 1914.

Mort à 45 ans

Derrière l’homme connu pour sa carrière artistique et qui a utilisé le rire pour s’exprimer se cachait un révolutionnaire dont les activités nationalistes avaient mené à son arrestation et sa mort suite aux tortures que lui avaient fait subir les soldats français. Décédé alors qu’il n’avait que 45 ans, révolutionnaire a laissé son image à l’éternité. Que ce soit sur les chaines de télévision notamment Canal Algérie par le par le biais de l’émission Séquences d’archives ou des sites internet, on revoit avec le même plaisir Mohamed Touri qui fut et reste parmi nos plus grands comiques. Une salle de spectacles porte son nom à Blida ainsi que la petite placette  à l’entrée de la salle du TNA à Alger.  Mis à part les nombreux sketchs, Mohamed Touri avait enregistré  des chansonnettes (comiques). Il a aussi enregistré un disque publicitaire pour La loterie algérienne. Au lendemain de l’indépendance, le grand maitre du Chaâbi avait également enregistré un disque publicitaire pour la firme pétrolière Shell. Pour rendre hommage à Mohamed Touri, nous mettons en marche notre Gramophone ( tourne – disque) pour écouter sa chanson «  Samba Sambatero »ou «  La loterie algérienne » enregistrées sur 78 tours.

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