L’Algérie, terre des civilisations et confluents des empires, a vu défiler sur son sol les byzantins, les romains, les vandales, les arabes, les ottomans, les Espagnols et les français. Hormis les vandales ostrogoths, qui n’avaient aucune intention de construire, mais, comme leur nom, devenu, péjoratif, l’indique, faisaient comme les Tatars avant eux : terroriser les populations par la destruction de tout ce qu’ils trouvaient sur leur passage, toutes les autres nations y ont laissé une production artistique et urbanistique encore visible aujourd’hui dans les villes du littoral, la Calle, Skikda, Bejaïa, Dellys, Alger, Cherchell et Oran.
Ces « patrimoines partagés » déteignent à ce jour sur la vie des citoyens. On construit une ville et on s’y identifie. Comme ce sont les constructions les plus récentes qui s’élèvent encore, c’est le patrimoine français hérité de l’ère colonial qui est encore présent parmi nous. Mais attention, les Français avaient copié autant que possible le style mauresque hérité de l’Espagne andalouse ; et même plus tard, entre 1870 et 1930, ce furent les mêmes motifs décoratifs, les mêmes bâtiments et le même style arabo-musulman qui fut copié par les grands noms de l’architecture, comme Le Corbusier et Pouillon, en y introduisant les inventions et les techniques modernes.
Cet héritage est aussi le vestige d’une période délicate de l’histoire du pays. Et la valeur d’usage qui lui est associé ne perturbe pas la sérénité de l’Algérie outre mesure, une terre d’accueil qui a toujours su s’orner des magnificences du passé.
PATRIMOINE MENACÉ PAR L’USURE ET LA MANQUE D’ENTRETIEN
Mais au cours des vingt ou trente dernières années, le temps, l’usure, l’humidité du littoral, la négligence, la surexploitation, les transformations maladroites et une succession de catastrophes naturelles ont gravement altéré ou partiellement détruit ce patrimoine. Même si des tentatives de réhabilitation sont entreprises çà et là, des ravalements de façades menés épisodiquement sur les grands édifices urbains, de sérieuses menaces persistent ; le cas de la Casbah d’Alger est probablement l’exemple le plus connu et le plus révélateur.
Mais il y a aussi, à l’est et à l’ouest du pays, d’autres exemples malheureux. La détérioration des édifices publics hérités de l’époque coloniale arrivera au terme de sa vie urbanistique dans dix, vingt ou cinquante ans. Les techniques architecturales modernes permettent aujourd’hui d’en rallonger la vie. Mais le coût est onéreux et pose problème.
LES SOS DES ARCADES DE SKIKDA
Comme pour Alger ou Oran, les arcades de la ville de Skikda posent ce problème en termes d’urgence. Au fil du temps et malgré les tentatives de réhabilitation qui ont été menées par le passé, les « grands arcs » qui ornent les rues de la vieille ville de Skikda, ont subi une détérioration remarquable. Une situation alarmante pour ce patrimoine historique qui constitue le charme et l’identité urbaine de la ville.
Le manque d’entretien fait aussi que des lézardes apparaissent sur les murs, mettant en danger la solidité de l’immeuble. Des fissurations sont visibles notamment au niveau des appuis des fenêtres et des balcons. L’état des plafonds, endommagé et à moitié détruits, menacent également la sécurité des passants. La façade extérieure est dans un état de délabrement avancé, gagnée par l’usure, mais aussi par les effets du climat et de l’humidité. Un décollement de peinture et de dégradation de plâtre sont visibles à l’œil nu sur différents murs.
Pour consolider les arcs et éviter l’effondrement du plafond des étais ont été installés, occasionnant de ce fait une gêne à la circulation des passants. Cet état de fait rend la réhabilitation de ces constructions une urgence, avant que la situation ne devienne périlleuse.
Selon les urbanistes, la restauration des arcades en état de vétusté nécessite du temps et de l’argent, mais surtout une main d’œuvre qualifiée, spécialisée dans la construction patrimoniale. La majorité des arcades en Algérie sont héritées de l’époque coloniale. Les origines de ces constructions remontent à l’architecture mésopotamienne, et constituent également l’une des caractéristiques de l’architecture romaine, grecque antique et musulmane, comme on peut encore l’observer de nos jours en Andalousie. C’est en fait la « marque de fabrique » de l’urbanisme méditerranéen.
La restauration de ces vieilles bâtisses de Skikda s’avère à la fois urgente et primordiale pour la pérennité de cet héritage culturel et architectural qui constitue l’une des parties la plus attractive de la ville. La réhabilitation du vieux bâti à Skikda a été estimée à 1,5 milliard de DA pour le plus important projet lancé en 2016. Après des études menées par des experts en urbanisme, des fonds ont été levés, mais étaient très insuffisants, aboutissant à une série de travaux arrêts de travaux qui ont obstrué toute avancée sérieuse dans ce sens. Le projet de réhabilitation du vieux tissu urbain de Skikda représente l’un des plus importants projets de développement local inscrit au titre de l’exercice 2016, nécessitant une enveloppe financière de 1,5 milliard de DA.
