En mars 2021, Aïmene Benabderrahmane, alors ministre des Finances dans le gouvernement Djerad, sur un ton rassurant, affirmait que « la monnaie nationale est en cours et qu’elle va retrouver dans les prochains mois sa force et sa valeur ». Au même moment, Abderrahmane Mebtoul, consultant international en économie prédisait une dévaluation du dinar face aux principales devises étrangères, qui va durer encore des années. Le projet de loi de finances 2022 qui annonce officiellement une dévaluation continue de la monnaie nationale pour les 3 années à venir donne finalement raison à Abderahmane Mebtoul.
Selon les projections de la nouvelle loi de fiances, la dévaluation de la monnaie nationale se maintiendra jusqu’en 2025 et servira comme un sésame pour absorber les déséquilibres budgétaires. Les internautes cocardiers qui, ces derniers mois, n’ont pas cessé de pinailler sur la suppression d’un zéro de la monnaie et sur le retour en force du dinar aux belles années soixante-dix, vont certainement recevoir une douche froide en apprenant que la monnaie nationale va continuer à chuter encore et encore.
Selon les estimations du Cercle d’Action et de Réflexion autour de l’Entreprise (CARE), en l’espace de dix ans le dinar a perdu 74 % de sa valeur face au dollar et à l’euro. Et ce n’est pas encore le bout du tunnel ! Evidemment, c’est le pouvoir d’achat des citoyens qui se trouve être la première victime expiatoire de ces dévaluations successives.
Les incidences de cette dévaluation chronique sur les ménages sont tellement insoutenables que l’on assiste actuellement à une grogne dans plusieurs secteurs d’activités qui agitent déjà la menace de grève.
De dévaluation en dévaluation, d’inflation en inflation, de hausse des prix en hausse des prix…. C’est un rythme infernal qui pèse lourdement sur les épaules de la population éreintée déjà par des années d’attente et de promesses sans lendemains. Ce que tout le monde peut constater maintenant, c’est que les citoyens sont extrêmement exténués par l’érosion inexorable de leur pouvoir d’achat et la hausse interminables des prix de plusieurs produits. Ce qui les désempare davantage ce sont surtout ces déclarations des responsables qui ne trouvent aucune traductions sur le terrain.
Depuis des années, l’objectif de la transformation et la diversification viriles de l’économie nationale, l’amélioration du niveau de vie, tardent à venir. L’Algérie dispose de grandes potentialités agricoles et touristiques, elle possède une capacité d’industrialisation importante mais elle dépend toujours de la fluctuation des prix du baril de pétrole. Tant que cette dépendance aux hydrocarbures ne serait pas totalement dépassée, la monnaie nationale ne vaudra pas grand-chose et les citoyens vivront toujours dans ce sentiment d’insécurité qui les fait braver la mer pour fuir le pays.