Les bénéfices de l’ouverture du marché algérien aux produits de l’UE, sont loin d’être significatifs et si bénéfice il y a, tout de même, ils sont probablement interceptés par des forces extérieures à la sphère économique, d’où l’urgence de revoir les clauses de cet accord comme l’a indiqué à ce juste titre le chef de l’état.
En effet ; au cours de sa récente sortie médiatique, le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a remis sur la table la question de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) pointant du doigt l’impératif de la révision de l’ensemble de ses clauses de façon à permettre à l’Algérie de bénéficier des exonérations douanières qu’il prévoit, de façon à conforter son économie et renforcer sa production et ses exportations.
Rappelant qu’il avait, déjà instruit le gouvernement, lors de la réunion du Conseil des ministres, tenue le 31 octobre dernier, à l’effet de revoir les dispositions de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE)en fonction d’une vision souveraine et d’une approche gagnant-gagnant, en tenant compte de l’intérêt du produit national, le chef de l’état a estimé que l’accord d’association avec l’UE dans sa version actuelle est le résultat d’une faiblesse de l’Etat algérien.
Pour le chef de l’état, l’UE est un espace inévitable et l’accord d’association avec cette communauté est nécessaire, néanmoins, a-t-il affirmé, tout accord économique doit être mutuellement bénéfique
Il importe de rappeler que l’actuel accord d’association avec l’UE est entré en application en 2005, impliquant l’élimination progressive, des droits à l’importation de produits industriels de l’UE, ainsi que ceux rattachés aux produits agricoles des deux pays parties; une coopération politique et économique renforcée, ainsi qu’une série d’aides techniques et financières pour accompagner le développement du pays et accélérer son rapprochement avec le marché commun de l’UE.
Ce qui indique que cet accord entré en vigueur depuis voilà 16 ans devrait donner lieu à une évaluation d’autant que qu’il dépasse la portée strictement économique pour s’étendre à la sphère politique et à la sphère culturelle. Certes Situer le bilan uniquement dans la sphère économique est sans doute porteur de risque d’interprétation biaisée.
Il ressort du bilan qu’on peut dresser de cet accord qu’il met à contribution deux partenaires de très inégale importance ; le PNB de l’UE est plus de 100 fois plus élevé que celui de l’Algérie, de sorte que les niveaux d’influence mutuels ne sont pas les mêmes. L’Algérie représente moins de 1 % du commerce extérieur de l’UE mais l’UE représente 55 % de celui de l’Algérie, ce qui fait que les chocs qu’induisent la crise sanitaire, d’une part, et la mutation, économique mondiale, d’autre part, ne frappent pas les deux parties avec la même violence.
Il s’est avéré, au final, que dans tous les cas c’est l’Algérie qui est l’épicentre du séisme car les négociations n’ont été qu’une formalité qu’elle a avalisée et non pas le résultat de négociations entre deux partenaires. On ne pourrait expliquer autrement certaines clauses qui tiennent peu compte de la réalité de l’économie algérienne.
Concrètement, les résultats attendus n’ont, jusque-là, pas été réalisés, tout au moins avec l’ampleur prévue et le consommateur algérien n’en a tiré aucun bénéfice et ni l’industrie ni l’agriculture algériennes n’ont su ou pu profiter de l’opportunité de l’ouverture du marché européen et le pays continue à réaliser 98 % de ses ressources en devises sur le marché du pétrole.
Sachant qu’elle s’approvisionne à hauteur de 55 % auprès de l’UE, plusieurs milliards de dollars de recettes douanières se sont évaporés il est certain qu’elles sont 5 à 10 fois supérieures aux 50 millions d’euros d’aide MEDA. Pour ce qui des consommateurs ; sur le marché local, les prix des produits importés et qui sont allégés de la taxe douanière, n’ont pas baissé. Bien au contraire, des produits comme le sucre, l’huile, les céréales, le lait, des matériaux de construction, entre autres, ont augmenté, exerçant une forte pression sur le pouvoir d’achat des algériens.
Ce qui aggrave la situation, c’est le fait que l’Algérie continue d’être un piètre exportateur, en dehors des hydrocarbures qui représentent près de 98 % de ses exportations et quand on examine la nomenclature des exportations hors hydrocarbure de notre pays, on constate qu’elle-même ne s’éloigne pas des hydrocarbures car une part considérable est constituée, tout de même, de dérivées du pétrole. En sommes, la valeur de l’ensemble des exportations algériennes peine à atteindre dépasser le cap d’un milliard de dollars.