Il y a quatre jours, au cours d’une réunion en interne du Parti de la justice et du développement (PJD), organisé à Rabat, le secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane, a cherché à recoller les morceaux après la déconvenue sans pareille aux dernières élections, échec qui a mis le PJD à terre.
Cette réunion l’avait mis en confrontation directe avec les membres de la Commission nationale, du secrétariat général et de l’administration générale du PJD. A cette occasion, il a prononcé un long discours pour répondre aux interventions des participants et ré-initier un nouveau cap de la relance du parti.
L’Algérie a été longuement abordée par Benkirane qu’il a accusé de gaspiller l’argent du pétrole pour s’attaquer au Maroc. Mêlant le discours politique au prêche religieux, il a appelé à revenir à meilleurs sentiments avec les Marocains, mais en mettant en garde que son parti, « en cas de guerre, se mettrait résolument aux cotés de son roi ». Voilà, en fait, où Benkirane voulait en venir et s’y arrêter : « être avec son roi ».
Pourtant, le roi l’avait rabaissé et Sali comme jamais ne l’avait été auparavant le parti ; lui tout autant que Saad Dine El Otmani, autre leader du PJD, devenu, comme Benkirane, chef du gouvernement du roi. Les deux chefs du part ont été trainé dans la boue, contraint à accepter la « normalisation avec Israël, qui allait pourtant à l’encontre des principes fondateurs du parti, pour finaliser s’en débarrasser comme d’un vieux chiffon et faire en sorte de plébisciter un homme d’affaires réputé proche du Palais et de la DGED, Aziz Akhennouch.
Concernant la Palestine, il dira, toute honte bue, que « la Palestine n’est pas uniquement une constante du parti », mais qu’elle « fait partie des références religieuses et spirituelles fondamentales du PJD », et que le parti portait cette cause « dans son cœur ».
Triste fin de cycle pour Benkirane, qui devrait se retirer de la scène publique. Les Marocains eux-mêmes l’ont sévèrement jugé comme un « vendu », un « félon » et un « opportuniste ». Le score réalisé par le parti lors des dernières législatives marocaines du 8 septembre 2021 qui ont sonné comme une « fin de cycle » et un désastre pour le PJD, qui passe du premier parti du Maroc au 8e, perdant 90 % de ses sièges de députés. Pour un parti « islamiste », la chute avait été brutale et la sanction sans appel.
Le PJD avait notamment déçu une partie de ses sympathisants en signant, en décembre 2020, l’accord tripartite relatif à la normalisation des relations avec Israël, puis en validant le projet de loi légalisant l’usage thérapeutique du cannabis. Après les élections, plusieurs dirigeants du parti démissionnent de leurs responsabilités et des tensions internes conduisent à la suspension de trois députés. Si on garde en mémoire toute cette déconvenue, on comprend dès lors la « danse du ventre » initiée par Benkirane à l’attention de Sa Majesté…