Signe des temps, les indépendants marquent de plus en plus leur présence dans les joutes électorales ! Alors qu’ils étaient quasiment invisibles au début de l’ouverture démocratique, dans les débuts des années quatre-vingt-dix, ils se retrouvent maintenant en force dans tous les rendez-vous électoraux, des locales aux présidentielles en passant par les législatives.
Considérés au tout début de l’aventure démocratique en Algérie comme des intrus, ils sont actuellement, avec un terrain qui leur est propice , entrain de « refaçonner » la scène politique en prenant le pas sur les partis politiques. Les chiffres relatifs aux législatives du 12 juin prochain rendus publics par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) montrent la domination des listes indépendantes à cette consultation électorale.
Sur les quelque 2400 dossiers de candidatures déposés auprès de cette autorité, 1.220 émanent des indépendants et 1.180 de formations politiques. Ainsi les pronostics sur la configuration de la prochaine assemblée populaire nationale annonçant un taux de 40% d’indépendants dans ces rangs sont tout à fait concrétisables.
Une nouvelle carte politique est en train de se dessiner sans qu’on saisisse véritablement ses contours et sans qu’on sache sur quoi elle va déboucher. Certes, on sait que la majorité des partis pour ne pas dire l’ensemble sont frappés d’une façon ou d’une autre de discrédit, que de nombreux militants préfèrent se départir de leur appartenance partisane pour se présenter aux élections, mais on ne sait pas ce que nous réserve cette tendance à vouloir faire de la politique sans affiliation partisane.
Logiquement l’action politique doit être encadrée par des formations politiques, mais les errements de notre classe politique depuis notamment les années 2000 en a voulu autrement. De reniements en reniements, cette classe politique divisée entre un pôle toujours favorable au pouvoir en place et un pôle formé d’opposants réfractaires et d’opposants saisonniers, a tellement déçu les citoyens au point de prendre leur distance avec tout ce qui est politique et d ‘exiger même la dissolution pure et simple de certains partis.
Plus de soixante-dix politiques agréés et seuls quelques-uns qu’on peut compter sur les doigts d’une seule main sont connus du grand public et tentent cahin-caha, en cette époque dominée par le Hirak,de maintenir leurs semblants d’activités.
L’émergence des indépendants ne laisse aucun doute sur la reconfiguration totale de la scène politique dans les prochains mois; une reconfiguration qui s’appuiera forcément sur de nouvelles formations politiques.