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Gaz algérien: Rabat peut bien s’en mordre les doigts

 Le projet du gazoduc Nigeria-Maroc, prévu pour contrer l’hégémonie gazière de l’Algérie, prend l’eau de tous les côtés. Le Maroc avait, rappelez-vous en, en 2017-2018, initié son fameux Gazoduc Afrique Atlantique. Le projet s’imbriquait en fait dans une logique marocaine de nuisance qui n’a pas fonctionné comme prévu. Les partenaires du Maroc se retirent sur la pointe des pieds. Le risque est trop grand, les résultats aléatoires, le coût faramineux et le problème du Sahara occidental, Etat sur le sol duquel passe l’avant-dernier tronçon du projet, menace de représailles quiconque foule illégalement ses terres. Tous ces aléas font qu’aujourd’hui, le gazoduc Maroc-Nigéria relève de l’utopie pure. 

   Le gazoduc Afrique atlantique est un projet de gazoduc défendu notamment par le Maroc. Son objectif était de se mettre en concurrence avec le projet de gazoduc trans-saharien que soutient l’Algérie. L’un et l’autre visent à ouvrir de nouveaux marchés au gaz nigérian.

Le projet s’inscrit dans la stratégie africaine du Maroc, qui mène depuis quinze ans une vaste offensive politique et économique sur le continent : depuis 2000, le roi y a fait 51 visites, dont près de la moitié en Afrique de l’Ouest. Son objectif ? Faire reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et développer l’influence du royaume, qui veut s’affirmer comme une puissance régionale et vient de réintégrer l’Union africaine après trente-deux ans d’absence.

 Le Maroc est allé jusqu’a faire une large promotion de son supposé soutien au maintien du gazoduc Maghreb Europe (GME), exprimé récemment par le Makhzenn via un haut responsable marocain, ce à quoi Alger a répondu que le fait relevait du « pur mensonge ».

   Pourtant grand gagnant du gazoduc par la seul faveur du « droit de passage, le Maroc s’était lancé dans le projet de construction d’un improbable gazoduc sous-marin contournant la côte ouest de l’Afrique, reprenant initialement le tracé du gazoduc ouest-africain, mais d’une capacité bien supérieure à celui-ci. Il connecterait l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest jusqu’au Maroc, et en fin de course une partie du gaz serait exportée vers l’Europe. Le gazoduc créerait un marché ouest-africain du gaz naturel, permettant aux pays de la région d’accéder à ce combustible, et de valoriser leurs réserves pour ceux qui en possèdent (même si le gros de l’approvisionnement serait nigérian). Ce projet se heurte à des difficultés techniques, financières et géopolitiques, comme la question du Sahara occidental. Un protocole d’accord a été certes signé entre le Maroc et le Nigeria en mai 2017, mais depuis lors, le projet demeure en l’état…de projet.

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