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Alger

L’excès d’épargne bloque la machine économique

Les économistes s’interrogent sérieusement: comment faire sortir les milliards économisés pendant la crise et les orienter vers la consommation ou l’investissement? Car l’excès d’épargne est un véritable casse-tête économique de nature à drainer les pires conséquences sociales.

Conséquence d’un confinement prolongé dans le temps doublé par la fermeture de plusieurs commerces à l’exception des magasins d’alimentation et de quelques autres, les gens ont dépensé moins que d’habitude. Et comme les déplacements sont compliqués, quand ils ne sont pas impossibles, en Algérie comme à l’étranger, les Algériens ne voyagent pas et comme résultat la quasi majorité de la population a été amenée malgré elle à faire des économies.

L’un des phénomènes drainé par la crise sanitaire et dont les économistes parlent peu, est celui de la baisse de la consommation et une hausse de l’épargne. Il n’y a pas besoin d’avoir un master en économie pour le comprendre.

Le gouvernement a bien réagi face à la crise provoquée par la pandémie. Il a largement compensé pour la plus grande partie de la population la baisse des revenus, s’agissant des indépendants. Selon les calculs de l’institution de Breton Woods., sur l’ensemble de l’année 2020, le PIB de l’Algérie s’est contracté de 6,5% en 2020.

Malgré cela, le revenu disponible brut , c’est-à-dire, l’ensemble des revenus d’activité ou de la propriété, augmentés des prestations sociales et diminués des prélèvements fiscaux et sociaux a augmenté de 0,9% et, compte tenu d’une hausse sensible des prix à la consommation le pouvoir d’achat de ce revenu disponible a augmenté de 0,6%. Pour une année de crise, c’est un résultat plutôt satisfaisant, même si le chiffre global cache des situations individuelles difficiles.

Ainsi donc, le taux d’épargne a fortement augmenté depuis l’imposition des mesures restrictives s’établissant à 32,1% en moyenne en 2020 contre 20,9% en 2019 avec des sommes en jeu très conséquentes: selon des indiscrétions émanent de la Banque d’Algérie, le surplus d’épargne financière, celle qui n’est pas destinée au logement représentait plus de 102 milliards à la fin de 2020.

En économie, une épargne abondante n’est pas une mauvaise nouvelle, mais la sagesse économique veuille qu’il soit souhaitable, voir nécessaire qu’une bonne partie de ce surplus d’épargne revienne dans le circuit pour soutenir l’activité. Et incontestablement, il serait faux de penser que l’excès d’épargne créé pendant la crise de la Covid-19 soit surtout une épargne de précaution qui répond à une certaine crainte des risques dans un environnement très incertain. Car ceux qui auraient pu dépenser ne l’ont pas fait parce qu’ils ne le pouvaient pas. L’essentiel du surplus d’épargne est une épargne contrainte.

Le retour des mesures sanitaires décidées récemment par le gouvernement pour 19 wilayas du pays, décision prise en réponse à la propagation de la pandémie nous rappellent toutefois que la guerre contre le virus du Covid-19 n’est pas gagnée. La levée des mesures restrictives risque d’être moins rapide qu’on ne l’espérait, le commerce de détail et l’ensemble des activités dites de services, celles qui nécessitent le plus d’interactions entre personnes, peuvent être à la peine pour encore de longs mois.

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