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Il a déclaré la zone frontalière avec l’Algérie « zone militaire »: Pour qui roule les « contras » de Haftar ?

La chaîne « Libya Al-Hadath » a rapporté, samedi dernier, que la milice du maréchal Khalifa Haftar a déclaré la frontière avec l’Algérie « zone militaire fermée » dans laquelle les déplacements sont interdits.

La chaîne proche de la milice de Haftar a publié des images montrant le déploiement d’un grand nombre de véhicules et de pick-ups armés de mitrailleuses de la « 128e brigade », relevant de la milice de Haftar, mobilisée à la frontière libyo-algérienne, sans donner de plus amples détails.

Le site électronique « Elânlibya » a rapporté que des hommes armés de la milice de Haftar ont pris le contrôle d’un poste frontalier avec l’Algérie.

Voilà des informations qui font du souci au voisin algérien, au moment où celui-ci avait annoncé en grandes pompes l’ouverture du point de contrôle de Deb Deb. L’embellie économique algéro-libyenne n’avait pas plu. Le retour de Sonatrach et de Sonelgaz chez les Libyens avait nourri des craintes. La reprise en main du dossier libyen par l’Algérie semble avoir embarrassé beaucoup de parties, celles-là mêmes qui « managent » le maréchal Haftar.

Mais en fait pour qui roule le maréchal Khalifa Haftar et ses « contras » ? 

Voilà une question  qui a été posée et à laquelle ont répondu les faits, non pas les paroles. Haftar c’est l’homme de tout le monde, pourvu qu’on paye et qu’on le promeut personnage important dans une Libye qui ne cesse de le rejeter. Emiratis, Russes, Israéliens et l’Otan ont, à un moment ou un autre, manipulé Haftar, même pour se retourner contre son mentor, le Guide Kadhafi. 

En fait, n’ayant pas l’appui des Libyens, qui le rejettent depuis une décennie déjà, le général libyen renégat, Khalifa Haftar, recourt aux bandes rebelles et aux milices accusées d’avoir perpétré un génocide ainsi qu’aux mercenaires étrangers « managés » par la Russie (des Syriens, en fait) pour combler le manque généré dans ses forces. Pour atteindre Tripoli, son obsession de toujours, il est prêt à s’allier à tous les diables de la planète.

La compagnie sécuritaire « Black Shield», relevant des Emirats Arabes Unis, considérés comme un des principaux soutiens de Haftar, aux plan militaire, financier et politique, a embauché des soudanais en leur promettant de travailler au sein de compagnies sécuritaires aux Emirats. Mais il y a aussi des Tchadiens et des Nigériens, ainsi qu’une minorité de Maliens, ramassés dans le Fezzan, qui font partie de ses troupes de mercenaires.

Des informations ont été publiées sur l’augmentation de l’activité de la Russie pour le transfert de mercenaires vers la Libye, plus précisément, depuis les zones soumises au contrôle du Régime d’al-Assad en Syrie.

Selon des sources locales, la Russie, qui soutient al-Assad, a accéléré l’opération d’appui des rangs de Haftar en Libye par de nouveau mercenaires ramenés de Syrie. ,Selon le très informé site « Anadolu », Moscou a envoyé quelque vers la Libye, 300 mercenaires qui évoluaient dans les zones contrôlées par le régime d’al-Assad à Deir ez-Zor (est). Il s’agit de combattants dans les rangs des milices baptisées « Fatimiyoun » (Fatimides), « Zeinebiyoun » et « Liwa’ al-Quds » (Le régiment de Jérusalem) relevant de l’Iran, parallèlement aux éléments des « Chabbiha » en contrepartie d’un salaire mensuel oscillant entre mille et 1500 dollars (USD).

Ces mercenaires comptent des combattants en provenance d’Iran et d’Afghanistan. Ils sont transférés dans un premier temps aux bases russes dans la province syrienne de Lattaquié pour les entraîner avant de les envoyer pour combattre dans les rangs des milices de Haftar.

De plus, Haftar bénéficie des « services » des madkhalis, zélés combattants locaux imbus des thèses politico-théologiques du wahhabisme saoudien. Ceux-ci interdisent la contestation du chef, et Haftar, on ne sait pas quel tour de passe-passe théologico-politique, a été promu « chef », donc référence religieuse. 

