L’exploitation économique des mineurs en Algérie fera l’objet prochainement d’une étude de terrain sur l’ensemble du territoire national. Cette étude qui sera menée conjointement par l’Organe national de protection et de promotion de l’enfance (ONPPE) et le Bureau du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Algérie donnera plus de visibilité sur ce phénomène que les chiffres officiels le concernant ne convainquent pas grand monde. En effet, depuis des années, les pouvoirs publics ne cessent d’affirmer que le taux du travail des mineurs en Algérie ne dépasse pas les 0, 5 % du total des travailleurs des lieux de travail contrôlés.
Quand on sait les conditions dans lesquelles se réalisent souvent dans notre pays ces contrôles, on ne peut que donner raison aux observateurs qui remettent en cause ces statistiques qui ne reflètent que marginalement la réalité. Il suffit de faire à l’improviste un tour dans les chantiers du bâtiment, dans les exploitations agricoles, dans les marchés pour se rendre compte de la légèreté de ces chiffres.
D’ailleurs, rien qu’en sachant que ces statistiques ne prennent pas en considération les petits vendeurs sur les abords de la route et ceux exploités dans la mendicité, cela suffit à expliquer leur approximation et leur imprécision. On ne sait pas l’intérêt de cette tendance à minimiser ce phénomène alors que tout le monde sait qu’il est bien réel en Algérie et qu’il prend à la faveur du rétrécissement du pouvoir d’achat des familles, des proportions préoccupantes.
Malgré l’existence d’une généreuse réglementation portant sur la protection des enfants de toute sorte d’exploitation, malgré que l’emploi des enfants de moins de 16 ans soit sévèrement puni par la loi, les mineurs travaillent de plus en plus en Algérie et parfois avec la bénédiction et les encouragements de leurs parents. C’est un sérieux phénomène qu’il faut prendre au sérieux.
Il ne sert à rien de le minimiser ni de le grossir. Seules des statistiques fiables établies avec minutie et probité et ne se limitant pas seulement au cadre organisé mais également à l’informel, peuvent nous montrer l’étendue de ce phénomène. Car on ne peut pas résoudre une équation sans connaître ses éléments. L’étude qui sera lancée le 15 juillet prochain à l’occasion de la Journée nationale de l’enfant, loin des approches approximatives et légères adoptées jusque-là sera l’occasion de cerner ce phénomène dans sa globalité et prendre des mesures spéciales pour y lutter efficacement !
Zahir Mehdaoui