Les travaux de rénovation des habitations anciennes, implantées au cœur de Russicada, ont été scindés en vingt-quatre lots et visent à réhabiliter les anciennes demeures de la ville historique, dont la majorité date de l’époque coloniale. On s’en souvient, l’opération de restauration a été confiée à un groupement algéro-espagnol constitué du Centre de contrôle technique de l’Est et du bureau d’études ibérique «Aquidos», qui s’est inspiré, dans son étude, de l’archétype adopté pour la restauration des vieilles demeures de Barcelone (Espagne). Pour ce faire, ce bureau espagnol a recouru à des techniques numériques ultra-modernes, visant à établir un «diagnostic exhaustif» de l’état de délabrement du vieux bâti de la rue Didouche Mourad, communément appelée les arcades, et ce, en prenant en considération les expertises techniques effectuées durant les années 1990 et celles relatives aux années 2007 et 2011, afin de mener à bien ce projet auquel le gouvernement accorde une extrême importance.
PROBLÈMES COMMUNS, SOUCIS COMMUNS
L’architecture islamique englobe un large éventail de styles laïques et religieux depuis les débuts de l’Islam jusqu’à nos jours. Ce qui aujourd’hui est connu sous le nom d’architecture islamique a été influencé par les terres romaines, byzantines, persanes et toutes les autres terres conquises par les musulmans aux VIIe et VIIIe siècles.
Plus à l’est, il fut également influencé par l’architecture chinoise et indienne alors que l’Islam s’étendait à l’Asie du Sud-Est. Il a développé des caractéristiques distinctes sous la forme de bâtiments, et la décoration des surfaces avec la calligraphie islamique et l’ornement à motifs géométriques et entrelacés.
Les principaux types architecturaux islamiques pour les grands bâtiments publics sont: la mosquée, le tombeau, le palais et le fort. De ces quatre types, le vocabulaire de l’architecture islamique est dérivé et utilisé pour d’autres bâtiments tels que les bains publics, les fontaines et l’architecture domestique.
Du huitième au onzième siècle, les styles architecturaux islamiques ont été influencés par deux traditions anciennes différentes: La tradition gréco-romaine: En particulier, les régions de l’Empire byzantin nouvellement conquis (Anatolie du sud-ouest, Syrie, Egypte et Maghreb) ont fourni des architectes, des maçons, des mosaïstes et d’autres artisans aux nouveaux dirigeants islamiques.
Ces artisans ont été formés à l’architecture et aux arts décoratifs byzantins, et ont continué à construire et à décorer dans le style byzantin, qui s’était développé à partir de l’architecture hellénistique et romaine antique.
Tradition orientale: La Mésopotamie et la Perse, malgré l’adoption d’éléments de style représentatif hellénistique et romain, ont conservé leurs traditions architecturales indépendantes, dérivées de l’architecture sassanide et de ses prédécesseurs.
MAGHREB ET ESPAGNE ISLAMIQUE
Le processus de transition entre l’Antiquité tardive, ou post-classique, et l’architecture islamique est illustré par les découvertes archéologiques en Syrie du Nord et en Palestine, le Bilad al-Sham des dynasties omeyyades et abbassides.
Dans cette région, les traditions architecturales de l’Antiquité tardive, ou chrétiennes, ont fusionné avec l’héritage arabe pré-islamique des conquérants. Des recherches récentes sur l’histoire de l’art et de l’architecture islamiques ont révisé un certain nombre d’idées colonialistes. Plus précisément, les questions suivantes font actuellement l’objet de discussions renouvelées à la lumière des découvertes récentes et des nouveaux concepts de l’histoire culturelle: Dans le domaine de l’art et de l’architecture, la montée de l’islam est perçue comme un processus de transformation continu allant de l’Antiquité tardive à la période islamique.
Les concepts modernes tendent à considérer la transition entre les cultures comme un processus sélectif d’appropriation et de transformation informées. Les Omeyyades ont joué un rôle crucial dans ce processus de transformation et, partant, d’enrichissement des traditions architecturales existantes, ou, plus généralement, de la culture visuelle de la société islamique naissante.
Le système d’arcades à double arcades de la mosquée-cathédrale de Cordoue est généralement considéré comme dérivé d’aqueducs romains comme l’aqueduc voisin de Los Milagros. Les colonnes sont reliées par des arcs en fer à cheval, et soutiennent des piliers de briques, qui sont à leur tour reliés entre eux par des arches semi-circulaires soutenant le plafond plat de charpente.