L’Algérie qui a toujours été à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique a exprimé sa profonde préoccupation face aux proportions extrêmement inquiétantes de la menace terroriste dans plusieurs régions d’Afrique, notamment dans la région sahélo-saharienne, le bassin du lac Tchad, en Afrique centrale et récemment en Afrique du sud, a affirmé le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.
Dans son intervention aux travaux de la réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) vendredi à l’initiative de l’Algérie, Lamamra a indiqué que « le choix du thème d’aujourd’hui est d’autant plus important qu’il s’agit de la menace terroriste et de l’extrémisme violent en recrudescence dans notre continent ».
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger impactés
Lors de la réunion marquée par la présentation d’une nouvelle vision basée sur une série de propositions visant à renforcer les efforts collectifs des Etats africains et des mécanismes de l’Organisation panafricaine en matière de lutte contre le terrorisme, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que « les pays africains sont, sans doute, les plus exposés à cette menace (terrorisme) qui s’étend pour toucher de nouvelles régions, longtemps considérées comme étant des régions sûres ».
« Depuis la région sahélo-saharienne désormais la cible d’attaques terroristes sans précédents, l’expansion terroriste n’a pas épargné des pays frères comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la menace ayant touché récemment la région sud, la région d’Afrique centrale constituant désormais un pont reliant le Sahel à l’Afrique du nord ».
Avec cette expansion, ajoute M. Lamamra, un autre facteur d’aggravation se manifeste à travers des niveaux sans précédent de violence et de nombre d’attentats terroristes ayant augmenté de 10 % au cours du premier semestre de cette année par rapport aux années passées.
Et d’ajouter que « cette situation alarmante n’est pas fortuite. D’une part, la défaite de l’organisation terroriste Daech au Moyen-Orient a entraîné le redéploiement d’un grand nombre de combattants terroristes étrangers dans les zones de conflit en Afrique, notamment dans la région sahélo-saharienne. D’autre part, malgré les efforts visant à lutter contre l’extrémisme, ce dernier continue à se propager, profitant pleinement de l’utilisation généralisée d’Internet, des réseaux sociaux et des darkwebs, en particulier parmi les groupes vulnérables de jeunes et de femmes », soutient le chef de la diplomatie algérienne.
L’initiative algérienne
En outre, explique Lamamra, les liens entre le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime organisé transnational continuent à se consolider en Afrique, assurant, ainsi, aux groupes terroristes de nouvelles sources de financement, notamment l’enlèvement contre rançon, la traite d’humains, la contrebande, l’orpaillage, le piratage, la contrefaçon de monnaie et bien d’autres.
Dans ce contexte, Lamamra a rappelé l’initiative du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune qui a présenté une nouvelle vision à travers un ensemble de propositions visant à renforcer les efforts collectifs des pays africains et les mécanismes de l’organisation continentale dans la lutte contre terrorisme.
Il a indiqué que le Président Abdelmadjid Tebboune, a adressé une initiative à M. Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo et Président en exercice de l’UA, dans laquelle il a appelé à une réaction ferme et efficace par nos organisations continentales et l’UA, à une action collective et à la solidarité avec les pays qui souffrent de ce phénomène.
Il a mis l’accent sur la nécessité d »‘augmenter le niveau de vigilance et l’efficacité de la coopération africaine contre le terrorisme et l’extrémisme violent en tirant pleinement profit de nombreux outils existants consacrés par l’Union africaine pour la paix et la sécurité que nos pays ont mis en place ainsi que les ensembles économiques et les mécanismes régionaux, les mécanismes régionaux et notre organisation continentale ».
« Vu que la situation ne cesse de s’aggraver, nous croyons que les Etats membres doivent apporter davantage de soutien pour booster les capacités pleines des mécanismes existants (à l’instar d’ACSRT, UFL et AFRIPOL) en sus de la prise des mesures nécessaires pour la mise en en œuvre complète des précédentes décisions pour insuffler un nouvel élan à nos efforts collectifs dans ce sens », a ajouté le ministre.
Pour ce faire, le Président Tebboune a avancé nombre de propositions concrètes pour stimuler le travail des institutions et renforcer les mécanismes mis en place par l’Union africaine dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Il s’agit de l’élaboration d’un nouveau plan de travail pour prévenir et lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent en remplacement du plan adopté en 20020 et l’activation du Fonds spécial de l’Union africaine pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique, ainsi que la pleine réactivation du sous-comité du Conseil de paix et de sécurité.
Cette rencontre, consacrée au débat de la question de la prévention et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a vu la présentation de l’initiative du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, adoptée à l’unanimité lors de la réunion qui a souligné la nécessité d’accélérer sa concrétisation.
La réunion a été présidée par la ministre des Affaires étrangères de la République du Mozambique et a vu la participation de nombre de ministres des Affaires étrangères des quinze Etats membres du Conseil, outre des pays africains concernés par le phénomène du terrorisme, notamment ceux de la région sahélo-saharienne et des représentants de la Commission de l’Union africaine.