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Les pénuries alimentaires touchant des produits de première nécessité fragilisent Saïed

En dépit des pressions venues de l’étranger et de plusieurs organisations de la société civile, le président tunisien, Kaïs Saïed, n’avait toujours pas désigné de nouveau chef de gouvernement, samedi 31 juillet au matin. Après avoir congédié le précédent tenant du poste, Hichem Mechichi, et suspendu les travaux du Parlement, le 25 juillet, le chef de l’Etat s’en est tenu jusqu’ici à nommer Ridha Gharsallaoui, l’un de ses anciens conseillers sur les questions de sécurité, pour gérer le ministère de l’intérieur.

Limogeages et atermoiements inquiétants

Si ses mesures ont été plutôt saluées, au sein de la population – selon un sondage du cabinet Emrhod Consulting, près de 87 % des Tunisiens le soutiennent –, ces atermoiements, ajoutés aux limogeages qui se poursuivent dans plusieurs cabinets ministériels, commencent à susciter l’inquiétude. « Il prend certainement son temps pour trouver la bonne personne ; les cohabitations passées n’ont pas réussi », interprète une ancienne membre de son cabinet.

Le peu d’information qui filtre du palais présidentiel alimente les rumeurs. Ainsi la première arrestation d’un député vendredi, consécutivement à la levée de l’immunité parlementaire, a-t-elle généré un certain émoi. Yassine Ayari, fondateur du mouvement Espoir et travail, avait vilipendé le « coup d’Etat » de la présidence dans un statut Facebook le 28 juillet, brandissant la menace d’une « monarchie populiste militaire ».

Le procureur général de la justice militaire a fait savoir, en fin de soirée vendredi, que Yassine Ayari n’était pas incarcéré pour ce motif, mais en exécution d’un jugement définitif de justice rendu par la cour d’appel militaire le 6 décembre 2018 pour des propos injurieux tenus contre l’armée. Il doit purger deux mois de prison. Sur les réseaux sociaux, certains Tunisiens ont exprimé leur crainte d’un retour à la répression. « Ce n’est pas à mon âge que je vais commencer une carrière de dictateur », s’est défendu Kaïs Saïed vendredi, au cours d’une rencontre avec des journalistes du New York Times.

Opération mains propres

Ces derniers jours ont été aussi marqués par le lancement d’une opération mains propres. Mercredi, le chef de l’Etat a fustigé ceux qui ont « pillé l’Etat » pendant la dictature et qui lui doivent « 13,5 milliards de dinars » (4 milliards d’euros). M.  Saïed a pointé du doigt 460 hommes d’affaires corrompus sur la base d’un ancien rapport d’une commission d’enquête sur les malversations survenues sous l’ancien régime de Zine El-Abidine Ben Ali. Selon le président, les hommes d’affaires incriminés devront réinvestir un pourcentage de l’argent spolié dans des projets, des écoles, des hôpitaux ou dans les régions défavorisées du pays pour espérer obtenir l’abandon des poursuites judiciaires à leur encontre.

En face, le parti islamo-conservateur Ennahda, principale cible du coup de force du président, poursuit sa campagne médiatique pour se poser en garant de la démocratie. Rached Ghannouchi, leader du parti et président du Parlement, a assuré au journal italien Corriere della Sera que « la situation pourrait devenir chaotique » dans le pays et que 500 000 migrants tunisiens pourraient arriver sur les côtes italiennes si le président ne revenait pas sur ses décisions.

Les pénuries fragilisent le Président

La Tunisie est confrontée à des pénuries alimentaires et à la hausse des prix qui touchent certaines denrées de première nécessité, à l’instar de l’huile végétale. Alors que les prix ne cessent d’augmenter et que l’inflation s’élève à 5,5 %, le président tunisien Kaïs Saïed a averti qu’il poursuivrait tous ceux qui spéculent sur ces produits.

Alors que la Tunisie est toujours dans l’attente d’un nouveau Premier ministre, le président Kaïs Saïed tente de s’attaque aux pénuries et à la hausse des prix qui touchent certaines denrées alimentaires. Parmi elles, l’huile végétale utilisée quotidiennement par de nombreux Tunisiens au quotidien, et qui a fait l’objet de spéculations de la part de grands distributeurs.

Dans une épicerie du centre de Tunis, Imad attend toujours d’être livré en huile. « Ça fait deux mois qu’on n’a pas reçu d’huile subventionnée », dit-il au micro de France 24. « On nous a dit que c’est un problème d’importation, et même avant, on ne nous livrait que des petites quantités. »

À la place, Imad propose une huile non subventionnée, disponible, mais trois fois plus chère. « Quand je cherche de l’huile, ils me disent qu’ils n’en ont pas », déplore une cliente. « C’est seulement si je suis une cliente fidèle qu’ils m’en vendent. C’est pareil avec le sucre, avec les tomates… Pourquoi, pourquoi ? »

En finir avec la corruption

Ces dernières années, les prix n’ont cessé d’augmenter en Tunisie, et l’inflation s’élève à 5,5 %. En cause, des grands distributeurs qui stockeraient des marchandises pour faire gonfler les prix. « On a tout le temps le même problème, le bateau arrive au port et n’est pas déchargé, ce qui crée de la pénurie alors qu’il y a beaucoup de demande », explique Ramzi, grossiste.

Le président tunisien a averti qu’il poursuivrait tous ceux qui spéculent sur les produits de première nécessité. Entre soutien politique et coup de communication, depuis vendredi, Souhaeil, restaurateur, affiche des promotions sur toute sa carte. « Les produits qu’on achète sont chers, mais après la déclaration du président, on a fait 10 % de réduction », dit-il. Une action initiée « pour que le peuple vive et surtout que nos clients soient contents », ajoute-t-il.

Sur les réseaux sociaux, ces initiatives se multiplient, avec un espoir : en finir avec la corruption qui ronge le pays.

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