Selon le journal espagnol « El Confidencial Digital », la forte probabilité de la non reconduction par le Maroc dudit contrat, rapporte, a contraint le gouvernement espagnol « à se mobiliser pour garantir l’approvisionnement à partir de l’Algérie face à une éventuelle aggravation de la crise avec Rabat ».
Cependant, selon le même média, qui cite des sources de la direction économique de l’exécutif espagnol, « l’Espagne a réussi à sauver avec l’Algérie un possible problème d’approvisionnement si une escalade de représailles à l’encontre de notre pays par le Maroc commençait ». La solution de rechange consiste à recourir au gazoduc Medgaz, qui va de Béni-Saf à Almeria à travers la Méditerranée installation détenue à 51% à Sonatrach et 49% à son partenaire espagnol Naturgy, la compagnie espagnole de distribution et commercialisation de l’électricité et du gaz.
L’Algérie est le principal fournisseur de gaz de l’Espagne, « notamment parce qu’elle dispose de deux gazoducs reliant les deux pays par lesquels transite cette matière première, ce qui rend le transport beaucoup moins cher », explique El Confidencial Digital, qui précise que Naturgy « peut utiliser Medgaz pour transporter intégralement les 10 milliards de mètres cubes de gaz qu’elle a contractés avec l’Algérie sans avoir à passer par le Maroc. »
Rappelons que Sonatrach a inauguré, il y a quelques semaines, l’extension du gazoduc EGPDF allant d’El Aricha à Beni Saf sur une distance de 197 kms. « Le projet s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités d’exportation du gaz algérien via le gazoduc Medgaz reliant l’Algérie et l’Espagne (en traversant le territoire du Maroc, ndlr), ainsi que de sécuriser l’approvisionnement en gaz de la région ouest du pays », avait indiqué le ministère de l’Energie et des Mines dans un communiqué.
Des sources diplomatiques ont confirmé à El Confidentiel Digital que le renouvellement du contrat d’exploitation du gazoduc a été compliqué par « le conflit entre Madrid et Rabat ». Selon la même source, le gouvernement espagnol a reçu des garanties de la part de l’Algérie afin que la baisse qui a caractérisé l’approvisionnement en gaz à partir du sud du pays, l’hiver dernier, ne se répète plus et évitera ainsi que le marché se tende et produise une hausse de prix.
Selon le média espagnol, une situation dont la responsabilité incombe à Sonatrach qui « vendait le gaz qu’elle devait fournir à l’Espagne à un prix plus élevé à la Chine ou au Japon, profitant du fait qu’ils subissaient également une importante vague de froid à l’époque ».
La même source ajoute que l’Espagne a, donc, obtenu l’engagement de Sonatrach de réduire les expéditions de gaz vers l’Asie tant que l’approvisionnement du système gazier espagnol n’est pas garanti, et ce, pour éviter que les tensions sur le marché déclenchent une hausse des prix.
Le journal espagnol a également mis en avant les relations tendues entre l’Algérie et le Maroc. « Les tensions politiques dans les deux pays d’Afrique du Nord conduisent l’Algérie à riposter contre le Maroc. Un scénario qui, dans ce contexte d’escalade des tensions avec Rabat, profite à l’Espagne », estime la même source, qui explique que « la question du Sahara occidental, la normalisation des liens avec l’entité sioniste et les provocations continues contribuent au tournant algérien, ce qui compliquera grandement l’approvisionnement en gaz du Maroc, le contraignant à entreprendre des projets et initiatives coûteux. »