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Alger

Contestation officielle et populaire au Sahel : La présence étrangère « indésirable »

Les froides et inquiétantes accusations du Premier ministre malien contre les Français et Barkhane ont eu l’effet d’une « bombe ». Choguel Maiga accuse la France d’avoir formé et entraîné une organisation terroriste à Kidal. Rien que ça!

L’échec de Macron au Mali

Le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maiga a accusé la France d’avoir créé une enclave terroriste à Kidal (nord) et d’avoir entraîné des terroristes. Le chef du gouvernent s’exprimait dans une interview accordée à l’agence Russe RIA Novosti en marge de la journée mondiale du Coton à Genève.

« La France a créé une enclave au Mali, elle a formé et entraîné une organisation terroriste à Kidal », a déclaré le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maiga.

« Arrivée à Kidal en 2013 lors de l’offensive contre les groupes armés qui ont envahi les régions du nord, la France a interdit l’armée malienne de rentrer à Kidal. Elle a créé une enclave », a souligné le Premier ministre malien.

« Qu’est-ce qu’elle a fait » ? s’interroge-t-il. « Ansardine, une organisation terroriste internationale, une branche d’Al-Qaïda au Mali, son chef, les Français ont pris, ses deux adjoints pour former une autre organisation », a martelé Choguel Maiga en indiquant que c’est la France qui a créé à cette enclave .

Il a, en outre, ajouté, que « les Français ont des groupes armés qui sont entrainés par des officiers français, nous en avons les preuves ».
Les tensions sont montées d’un cran entre la France et le Mali depuis la déclaration du chef du gouvernement malien lors de la 76e Assemblée générale des Nations Unies, le 25 septembre dernier, concernant un éventuel contrat entre le groupe privé paramilitaire russe Wagner avec le Mali.

Israel-Haftar : lune de miel…

Israël s’est fait un nouvel ami en Afrique, le maréchal Haftar, qu’il aide en secret. Sous ce titre, le journaliste d’investigation Richard Silverstein dit qu’une source confirme qu’Israël collabore de plus en plus étroitement avec l’homme fort de la Libye, Khalifa Haftar.

Étant donné que l’affaire est censurée par les militaires israéliens – Silverstein a révélé que les Forces de défense israéliennes (IDF) avaient bombardé des positions de groupes armés en Libye à la demande de l’homme fort de ce pays, le maréchal Khalifa Haftar.

Le censeur militaire des IDF a décidé que ces informations ne pouvaient pas être diffusées en Israël. Jusqu’à une date récente, le censeur n’autorisait même pas les journalistes israéliens à renvoyer les lecteurs aux médias étrangers évoquant cette histoire. Récemment, « Yediot Aharonot » a publié un profil flatteur d’Haftar renvoyant à un article koweitien paru dans Al Jarida, qui confirmait ces informations. Aux termes des dispositions prévues par la censure israélienne, les journalistes, qui sont interdits d’écrire directement des reportages sur certains événements, s’arrangent souvent pour faire allusion aux mêmes événements via des publications étrangères, et ainsi contourner la censure.

Au Mali, « encombrement » des Forces militaires étrangères

G5-Sahel, Serval, remplacée par Barkhane, Tabuka, contingent tchadien, Minusma, etc. Les armées étrangères au nord-Mali ont été incapables de réagir convenablement; au contraire, leur surnombre a été contreproductif, créant toujours plus de tensions, justifiant toujours les attaques terroristes et la colère des populations locales, qui ont manifesté bruyamment pour exiger leur départ.

L’ancien Commissaire à la paix et à la sécurité (CPS)de l’Union africaine (UA), Smail Chergui a relevé la contestation populaire de plus en plus accrue au Sahel contre la présence étrangère parallèlement à un manque d’engagement de la part de la communauté internationale dans l’appui et le soutien des armées des pays de la région pour la lutte contre le terrorisme.

« L’aide internationale et la mise en place d’une mission onusienne au Mali n’ont donné, à ce jour, aucun résultat probant quant à un recul de la présence des organisations terroristes, la libération des populations et la redynamisation des activités économiques, bien au contraire nous assistons à un ras-le-bol et à une contestation populaire de plus en plus accrue contre la présence étrangère au Sahel », a fait observer Chergui.

