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La centralité de la Palestine de retour dans la géopolitique du Moyen-Orient

La pluie de roquettes palestiniennes qui s’est abattue sur les villes israéliennes, le 12 mai 2021, fera date dans l’histoire du conflit israélo-palestinien par sa forte charge symbolique et son intensité, confirmant de manière indubitable la centralité de la question palestinienne dans la géopolitique du moyen orient, apportant au passage la démonstration que le ciel israélien est devenu une passoire devant des roquettes de fabrication artisanale, plaçant en porte à faux le leadership sunnite arabe à la suite de sa reptation collective devant l’état hébreu.

Quatre mois après la fin du Mandat du président xénophobe américain Donald Trump –qui s’était employé avec l’aide de son gendre philosioniste Jared Kushner à enterrer en grande pompe la question palestinienne, par une série de mesures unilatérales et illégales au regard du droit international (reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv vers Jérusalem, reconnaissance de l’annexion du Golan syrien)–, la flambée israélo-palestinienne remet au premier plan de l’actualité ce conflit, alors que Benyamin Netanyahu, piégé par sa surenchère électoraliste pour échapper à son inculpation pour corruption, est contraint à une fuite en avant dans une escalade de la violence.

Fait significatif, la riposte palestinienne a été assurée par le Hamas depuis l’enclave de Gaza, accentuant le discrédit de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, en traduisant par des actes, dans des faits, sur le terrain, la promotion du Hamas au rang de défenseur des Palestiniens.

L’engagement du Hamas dans la bataille signe le retour d’une formation sunnite, l’unique formation sunnite, dans le combat pour la Palestine, qu’elle avait déserté sous la présidence de Khaled Mecha’al, en se joignant à la coalition islamo-atlantiste dans la guerre contre la Syrie.

De manière sous-jacente, il signe de manière éclatante le retour par la grande porte du Hamas dans le giron de l’axe anti Otan. Le Hamas avait en effet revendiqué son autonomie face à la Confrérie des Frères Musulmans et rejoint «Mihawar Ad Douwal Al Moumana’a» l’axe de l’immunisation au virus de la soumission à l’hégémonie israélo-américaine, dans une déclaration faite en décembre 2020 au journal libanais Al Akhbar au terme d’un entretien avec le Hezbollah.

Le Maroc en porte à faux

Les affrontements du l’Aid Al Fitr place en porte à faux aussi bien le Maroc, président du Comité Al Qods, pour son troc honteux (reconnaissance d’Israël en échange de la reconnaissance d’Israël sur le Sahara occidental), que le Qatar, parrain des Frères Musulmans, pour son acceptation d’Israël dans le dispositif régional du Centcom, dont le siège est à Doha; Abou-Dhabi, qui lui permet de poursuivre en toute impunité son agression contre le Yémen en tandem avec l’Arabie saoudite; Bahreïn de poursuivre la répression de sa population en toute quiétude. Tous réunis pour leur prosternation collective en une démarche inconsidérée en direction de Donald Trump, en fin de mandat.

L’attaque menée depuis Gaza est intervenue le 12 mai, à la veille de la fête du Fitr, qui marque traditionnellement la fin du Ramadan, et deux jours avant la date anniversaire de la proclamation unilatérale de l’indépendance de l’état hébreu.

De l’aveu même de l’armée israélienne, le tir de 350 roquettes a «échoué» et des «centaines» d’autres ont été interceptées par le bouclier anti-missiles israélien Dôme de fer. Ce qui a contrario révèle que quelques centaines de roquettes ont réussi à déjouer le système de défense balistique israélien.

Les raids israéliens ont fait au total 83 morts, parmi lesquels 17 enfants, et près de 500 blessés, selon le Hamas. En Israël, sept personnes ont été tuées, parmi lesquelles un enfant et un soldat, et des centaines ont été blessées dans les tirs de roquettes.

La flambée de violence fait suite aux affrontements sur l’esplanade de la Mosquée Al Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, illégalement occupé et annexé par Israël, selon le droit international.

France: Une tétanie symptomatique à l’égard du fait juif du fait de la collaboration nazie.

L’arrestation du Président de l’Association de Solidarité France Palestine (AFSP), M. Bertrand Heilbronn, 71 ans, à sa sortie du Quai d’Orsay, mercredi 12 mai 2021, pour avoir appelé à manifester en soutien au peuple palestinien, illustre, de manière symtomatique, la tétanie de la classe politique française devant le fait juif, sa crainte du lobby israélien en France et le poids de la culpabilité française dans la collaboration nazie, 80 ans après la capitulation française.

Amorcée par le post gaulliste Nicolas Sarkozy, accentuée par le socialo-motoriste François Hollande, l’alignement inconditionnel de la France sur les thèses de l’extrême droite israélienne représentée par le premier ministre Benyamin Netanyahu, s’est accentuée sous Emmanuel Macron, dont la visite en catimini aux Palestiniens, a constitué la face la plus pitoyable de la couardise et du reniement.

