Le Sahara occidental constituera-t-il le terrain d’un exercice militaire du commandement américain Africom en partenariat avec l’Espagne ? Le Maroc propage l’information à grande échelle, suggérant que la présence militaire américaine dans les territoires sous domination marocaine consacre la reconnaissance de Trump de la pseudo-marocanité du Sahara occidental. De leur côté, les médias israéliens abondent dans le même sens.
L’Espagne qui s’est retiré des exercices prévus porte déjà un coup sévère à l’évènement ; de même des sources militaires suggèrent que ni Rabat ni la DGED ne possèdent le moindre indice sur la zone de déroulement des exercices militaires. Le Maroc n’a aucune information concernant le déroulement des exercices militaires dans le détail. Evidemment, il trouve dans le sujet du blé à moudre pour propager ses pseudo-réussites politico-diplomatiques, mais dans la réalité, les choses ne sont pas aussi simples que ce que prétend la machine de guerre maroco-israélienne (car effectivement porté par une centaine de médias israéliens dans l’Europe et les Etats Unis).
Dans le texte d’Africom, il est dit que des exercices conjoints « African Lion 2021 » pilotés par les Etats-Unis seront menés avec des partenaires comme la Tunisie, l’Espagne et le Maroc. Mais c’est un tweet du Premier ministre marocain qui insiste sur l’endroit où doit se dérouler, à la mi-juin, les manœuvres militaires, qu’il cite nommément comme étant le Sahara occidental. La localisation du plus grand exercice annuel du commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) « marque la consécration de la reconnaissance américaine du Sahara marocain », s’est félicité le Premier ministre du Maroc Saad-Eddine El Othmani, dans un bref message publié il y a deux jours.
Selon Othmani, les lieux choisis incluent deux sites au Sahara occidental: la région de Mahbès (est), où le Polisario annonce régulièrement des bombardements ces derniers mois, et celle de Dakhla (au sud) où le Maroc compte développer un grand port atlantique.
Pour faire « grand », un graphique posté sur Twitter par Othmani mentionne un budget de 24 millions de dollars (19,6 millions d’euros), avec la participation d’une centaine de blindés, 46 avions de soutien et 21 avions de combat.
Selon le texte officiel du site Africom, l’African Lion est dirigé par l’US Army Africa (également connu sous le nom de Southern European Task Force) en tant qu’exercice multinational conjoint, tous domaines confondus, au Maroc, en Tunisie, au Sénégal et au Ghana lié à l’exercice de la série « Defender » du Commandement européen des États-Unis pour contrer les activités malveillantes dans Afrique du Nord et Europe du Sud afin d’accroître l’interopérabilité entre les partenaires américains, africains et internationaux pour défendre le théâtre contre les agressions militaires de l’adversaire.
« African Lion 21, précise le site Africom, est menée par le Commandement des États-Unis pour l’Afrique avec des alliés et des partenaires africains au Maroc, en Tunisie et au Sénégal et dans les mers environnantes du 7 au 18 juin, vise à renforcer la capacité des États-Unis et des pays partenaires à promouvoir la stabilité régionale et à soutenir l’interopérabilité.
Africom n’a pas a entériné les propos du chef du gouvernement marocain Saad-Eddine El Othmani qui a indiqué que les exercices militaires américano-marocains « African Lion 2021 », prévus du 7 au 18 juin courant, auront lieu en partie dans le désert du Sahara occidental occupé. Le porte-parole de l’Africom, le colonel Christopher Karns, a déclaré que les exercices se dérouleront « à travers le Maroc, de la base aérienne de Kenitra, au Nord, à Tan-Tan et au complexe d’entrainement de Guerir Labouhi au sud », soit dans les frontières internationalement reconnues du royaume, excluant les territoires sahraouis occupés.
De son côté, une porte-parole du Commandement central de l’Africom, Bardha Azari, a affirmé mardi à l’agence de presse espagnole (EFE) que les exercices s’étendent « de la base aérienne de Kénitra, au Nord, aux zones d’entrainement de Tan-Tan et Guerir Labouhi au Sud ». « Il n’y aura pas de manœuvres conjointes au Sahara occidental dans le cadre des manœuvres ‘African Lion 2021’ auxquelles des forces américaines participeront », a déclaré, pour sa part, le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek. « Elles vont se dérouler au sud du territoire marocain et à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du Maroc », a-t-il assuré.
Deux revers en une seule journée, que le Maroc n’est pas prêt d’oublier de sitôt. En espérant gagner sur tous les tableaux, il a lui-même creusé sa tombe et démontré toutes les limites de sa « diplomatie de la corruption ».