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Déficit d’encadrement et de ressources humaines qualifiées dans tous les secteurs: Et si on rappelait les compétences mises à la retraite ?

Au Japon, pays hyper développé, une entreprise commerciale qui entamait une courbe descendante en matière de ventes, a rappelé l’ancien personnel d’encadrement mis à la retraite, pour d’abord, dresser un état des lieux, et étudier, ensuite, les moyens de circonscrire les indicateurs en rouge, et opérer, enfin, le redressement attendu. Aussitôt réembauchés, les résultats ont été vite palpables sur le marché.

En Algérie, à une échelle plus élevée, c’est le même phénomène qui se profile. Les compétences mises à la retraite n’ont pas été remplacées, la relève tarde à prendre forme, et les résultats s’en ressentent. 

Le monde universitaire se plaint de ce déficit scientifique ; les meilleurs cadres font le bonheur des pays européens et nord-américains. Et il n’est que de voir le niveau des nouveaux diplômés universitaires pour se convaincre que le mal est profond. Le monde médical connait les mêmes déficits. 120 000 médecins algériens, blasés par un quotidien monotone et des problèmes six à la douzaine, ont plié bagages pour aller exercer dans les meilleurs hôpitaux français, américains, canadiens, etc. 

La planification est un domaine qui devait s’accaparer les meilleures « têtes » du pays, puisque comme son appellation l’indique, ce secteur important planifie, dirige, prévoit, définit et se projette dans l’avenir. Le déficit en experts en gestion des crises est alarmant. Il a fallu une année « sèche » pour constater que les barrages sont presque vides, générant en même temps un rationnement de l’eau et une crise sociale. Pourtant le stress hydrique était là depuis une année, un temps largement suffisant pour analyser les données, lancer des plans de rechange et donner l’alerte. C’est une étude qui se fait normalement à longueur d’année, avec une analyse, des prévisions, des calculs, des paramètres, pour, enfin, aboutir à un rapport circonstanciel détaillé avec la précision d’un métronome.

Au milieu des années 1990, les prêts consentis par le Fonds monétaire international (FMI) à l’Algérie étaient assortis de conditions, dont la nécessité de mettre fin à une industrie naissante, sous prétexte de non rentabilité, et de mettre à la retraite les cadres. C’est ainsi que des milliers de cadres hyper-compétents ont été remercié et mis à la retraite (anticipé). L’Algérie venait de perdre brutalement ses meilleurs masters. Une grande partie de ceux-ci sont partis en Europe et au Machrek où ils ont fait les beaux jours de ces pays.

Dans le même temps, les entreprises industrielles publiques qui peuplaient la zone industrielle de Sidi Moussa avaient périclité et, peu à peu, fermé les portes au nez de plus de 30 000 salariés, lesquels faisaient tourner la machine de production de ces entreprises industrielles prometteuses. 

Le secteur des métaux et des non ferreux est un des secteurs économiques les plus rentables en Algérie. Naguère, une entreprise comme l’ERWA, chargée de la collecte et du tri des métaux avant leur exploitation et leur commercialisation à l’international, roulait pratiquement sur de l’or. Avec la mise à la retraite des anciens trieurs de métaux, la spécialisation a rabougri, la profession a dépéri, et au final, l’entreprise s’en est ressenti à son préjudice. Les anciens reconnaissaient d’en mille autres métaux, le cuivre, le laiton, l’aluminium, le bronze, etc. Ceux-ci étaient exportés par groupe de métaux et se vendaient très cher. Les successeurs n’ont pas cette qualification pour distinguer les différents métaux et tout est mis avec les métaux, qui se vendent moins bien que le bronze et le cuivre, par exemple. Conséquence, on perd un argent fou par manque de qualification.   

Les secteurs qui offrent encore aujourd’hui du travail en Algérie, l’agriculture, les Travaux publics et le Bâtiment, sont confrontés à un manque de main d’œuvre qualifiée et un encadrement de haut niveau. Résultat, ce sont les Chinois, les Subsahariens et les Maghrébins qui font le travail. Nos jeunes, surtout ceux nés et grandis dans les grandes agglomérations urbaines, préfèrent un travail « clean », agent de sécurité de préférence. 

Le secteur des médias est un de ses secteurs les plus touchés par l’absence d’une relève de qualité. Ce qui peut, en partie, pas totalement, expliquer le niveau affligeant de ce vous lisez, écoutez et regardez sur la presse papier et les médias lourds. Pour les nouveaux journaux ou les sites Internet en langue française, le constat est plus amer : on ne trouve pratiquement plus de journalistes francophones qui maitrisent leur métier et possèdent les outils de leur travail, la langue française et l’information puisée dans un bon carnet d’adresse. Mauvais bilingues, un peu moins en arabe qu’en français ; pourtant, en ces temps de récession économique et de crise de l’emploi, c’est une véritable aubaine qui se présente aux jeunes diplômés, pourvu qu’ils aient un minimum d’aptitudes. 

Résultat : le journalisme en Algérie périclite ; et c’est un mauvais signe, pour la presse elle-même, comme pour la société ; et même pour les autorités, qui ont toujours besoin d’éclairages indépendants et sérieux, loin de la cohorte de conseillers, bon ou mauvais. L’école, le lycée et l’université ne forment plus désormais que des arabophones, de piètre qualité de surcroit. Le style, le vocabulaire, les tours, la poésie langagière sont rudimentaires. Mauvais en arabe, nuls en français. Pourtant, sur les CV on lit des merveilles. Mais aussitôt mis à l’essai, le candidat est confondu : le ramage ne correspond pas au plumage. 

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