Malgré toute sa puissance militaire et toute sa brutalité, Israël la “superpuissance” se sent soudainement menacée et vulnérable.
Nous connaissons maintenant le contenu du “banc de cibles” dont les commandants israéliens ont parlé lorsqu’ils ont lancé leur dernier assaut sur Gaza : des tours résidentielles, des écoles, des abris pour personnes âgées et d’autres cibles à prédominance civile.
La bande de Gaza est peut-être minuscule et appauvrie et l’endroit le plus densément peuplé de la planète, Mais il a l’avantage de posséder une résistance déterminée et capable sous un commandement résolu qui bénéficie d’un solide soutien populaire. La dimension et les ressources importent peu.
Les quatre derniers jours ont montré qu’en dépit de leur écrasante prédominance militaire, ce sont les Israéliens qui se sentent menacés et assiégés. La meilleure illustration a été la façon dont l’aéroport Ben Gourion a été fermé et les vols détournés vers l’aéroport Ramon dans le sud, avant que les missiles du Hamas le ciblent également.
L’establishment israélien de la sécurité n’a jamais imaginé que les Palestiniens assiégés à Gaza pourraient développer une capacité de missiles aussi puissante – un énorme échec du renseignement.
La “superpuissance” israélienne s’est soudainement retrouvée coupée du monde extérieur, se sentant comme la partie la plus faible. Les responsables israéliens ont constamment menti sur l’évolution de la situation, mais deux mensonges, en particulier, méritent d’être notés.
Premièrement, leur armée prétend être sur le point d’organiser une invasion terrestre de la bande de Gaza, alors qu’elle sait très bien que ce serait un cadeau à la résistance et s’avérerait extrêmement coûteux. Les Israéliens ont appris cette leçon lorsque leur faucon le plus belliciste, Ariel Sharon, a fui Gaza la queue entre les jambes et avec quelque 7 000 colons, sous les coups de la résistance.
Le deuxième mensonge est l’affirmation qu’Israël a rejeté les appels du Hamas pour un cessez-le-feu. Mes informations de première main indiquent que c’est le contraire est vrai. Les Israéliens ont contacté Le Caire et Doha pour leur demander de négocier une trêve, mais le Hamas et le Jihad islamique ont répondu qu’ils ne faisaient confiance à aucune assurance offerte par Netanyahu et qu’ils étaient prêts et disposés à se battre.
Netanyahu a entamé cette escalade comme un stratagème pour améliorer sa survie politique, mais il est veut maintenant désespérément un cessez-le-feu. Pas seulement à cause de la surprise des missiles de Gaza, mais aussi de la guerre civile en train d’exploser sur le front intérieur israélien – avec des citoyens palestiniens de Israël qui se soulèvent à Jaffa, Haïfa, Umm al-Fahem, Nazareth, Lydda, Ramleh, Acre, Tabaria, Beer-as-Sabaa et ailleurs, en solidarité avec Jérusalem occupée, Sheikh Jarrah et Gaza.
Cette résurgence de la résistance des deux côtés de la Ligne verte, associée à la chute dans l’oubli le plus total de la prétendue Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas, est un cauchemar pour les autorités israéliennes d’occupation. Cela marque le début de la fin du rêve sioniste de pouvoir dominer indéfiniment le peuple palestinien et finalement l’éliminer.
Ceux qui ont été trompés par cette illusion – et avec eux certains régimes arabes – feraient bien de commencer à y réfléchir.
Par Abdel Bari Atwan Rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum, Ex-rédacteur en chef de « al-Quds al-Arabi » Auteur de « L’histoire secrète d’al-Qaïda », de « Mémoires, A Country of Words », et « d’Al-Qaida : la nouvelle génération »