A la veille de chaque fête de l’aid, on attend son passage à la télévision. Tout le monde connait sa chanson consacrée à cette fête et la reprise de celle d’Ibrahim El Khalil diffusée à chaque Aid El Kebir. Et pourtant, Abdelkrim Dali a laissé un grand répertoire.
Bien qu’il ne soit connu par Abdelkrim Dali est l’un des plus grands maitres de la musique andalouse, il n’est connu par le grand public que pour ses chansonnettes dédiées à la fête de l’aid. Ce constat est du au fait que le grand maitre n’a pas laissé beaucoup d’enregistrements télévisés. Il est temps de rendre sa valeur à ce grand maitre en diffusant au mois les enregistrements audio qu’il a laissés. Ayant vécu dans une famille et un entourage qui aimait la musique Abdelkrim Dali était dès son jeune âge destiné à devenir un grand maître de la musique andalouse et Hawzi. A ses débuts, il était déjà entouré des plus grands chanteurs de Tlemcen notamment Cheikh Larbi Bensari, Yahia Bendali et Omar Bekhchi. A cette époque Tlemcen, d’ailleurs même à ce jour, était une ville où l’andalou faisait partie de la vie familiale. Etant encore jeune, Abdelkrim Dali qui était doué pour jouer au ôud et au Rbeb aura l’occasion de faire partie de l’orchestre de Chikha Tetma et rejoindra celui de Larbi Bensari qui avait fait sensation lors du congrés de la musique du Caire en 1932. Pour rappel, Cheikh Larbi Bensari avait également représenté l’Algérie à l’exposition universelle de Paris en 1900 et donné un concert à l’occasion de l’inauguration de la mosquée de Paris en 1926.
Concerts à l’étranger
A la fin des années 1930, Dali se fait connaitre à travers plusieurs villes d’Algérie grâce aux tournées auxquelles il participait. Il sera appelé par la suite à faire partie de l’orchestre de la radio à Alger, ce qui le pousser à s’installer définitivement dans la capitale. Après l’indépendance, il donnera régulièrement des concerts à travers le territoire national et sera invité à participer aux semaines culturelles algériennes à l’étranger tout comme nos grands chanteurs tels que Khelifi Ahmed, Seloua et Rabah Driassa. Il sera en parallele professeur de musique au conservatoire d’Alger. En 1971, lorsqu’il sera nommé conseiller à l’Institut national de musique, il enregistrera toutes les Noubas existantes pour les laisser aux jeunes générations. Abdelkrim Dali était modeste et vivait dans la simplicité. Lors d’un hommage qui lui avait rendu le défunt maitre Samil Hini avait indiqué que Cheikh Abdelkrim Dali se déplaçait par bus de Hydra à la place Audin pour continuer à pieds jusqu’à l’institut de musique pour enregistrer les noubas qu’il a laissées pour les élèves de cet institut. Hini avait regretté le fait que « les 78 heures d’enregistrements de Abdelkrim Dali ne profitent qu’aux élèves de l’institut alors qu’on peut les diffuser à grande échelle notamment pour les associations et les conservatoires ». Il est temps, donc, de diffuser ces enregistrements à un large public. Il faut rappeler que Dali avait fait ces enregistrements gratuitement. Il faut rappeler qu’un timbre avait été édité en hommage à Abdelkrim Dali. Le palais de la culture de Tlemcen porte aussi son nom. Une fondation qui porte son nom et présidée par sa fille Wahiba organise Le Prix Abdelkrim Dali chaque année.
Ses chansons ne sont pas programmées
Il faut savoir que Dali dont on ne passe que les chansons Menzynou Nhar El youm et Ibrahim El Khalil consacrées à l’Aid, a laissé de nombreux enregistrements de Noubas et de Qaçaids (chants) qu’on devrait programmer plus fréquemment. D’ailleurs, après son pèlerinage à la Mecque, il avait enregistré une longue Qaçida intitulée Rihla Hidjazia mais les chaines de télévision et radiophoniques ne la passent jamais, ne serait – ce à l’occasion de la période du Hadj. Il avait enregistré d’autres chansons Hawzi telles que El Hadjam et El Kaoui. Abdelkrim Dali qui avait une voix forte et limpide avait su allier les styles Gharnati de Tlemcen et algérois Sanâa. Le maître a laissé des disques vinyles. On retrouve aussi un coffret de CD édité par le ministère de la culture. Abdelkrim Dali est né le 21 novembre 1914 et décédé le 21 février 1978. Durant ce mois de Ramadhan la chaine Canal Algérie a diffusé une de ses chansons Aroubi. On devrait le programmer plus souvent.