Et de déplorer qu’au lieu d’admettre la nécessité de revoir les stratégies tracées pour cet effort sécuritaire en donnant aux armées locales les premiers rôles et en les dotant du matériel indispensable, les concernés persistent et signent en misant, de nouveau sur des forces européennes, avec l’appui des Américains.

Soulignant que « les Maliens ne peuvent même pas songer à d’autres partenariats », Chergui s’est dit convaincu que « la solution à la crise malienne ne saurait être dans l’effort sécuritaire et militaire ».

Force est de constater, que le « dumping » du Sahel sous plus de 16 stratégies n’a fait que retarder le décollage socioéconomique, a-t-il encore ajouté.
Pour Chergui, les pays du Sahel gagneraient à revenir aux mécanismes internes, tel que le processus de Nouakchott qui a contribué à la coopération sécuritaire et à l’échange d’informations, mais également au perfectionnement et formation des forces armées, tout en mettant en exergue la responsabilité morale de la communauté internationale dans leur approvisionnement en armes et moyens de lutte antiterroriste. A ce propos, il a rappelé que « l’Algérie a donné l’exemple dans ce sens ».

L’ancien Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA s’est félicité, par ailleurs, de la réitération, par les autorités maliennes en place, de la priorité à l’application de l’Accord de Paix issu du processus d’Alger et du maintien du dialogue serein et constructif avec toutes les parties prenantes », citant comme indicateur de confiance mutuelle, le redéploiement des éléments de l’armée dans la ville de Kidal.

Actuellement, a-t-il poursuivi, « les regards restent braqués sur la conférence du dialogue national prévue en novembre prochain pour arrêter les prochaines phases de la transition, qui verra un report du rendez-vous électoral, d’après les déclarations du Premier ministre à New York ».

Évoquant en outre « la décision du remplacement des forces françaises Barkhane par une force européenne », Chergui a indiqué que « les alternatives qui s’offrent au Mali auront la part du lion dans les discussions et les consultations les semaines à venir ».

Sur le même registre, Chergui a estimé que « la récente visite du chef du Commandement Africom en Algérie, de retour de Bamako, est une reconnaissance et une confirmation du rôle pivot de l’Algérie au Mali et au Sahel ».

S’agissant du dossier libyen, l’ancien Commissaire à la paix de l’UA a relevé que « l’Algérie, qui aurait pu depuis la décision du CPS au niveau des ministres des Affaires étrangères à New York en septembre 2018, conduire les efforts internationaux en Libye comme elle l’a fait au Mali, a préféré être sous l’égide des Nations unies avec les conclusions qui en découlent ».

Les gangs et milices rémunérés par Haftar en Libye

Haftar, qui attaque Tripoli depuis 10 mois sans atteindre son objectif, n’hésite pas à coopérer même avec des gangs criminels nés de l’insurrection, des milices accusées de génocide, et des mercenaires,

Khalifa Haftar, le chef des forces armées illégitimes dans l’est de la Libye, tente de combler son déficit en ressources humaines dans la guerre qu’il a lancée il y a dix mois pour reprendre la capitale Tripoli, avec des milices accusées de génocide, des groupes armés extrémistes et des mercenaires au lourd passé criminel.

Le général à la retraite, Khalifa Haftar a élargi la zone sous son contrôle chaque année, profitant du vide gouvernemental en Libye après la tentative de coup d’État de 2014. Après que Haftar a pris le contrôle des régions du sud du pays au début de l’année dernière, la capitale, Tripoli, est devenue sa seule cible restante.

Se distinguant comme la terre de Libye ayant coûté le plus de vies humaines, la région de Tripoli abrite plus de la moitié de la population du pays en tant que capitale officielle et commerciale du pays, avec des représentations diplomatiques et des agences gouvernementales indépendantes.

Lors de la conférence de réconciliation nationale sous les auspices des Nations unies (ONU), alors que tous les groupes du pays respectaient le cessez-le-feu, Haftar a ordonné une attaque pour prendre le contrôle de la capitale, le 4 avril 2019.

Haftar visait à saisir la légitimité du gouvernement d’entente nationale (GNA), qui a été reconnu par l’ONU et la communauté internationale en tant que représentant légal de la Libye, en prenant le contrôle de la capitale.

Cependant, Haftar, qui n’a pas réussi au cours des 10 derniers mois à remporter la victoire « rapide et certaine » qu’il avait promise, avait constamment besoin de nouvelles ressources humaines pour poursuivre son attaque agressive sur le front ainsi que pour contrôler le grand territoire qu’il détenait.

