Avec une pléthore de 2,5 millions de fonctionnaires, c’est‐à‐dire d’improductifs du secteur primaire, l’Algérie étouffe sous le poids du « mastodonte ». Et comme si cela ne suffisait pas, ce « mastodonte» administratif et bureaucratique qui écrase toute velléité de réformes en son sein alimente corruption, bakchichs et concussion.
Ni la religion ni le poids des valeurs morales ni même l’éducation n’ont pu venir à bout du monstre. Dans le concret, la bureaucratie corrompue écrase toute idée de réforme administrative en même temps qu’elle donne un superpouvoir aux fonctionnaires.
Et c’est certainement en ayant en tête toutes ces pesanteurs qui tirent le pays vers le bas, qu’une journée d’études sur l’éthique dans l’administration et l’entreprise publiques a été initiée hier, à l’Ecole nationale d’administration d’Alger, sous le thème « l’Ethique dans l’administration et l’entreprise publique ».
En prenant, le premier, la parole, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a fait à son auditoire l’économie de temps : « L’éthique n’est pas seulement une question de principes et de valeurs mais aussi un ensemble de règles juridiques qui doivent être instaurées pour construire un système de gouvernance cohérent et crédible «. Mais il ne s’agit pas que de vœux pieux : « La moralisation de la vie publique et du service public, en particulier, passe impérativement par un diagnostic « minutieux et objectif « du phénomène de la corruption et de ses véritables causes ».
Aussi, « toute approche de réforme visant à moraliser la vie publique et le service public, en particulier, ne sera efficiente et efficace que si elle passe par un diagnostic minutieux et objectif du phénomène de la corruption, de ses ramifications et de ses véritables causes et l’identification des dysfonctionnements et des comportements déviants, qui ont toujours été une principale source de préoccupation dans notre société ».
Cette mise au point de la part des pouvoirs publics intervient au moment où le pays traverse un contexte marqué par une crise complexe et multidimensionnelle, et qui touche aux valeurs, aux mentalités et aux comportements, soulignant l’intérêt croissant des citoyens, des opérateurs économiques et des partenaires sociaux pour la nécessaire réforme de l’administration publique, dans le cadre du processus de réformes engagées dans le pays, pour rompre avec les pratiques négatives enregistrées ces dernières années».
Parmi ces pratiques, Djerad cite « les dépassements dans la gestion des affaires publiques, la corruption, le népotisme, la dilapidation du denier public, la bureaucratie» qui ont, a‐t‐il dit, «impacté négativement la nature de la gouvernance dans le pays et entamé la confiance du citoyen dans les institutions de l’Etat».
La restauration de cette confiance perdue est «une condition sine qua non pour la réussite de toute politique de développement», a‐t‐il affirmé, précisant qu’une telle entreprise «passe par l’amélioration de la relation administration‐citoyen à travers un service public de qualité, l’écoute de ses préoccupations et des solutions adaptées à ses problèmes».