L’Algérie demeure, bon gré mal gré, le principal débouché du blé français à l’export. Les quantités importées par le pays ont certes été impactées par les prix des concurrents, notamment ceux de la Russie qui œuvre depuis des années à s’imposer sur le marché Algérien et le seront d’avantage cette année d’autant que les pouvoirs publics algériens travaillent à rationaliser les achats, pour limiter la facture.
D’ailleurs, Fin novembre 2019, le gouvernement avait affirmé son intention de limiter les importations annuelles de blé à 4 Mt, contre près de 6,2 Mt précédemment, pourtant ce plafond fixé a largement été dépassé, puisque en Février 2020, l’OAIC avait acheté près de 660 kt de blé d’origine française, soit près de 900 kt au-dessus de la limite d’importation que le gouvernement avait fixé.
Il est vrai qu’à la suite de problèmes de corruption, L’OAIC importait plus de céréales que nécessaire pour toucher des subventions, mais on s’attendait qu’à la suite du démantèlement de ce réseau grâce notamment à la fermeture de 45 moulins en 2019 et la mise sous-contrôle pour soupçon de corruption, le pays réussira à rationaliser davantage ses utilisations de blé tout en mettant à contribution un programme coordonnée pour optimiser la production national en céréaliculture.
Mais il semble que la faible pluviométrie enregistrée cette saison a impacté la production agricole, particulièrement la filière céréalière. De fait, la production céréalière de la campagne moisson-battage 2020-2021 devra enregistrer une baisse en raison des facteurs météorologiques, à savoir le déficit pluviométrique.
En conséquence, le pays s’est trouvé contraint de revenir sur les marchés agricoles avec l’achat de 330 kt de blé de qualité meunière sur la récolte à venir, pour chargement en juillet. Le prix (295 $/t) représente une nette augmentation par rapport au premier tender algérien de l’an dernier, qui s’était conclu à 218 $/t.
Ce volume est en majorité d’origine française, sachant que les États-Unis ont également commercialisé 318 kt de blé ces derniers jours.
Un véritable revirement de situation si l’on considère le fait que l’Algérie traitait également avec autres grands exportateurs tels que l’Argentine, le Canada et, depuis quelques temps, ceux de la de la mer dont, principalement, la Russie.
Certes, le blé russe était limité en Algérie du fait d’un seuil de dégâts causés par des insectes fixé à 0,1 % sur les cargaisons, qu’il pouvait difficilement respecter, cependant, faire passer la limite à 0,5 % permettre au blé russe de participer aux futurs appels d’offres permettant de remettre en cause l’hégémonie française.
Il importe de signaler que les prévisions concernant l’utilisation mondiale de céréales en 2020-2021 ont été relevées de 6,0 millions de tonnes par rapport à avril et s’établissent à présent à 2 783 millions de tonnes, soit une hausse de 2,7 pour cent par rapport à 2019-2020. L’augmentation découle principalement de la révision à la hausse de 4,2 millions de tonnes apportée aux prévisions concernant l’utilisation du maïs en 2020-2021, qui correspond en grande partie à une utilisation dans l’alimentation animale plus importante que prévu en Chine et aux États-Unis d’Amérique. Compte tenu de cette révision à la hausse, les prévisions concernant l’utilisation totale de céréales secondaires progressent de 3,4 pour cent par rapport à leur niveau de 2019-2020.
Par ailleurs, les prévisions de la FAO concernant les stocks mondiaux de céréales à la clôture des campagnes de 2021 ont été abaissées de 2,8 millions de tonnes et s’établissent à présent à 805 millions de tonnes, soit un recul de 2,3 pour cent par rapport à leurs niveaux d’ouverture.