Timorés, les médias français avaient présenté les affrontements israélo-palestiniens devant l’esplanade de la Mosquée Al Aqsa comme étant des affrontements entre musulmans et juifs religieux comme pour suggérer une guerre de religion entre deux groupements extrémistes, et occulter le combat national du peuple palestinien à son indépendance et surtout contre son dépérissement, de même que la connivence occidentale à l’égard de l’arbitraire israélien.

Même le rapport de l’organisation américaine «Human Right Watch», accusant Israël de pratiquer un «régime d’Apartheid», n’a incité les médias français à sortir de leur frilosité.

Au point qu’un journaliste, Dominique Vidal, ancien collaborateur du Monde diplomatique, fils d’anciens résistants de confession juive, à faire part, publiquement, de sa «honte» devant ces deux faits dégradants: les «pogroms anti arabes de juifs extrémistes et le silence des grands médias occidentaux, particulièrement français».

La viabilité d’Israël en question

La viabilité d’Israël se pose face aux perspectives démographiques de la population palestinienne.

Israël a procédé à quatre élections législatives en deux ans, sans résultats concluants, symptomatique de la confusion dans laquelle baigne ce que les occidentalistes qualifie d’unique démocratie du Moyen Orient». Cette impasse politique intervient sur fond de prévisions pessimistes sur la viabilité de l’État hébreu.

Un rapport, publié en décembre 2016, par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) indique que le nombre de personnes vivant à Gaza devrait plus que doubler au cours des 30 prochaines années. Intitulé «Palestine 2030 Changements démographiques: opportunités pour le développement», le rapport examine les changements démographiques et les possibilités de développement dans l’ensemble des Territoires palestiniens occupés. L’étude du Fonds montre que des décennies d’occupation et de dépendance à l’aide étrangère ont entravé la croissance.

16,7 millions de Palestiniens vivront dans l‘ensemble grand Israël à l’horizon de 2050. Les taux de fécondité dans les Territoires palestiniens occupés sont deux fois plus élevés que ceux des pays les plus avancés de la région. Cette tendance devrait faire passer la population de 4,7 millions aujourd’hui à 6,9 millions de personnes en 2030 et à 9,5 millions en 2050.

Le taux de croissance démographique le plus élevé devrait se produire dans la bande de Gaza, où le rapport estime que la population aujourd’hui de 1,85 millions de personnes devrait passer à 3,1 millions en 2030 et à 4,7 millions en 2050.

En Israël, la population a atteint, en 2019, 9.136.000 habitants, dont 20.6 % d’Arabes israéliens (1.750.000 habitants, principalement musulmans, et une minorité chrétienne), selon le Bureau central des statistiques israélien. Arabes-Israéliens est un borborygme qui désigne dans la terminologie israélienne les Palestiniens, les habitants originels du pays de la Palestine du mandat britannique.

Cisjordanie (9,5 millions) + Gaza (4,7 millions) + Palestiniens de l’intérieur (2,5 millions d’Arabes-israéliens), cela donnerait un total de 16, 7 millions de Palestiniens vivant dans l’ensemble du grand Israël.

Épilogue: Sur le plan militaire

Depuis 1967, Israël n’a plus jamais remporté une victoire militaire. Jusqu’à cette date, l’État hébreu menait des guerres contre des armées gouvernementales arabes dont l’objectif majeur était de défendre le régime politique de leur pays et non la libération de la Palestine.

Depuis le début du XXI me siècle, plus exactement l’an 2000 coïncidant avec le dégagement militaire israélien du Sud Liban, sous la pression du Hezbollah, sans négociations directes, ni traité de paix, Israël est prise en tenaille, dans une alliance de revers, au Nord, par la formation paramilitaire chiite libanaise, au sud à Gaza par le Hamas et le Jihad islamique, qui y mènent une guerre asymétrique.

En superposition, au niveau des alliances régionales, les États Unis, l’allié majeur d’Israël au Moyen Orient, sont en phase de reflux, alors que les principaux alliés de l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine (Chine, Russie, Iran) sont en phase de montée en puissance, parallèlement au déploiement victorieux des forces paramilitaires de la zone : les Houthistes au Yémen face à l’Arabie saoudite; Hached al Chaabi, en Irak face aux États Unis; le Hezbollah libanais, face à Israël au sud Liban et aux groupements terroristes sunnites en Syrie.

Un tel sombre tableau pourrait expliquer la précipitation soudaine de quatre pays arabes dont trois monarchies (Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Maroc, Soudan) à normaliser leurs relations avec Israël, à l’automne 2020, sans doute en vue de conjurer un sort fatal.

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