La campagne pour les élections législatives tire à sa fin. Dans l’ensemble, elle s’est déroulée dans une atmosphère calme et apaisée qui contraste avec la campagne pour les présidentielles du 12 décembre 2019, marquée, comme on s’en souvient, par de nombreux incidents. Cet apaisement, il faut le dire, est une avancée notable dans les mœurs électorales post-Bouteflika où la violence s’est imposée comme seule logique d’expression.
Certes, les candidats subissent encore toutes sortes de pressions, ils font l’objet d’insultes de sarcasmes et d’anathèmes de toutes sortes de la part des partisans du boycott ; certes, les candidats sont empêchés encore dans certains endroits, comme c’est le cas en Kabylie, de tenir leur meetings ou leurs rencontres de proximité ; mais le fait est là, le niveau de violence anti-électorale a baissé de manière notable durant cette campagne.
Ceci s’explique d’abord par le fait que le Hirak actuel n’est pas de la même pâte et de la même ampleur que celui de 2019, ensuite par le fait que les pouvoirs publics ne badinent plus dans l’application de la loi en cas de constat de tout dépassement. En effet en 2019, le Hirak faisait bloc uni et n’avait d’autres prétentions que celles d’offrir à l’Algérie un nouvel système de gouvernance basé sur la séparation et l’équilibre des pouvoirs, maintenant le Hirak est traversé par des courants idéologiques qui tentent de se l’approprier et s’entre-déchirent entre eux-publiquement. En 2019, des citoyens à visages découverts saccagent des urnes, volent des bulletins, agressent des candidats sans être inquiétés le moins du monde, ce qui n’est pas le cas actuellement ou toute atteinte à l’opération de vote sera sévèrement sanctionnée d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à 20 ans.
C’est une réalité indéniable, la violence dans les élections tend de plus en plus à céder le pas devant l’argument ! Personne n’a le droit de forcer un citoyen à aller aux urnes, mais personne n’a également le droit de l’empêcher d’y allé. Outre le fait que cette campagne a montré que la logique de violence commence à s’atténuer, elle a montré aussi comme, l’a souligné le ministre de la communication, Porte-parole du gouvernement, que la logique de la Chkara et des dépenses excessives en usage naguère, est en phase d’être totalement enterrée. Petit à petit, l’édifice institutionnel se reconstruit loin de la chakra, du système des quotas et des cooptations et les regards sont d’ores déjà braqués sur les élections locales qui auront lieu avant la fin de cette année.