Honni par son peuple, manipulé par les stratégies des puissances

On s’en souvient, le maréchal autoproclamé Khalifa Haftar n’étant pas parvenu à prendre Tripoli défendue par la Turquie, Emmanuel Macron a déclaré que la Turquie « joue un jeu dangereux ». Le politologue français Gilles Munier, auteur du livre « Les Espions de l’or noir », nous affirmait récemment que Macron avait appelé à la cessation des ingérences étrangères dans le pays et qu’il en allait de « l’intérêt de toute la région et même de l’Europe ».

« Or, la France, dit Munier, participe – avec l’Egypte, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis, la Russie… et Israël – aux ingérences qu’elle dénonce en soutenant Haftar, homme fort de Cyrénaïque, diplomatiquement et militairement ».

De toute évidence, la guerre en Libye n’aura pas de solution militaire. L’Algérie qui pourrait être déstabilisée si le conflit en Libye s’envenime, a raison de militer pour une « solution politique négociée » sous l’égide de l’ONU, précise Munier. Elle n’a pas intérêt à s’immiscer militairement dans le chaos libyen autrement qu’en offrant l’appui de sa diplomatie… si les parties en conflit le lui demandent ».

Cette initiative illustre une fois de plus le morcellement du pouvoir en Libye où le gouvernement d’union nationale, soutenu par la communauté internationale ne parvient pas à réduire l’opposition de l’Armée nationale libyenne (ANL) emmenée par Khalifa Haftar.

Le point de situation 

Après avoir échoué l’année dernière à s’emparer de Tripoli au terme d’une offensive longue de 14 mois, l’ANL s’est remobilisée, menaçant les chances du gouvernement d’union nationale de prendre le contrôle sur l’ensemble d’un territoire sur lequel opèrent de nombreux groupes armés.

Cette annonce intervient à l’issue du lancement jeudi par la milice de Haftar d’une opération militaire dans le sud de la Libye, pour traquer selon ses dires les « terroristes takfiristes », allusion à Al Qaïda et l’Etat islamique, pour trouver un « bon angle d’attaque » vis-à-vis des puissances occidentales.

Jusqu’à hier, aucun commentaire officiel n’a été émis à ce sujet par la milice de Haftar, ni par le Conseil présidentiel libyen qui assure le commandement suprême de l’armée.

En mai 2014, les autorités algériennes ont fermé les postes frontaliers terrestres avec la Libye pour barrer le chemin à toute incursion des groupes terroristes armés.

Bien que la milice de Haftar ait salué l’élection de l’autorité intérimaire, le général Khalifa Haftar continue d’opérer indépendamment du gouvernement légitime et dirige une milice armée, en s’autoproclamant « commandant en chef de l’armée libyenne », faisant peu de cas du commandant suprême de l’armée et président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Al-Manfi.

Le mois dernier, le Conseil présidentiel avait mis en garde contre des « actions militaires unilatérales » qui « risquent de raviver le conflit et entraver le processus politique » dans le pays, sur fond de l’organisation d’une parade militaire par la milice de Haftar dans la ville de Benghazi (est).

Selon les observateurs, les récentes mobilisations de Haftar dans le sud de la Libye et à Benghazi sont un pas en avant pour mobiliser les troupes et se mettre sur le devant de la scène après la défaite de ses milices à Tripoli et une tentative pour contrôler le sud du pays.

Les démarches de Haftar interviennent également, à quelques jours de la Conférence de « Berlin II » sur la Libye, prévue le 23 juin, qui discutera des prochaines étapes nécessaires pour parvenir à une stabilité durable dans le pays, établir un cessez-le-feu et préparer les élections générales prévues pour la fin de l’année courante.

La Libye a enduré pendant des années un conflit armé. Avec le soutien de pays arabes et occidentaux, la milice du général à la retraite, Khalifa Haftar, composée de mercenaires et de combattants étrangers, disputait à l’ancien gouvernement libyen, internationalement reconnu, la légitimité et l’autorité sur le pays.

Une sortie de crise se profile en Libye depuis que le gouvernement d’unité nationale et le nouveau Conseil Présidentiel ont pris leurs fonctions le 16 mars 2021, pour conduire le pays aux élections législatives et présidentielle prévues le 24 décembre prochain. D’où les soupçons que cette énième incusrion de Haftar n’a d’autre objectif que celui de parasiter la solution politique qui se profile en Libye. On peut aisément deviner les principaux bénéficiares…

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