Le président français a exprimé hier, sur le jour le souhait d’un « apaisement » entre la France et l’Algérie, tandis qu’Alger a rappelé son ambassadeur en marge de crise diplomatique entre les deux pays. « Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux de se parler, d’avancer », a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien à France Inter.
Retournement de situation ? Apaisement dans un contexte électrique à couper au cutter ? Réflexion engagée sur ce qu’une crise ouverte générera en termes de pertes sur plusieurs plans ? Ou tout cela à la fois ?
En fait, la crise n’a pas été le fait d’un seul fait, mais est le résultat de plusieurs actions cumulées. Avant les déclarations pour le moins impromptues et saugrenues proférés par Macron, il y avait aussi eu la suppression unilatérale des visas, dans un contexte de démonstration de vigueur pour Macron, intéressé par sa propre réélection à l’Elysée ; ainsi le 28 septembre, la France a décidé de durcir les conditions d’obtention des visas à l’égard de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, en raison du « refus » de ces trois pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.
« J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune », a assuré le chef d’Etat, liant par ailleurs les tensions au travail de mémoire fait en France sur la Guerre d’Algérie.
« On se dit des choses qui ne sont pas agréables pour nous-mêmes. Je ne nous ai pas ménagé avec notre propre histoire. Il y a quelques années de ça, ça avait produit quelques troubles et quelques réactions. J’ai été le plus franc possible avec notre histoire sur la question des harkis, mais je continuerai ce travail », a-t-il dit.
« Quand la question m’a été posée sur l’accueil du rapport de Benjamin Stora en Algérie, j’ai été obligé de dire la vérité au président Tebboune, on en a parlé et c’est quelqu’un en qui j’ai confiance. Il a eu des mots amicaux et proportionnés ». Mais en Algérie, « beaucoup de gens ont insulté, parfois menacé Benjamin Stora suite à ce rapport. On ne va pas faire comme si cela n’était rien », a-t-il dit. Ce travail mémoriel, « c’est d’abord un problème franco-français. On doit continuer à faire ce travail avec beaucoup d’humilité, avec beaucoup de respect ».
Pour le mémoriel, il est clair que si Macron reste « otage » du Rapport Stora, les choses n’avanceront certainement pas, et dans ce cas, il faudrait attendre encore que les choses se décantent au plus haut sommet de l’Etat français.