Le groupe « Iwal » fondé par le duo Fayçal-Nesrine, vient de donner naissance à son nouvel album, intitulé Hamghart ». Les talentueux artistes ont concocté 16 titres, chargés de sonorités, d’émotions et d’histoire à travers lesquels, ils souhaitent faire voyager, le public, au cœur des Aurès avec des escales destinées à rendre hommage aux pionniers de la musique chaouie, la musique de notre région.
« Nous avons appelé notre album Hamghart, un titre qui raconte le désarroi d’une société qui a du mal à comprendre son malaise. Dans la tradition des Aurès, quand les choses vont mal on fait appelle à Hamghart, terme berbère multi-sens, qui signifie la vieille, l’ancienne, la mère, la terre, l’origine, la sagesse, l’histoire. Hamghart répond à nos questions, elle nous éclaire et nous apporte des explications, elle nous guide sur les chemins de l’avenir » affirme le groupe sur leur page officielle.
Concernant le titre « Inumiden » écrit et développé avec Khaled Bouali, historien, chercheur et dramaturge, auteur de la pièce Youghartha, le groupe expliquera qu’il « raconte d’une façon rock et rythmée l’histoire des premiers numides, socle antique de l’Afrique du Nord ».
A travers cet album, « Iwal » (qui signifie infini espoir berbère) a voulu rendre hommage à Markunda, la diva des Aurès, avec une reprise à « notre sauce de son titre H’med que le public a baptisé Chacha » expliqueront ces artistes. Ajoutant : « Nous rendons également hommage à Messaoud Nedjahi, un grand poète, un grand ami qui nous a quitté cette année. Nous reprenons quatre de ses chansons : Achal, Usman, Yudan et Azri-n-Tiswanin ».
« Nous n’oublions pas Abdellah Messarhi, notre poète du village avec qui nous avons co-écrit les titres de Mqidech & Tcumana, Jimy D Hamma et Ameqsus ainsi que Ali Athmani alias » Ali Kahina » qui nous a autorisé à reprendre une de ses chansons intitulée Ur Nuci U Nezzenz » ajouteront t ils.
Renouer avec ses racines
A travers cet album, Iwal souhaitent « permettre à la nouvelle génération de renouer avec ses racines et nous espérons faire découvrir les richesses infinies de notre patrimoine musical, sa modernité et son universalité » ont-ils dit.
Ce nouveau né est un projet qui a débuté il y’a deux ans, « nous avons décidé de mettre au monde notre premier « bébé », Hamghart. La pandémie de Covid-19 nous a perturbés comme tout le monde, mais nous restons optimistes et nous gardons le cap » a fait savoir le groupe.
Pour créer et développer cet album plein de promesses, le groupe a disposé d’une résidence d’artistes à Bejaia. « Nous nous sommes enfermés plusieurs semaines en compagnie des musiciens qui nous accompagnent habituellement sur scène et qui sont devenu la famille Iwal » ont-ils confié.
Le groupe est donc, composé de Khalil Benflis (guitare électrique), Abdelkrim Selmane alias Karim (batterie), Nadjim Smaili et Ahmed Lamine Ghanem (percussions), Mourad Abdessemed (basse), Imad Bouguenna (gasba), Samir Sebbane (claviers), Khelil Guechoud (haubois), Farah Mokhtari(choeurs), et bien sur Fayssal Achoura (chant et guitare ) ainsi que Nesrine Chimouni (chant, ukulele, harmonica).
Le public : une source d’inspiration et de motivation
« Iwal » a vu le jour en 2014. « Nous avons passé sept merveilleuses années à partager, sur scène notre répertoire avec notre cher public. A chaque spectacle nos compositions se sont enrichies et se sont développées au contact d’un public réceptif et attentif qui nous a encouragés et stimulés par ses appréciations et ses réactions. La scène a été notre école et notre laboratoire, le public notre source d’inspiration et de motivation, c’est pour cela que nous considérons que ce public sera toujours un membre indispensable de Iwal ».
A ses débuts, le groupe a beaucoup travaillé sur les compositions de Messaoud Nedjahi, Markounda et d’autres encore, avant de se mettre à ses propres compositions. «Notre expérience de la scène nous a appris à évoluer face à des publics différents et à adapter et enrichir nos compositions musicales selon que l’on chante en salle ou en plein air, mais il faut dire que nous croyons fortement en le travail collectif», a expliqué Fayçal dans une déclaration faite à la presse.
Le but de « Iwal » est aussi de militer pour une société ouverte, moderne et progressiste, tout en cassant cette image désuète du folklore chaoui. « Le fait déjà d’être sur scène en tant que mari et femme est en soi une révolution quelque part», explique Nesrine.