Entre autres ses risques majeurs inventoriés par l’ONU, le risque d’inondation en Algérie fait partie des dix risques majeurs présents sur le territoire et cités dans le chapitre des risques majeurs. Il est en deuxième position après les séismes et les risques géologiques dans le classement national des risques majeurs, vu l’ampleur des dégâts matériels et immatériels engendrés, le risque d’inondation en milieu urbain, devient à la faveur des drames vécus récemment un problème de sécurité nationale.
En dépit de la réduction de la croissance globale de la population au fil des années et à la maitrise du taux de natalité, la population urbaine continue à croitre, de 0,4% et 0,9% par an. Cette élévation est surtout en rapport avec le déplacement des populations rurales vers les zones suburbaines et les nouvelles villes, 15,85 millions de citadins supplémentaires estimés entre 2004 et 2020.
Il est nécessaire de se poser des questions sur les causes des dégâts, naturelles ou anthropiques, engendrés par les inondations, essentiellement sur les zones urbaines à grande importance stratégique et avec une tendance de périurbanisation significative comme il est constaté pour les cas de Mila, Constantine, Sétif, Msila, Tizi Ouzou, Tlemcen, Biskra et Alger. Aussi la réaffectation des terrains agricoles au profit de terrains urbanisables a largement contribué à l’aggravation des risques d’inondation comme cela a été le cas pour la Mitidja, essentiellement la zone d’Alger, les palmeraies urbanisées, ainsi que pour les autres actions de planification territoriale et urbaines qui ont démontré leur part dans le déclenchement de ces évènements catastrophiques.
Quoique 53% des constats accompagnant les différents évènements déclarent que les dégâts sont dus aux actions citées en amont nos responsables préfèrent s’en remettre à la météo et d’imputer aux quantités d’eau tombées argumentant que les pluies torrentielles survenues s’inscrivent dans les activités météorologiques saisonnières, mais qui aient été affectées par de violents changements climatiques, devenant ainsi plus intenses, et de justifier que les avaloirs, quelles que soient leurs capacités, ne pouvaient pas absorber les quantités de pluie tombées en un laps de temps réduit.
Mais aux causes naturelles, s’ajoutent les négligences techniques, comme l’abandon de gravats sur la chaussée ou la non-finition de travaux, ainsi que les conditions de passation des marchés publics relatifs aux travaux de réalisation et d’études techniques.
Les différentes entraves aux règles d’urbanisme et de construction ont aggravé les situations dans bien de cas d’inondation survenues dans le pays surtout dans les centres urbains et les régions souffrant d’une migration urbaine très forte. La dégradation progressive de l’environnement par l’étalement urbain qui induit une occupation anarchique des zones inondables. Ajoutons à ces causes le passif d’autres facteurs comme l’occupation des lits des oueds par des constructions, ordures ménagères et déchets des charges des matériaux de construction qui aggravent les conséquences du sinistre. La multiplication de ces facteurs incontrôlés rend difficiles la prévention et l’intervention rapide.
Aujourd’hui en Algérie, on rencontre plus de 50% des villes algériennes, sans distinction de situation géographique, sont astreintes aux risques d’inondations. Notamment, les villes du Sud, dont vingt-trois (23) d’entre elles ont déjà subi les conséquences de ce sinistre.
Officiellement, on estime que pas moins de 800 villes à travers le territoire national sont exposées aux risques d’inondations.
De son côté, le ministre des transports et des travaux publics, Kamel Nasri a insisté sur l’impérative « intensification des programmes de sensibilisation pour la prévention contre les risques d’inondation liés aux intempéries », et l’exploitation des instruments météorologiques dans le souci de prendre les précautions nécessaires à même d’éviter les pertes humaines.
Concernant le volet technique, le ministre a plaidé pour « la coordination entre les secteurs des Ressources en eau et des Travaux publics et des Transports, où le premier secteur prend en charge la réalisation de projets de protection des villes contre les inondations tandis que le deuxième sera chargé de la réalisation d’ouvrages d’art traversant les Oueds ».