« L’Armée nationale libyenne » : une union des milices, gangs et mercenaires de Haftar

Khalifa Haftar appelle « Armée nationale libyenne » le groupe qu’il dirige et veut qu’il soit traité comme une armée officielle. En réalité, la force armée de Haftar fonctionne comme une sorte de concessionnaire et essaie de rassembler ces milices [de marques différentes, ndlr] sous un même toit.

Dans les rangs de Haftar, un large éventail d’opinions telles que les salafistes médhalis de l’est et de l’ouest du pays, la milice janjawide du Soudan avec un sombre bilan humain, des groupes rebelles du Tchad, des mercenaires russes, et des conseillers militaires d’Égypte, des Émirats arabes unis (ÉAU) et de la France.

Dans différentes sources, il a été suggéré que les forces de Haftar ont une capacité de 25 000 à 30 000 personnes, dont 7 000 seraient des militaires formés.

Promotion par Haftar d’un « commandant » recherché par la Cour pénale internationale

Les salafistes médhalis, extrémistes, soutiennent qu’on doit obéissance aux dirigeants, et reconnaissent l’Arabie saoudite comme dirigeant. C’est pourquoi ils se battent dans les rangs de Haftar, soutenus par Riyad.

Dans une interview avec le correspondant de l’Agence Anadolu, le chercheur Emrah Kekilli de la Fondation pour la recherche politique, économique et sociale (SETA) a déclaré que les salafistes médhalis « menaçaient la Libye plus que Daech en raison de la nature, des convictions, de l’organisation et de la manière de prendre les ordres » dans le groupe, et que ces salafistes s’étalaient sur une vaste zone.

Le plus important parmi ses groupes armés, le Bataillon de Nida est dirigé par Mahmoud al-Werfalli, qui a été condamné par la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir commis des crimes de guerre. Haftar a personnellement annoncé en juillet la promotion de al-Werfalli du soi-disant grade de major à lieutenant-colonel, en guise de réponse au mandat d’arrêt de la CPI.

Mahmoud al-Werfalli est accusé d’exécution extrajudiciaire, filmée par caméra à Benghazi, de 10 personnes dont les yeux étaient bandés.
Le commandant ayant déclaré que « ceux qui s’opposent à Haftar sortent de la religion, et leur sang peut être versé »

Dirigées par un commandant soutenant que « ceux qui s’opposent à Haftar sortent de la religion, et [que] leur sang peut être versé », l’Unité de Tawhid (« Tawhid » signifie « unité » en arabe, ndlr), et les Bataillons de Sebil as-Salam ainsi que les unités extrémistes d’Al-Kaniyad incluant également des partisans pro-Kadhafi, prennent part dans l’attaque visant la capitale.

Des troupes accusées de génocide sont les mercenaires de Haftar

Alors que la zone sous le contrôle de Haftar s’étendait à travers le pays, il a commencé à avoir besoin de plus de guerriers pour contrôler ces terres. Haftar, dont le déficit en ressources humaines a atteint son plus haut niveau avec l’attaque de Tripoli, est parvenu à divers accords avec des mercenaires, et le financement fourni par ses alliés.

Les Janjawides, la force paramilitaire accusée de génocide dans la guerre civile au Darfour au Soudan, est au premier plan de la guerre en Libye aux côtés de Khalifa Haftar.

Le ministre de l’Intérieur du GNA, Fathi Bachagha, a souligné que Haftar avait donné aux ÉAU une base militaire dans son pays, affirmant que des combattants étrangers, des miliciens Janjawides et des rebelles tchadiens de la société de sécurité russe Wagner combattaient ensemble.

Bien que le gouvernement soudanais ait nié la présence en Libye de Janjawides, dirigés par les services de renseignement soudanais, les actions récentes des familles de mercenaires dans la capitale Khartoum ont mis la lumière la présence militaire des Soudanais en Libye.

Le ministère soudanais des Affaires étrangères a dû entamer un réexamen de la question, après que des proches des hommes emmenés aux ÉAU avec une promesse de travail, ont affirmé que ceux-ci étaient devenus des soldats en Libye.

Des milliers de mercenaires se battent au front

Dans le rapport publié par le Conseil de sécurité de l’ONU au cours des dernières semaines, il a été révélé que le nombre de mercenaires soudanais en Libye a atteint des milliers de personnes dans ces groupes. Le rapport a également noté que des groupes de la région du Darfour principalement, dans l’ouest du Soudan, possédaient des centaines de véhicules militaires ainsi que des armes lourdes.

En outre, les rapports de sécurité pour la région contenaient des informations selon lesquelles au moins 700 membres des groupes armés rebelles tchadiens servent Haftar en Libye.

Des observateurs du trafic aérien ont partagé l’information selon laquelle, depuis l’appel au cessez-le-feu du 12 janvier, des avions-cargo militaires de grande capacité au départ des bases aériennes militaires des ÉAU étaient arrivés dans les aéroports militaires contrôlés par Haftar dans l’est de la Libye. De même, il a été signalé qu’un trafic aérien intense a été observé des pays africains vers les bases aériennes militaires des ÉAU.

La possibilité de déplacer des mercenaires des pays de la région ainsi que du matériel militaire à bord de ces avions a été fréquemment évoquée dans la presse internationale.

Ils sont forcés à se battre dans les rangs de Haftar

80 Soudanais qui se sont rendus aux ÉAU dans le rêve de devenir agents de sécurité et ont été emmenés en Libye pour une guerre forcée dans les rangs du Khalifa Haftar, sont rentrés dans leur pays hier.

S’adressant à une chaîne de télévision, Abdullah al-Haj Abbas, porte-parole du groupe qui est rentré dans son pays, a déclaré : « Nous sommes montés à bord d’un avion militaire des ÉAU, dont nous ignorions la destination depuis Abou Dhabi. Lorsque nous avons demandé où nous allions, un responsable de la société de sécurité des ÉAU a dit que nous allions travailler. »

Déclarant qu’ils ont atterri sur une base militaire la nuit et ont appris plus tard qu’il s’agissait du champ pétrolier de Ras Lanouf en Libye, Abbas a déclaré : « Nous avons refusé de travailler comme mercenaires, nous avons exigé nos droits et que fussions rapatriés au Soudan. »

Il existe de nombreuses vidéos et photos sur les réseaux sociaux, à propos des mercenaires africains dans les rangs de Haftar.

Les mercenaires du « chef » du Kremlin en Libye

La société de sécurité russe Wagner Group est l’un des groupes les plus controversés parmi les sociétés de mercenaires, notamment avec son intervention en Libye. Le groupe Wagner appartient à Yevgeny Prigozhin, surnommé « chef » pour avoir dirigé les activités de restauration du palais du Kremlin auprès du Président russe, Vladimir Poutine.

Bloomberg a rapporté que le groupe Wagner avait transporté environ 1 400 combattants en Libye, ainsi que 25 pilotes russes entraînant les troupes de Haftar, et qu’ils ont pris leurs fonctions dans le ciel libyen avec des avions de chasse russes Sukhoi-22 rénovés.

Selon Euronews, des mercenaires ayant une expérience de terrain en Ukraine ont été amenés à combattre en première ligne en Libye. La semaine dernière, les forces du GNA ont fait tomber un drone de reconnaissance de type Orlan, de fabrication russe, dans le sud de la capitale.

Il n’y a aucune image ou photographie confirmée de mercenaires appartenant au groupe Wagner en Libye. Cependant, des vidéos sont partagées sur les réseaux sociaux, montrant des hommes armés qui se disent Ukrainiens alors qu’ils parlent à des Libyens, en évacuant des Russes qui auraient été blessés dans les affrontements.

Selon Haftar, l’argent aux tribus alliées, les bombes aux ennemis

Certaines tribus de l’est du pays collaborent également avec Haftar. Parmi elles se trouve la tribu Haftar de laquelle Haftar tire son nom, à Syrte au nord, Tarhouna à l’ouest, et à Ajdabiyya à l’est.

La tribu oubeydade dont est issu Aguila Salah Issa, le chef de la Chambre des représentants basée à Tobrouk, et quelques autres tribus soutiennent également Haftar. Les tribus qui soutiennent Haftar reçoivent une part du butin obtenu pendant la guerre en échange de leurs ressources humaines et de leur alliance.

En revanche, les milices de Haftar punissent les tribus qui s’y opposent, de manière sanglante. Les membres de la tribu Tébou, qui s’étend du sud de la Libye au Tchad, ont été soumis à de nombreuses exécutions extrajudiciaires lors de l’opération menée par les miliciens de Haftar dans le sud du pays au début de l’année

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