Au mois de mars prochain, se tiendra un important sommet des pays arabes à Alger. Cet événement intervient à un moment crucial de la politique autant dans les pays du Machrek que dans ceux du Maghreb. Donc comme il se doit, la diplomatie carbure à plein gaz. Si la solidarité des monarchies du Golfe ne s’encombre plus de préjugés pour s’afficher publiquement sur la marocanité des territoires sahraouis, le jeu de sous-sol est aujourd’hui, d’isoler l’Algérie sur sa position de principe.
D’après nos sources, l’Egypte, acteur-phare au sein de la Ligue arabe, s’en tient encore à ses positions de principe. Le Caire, qui est aussi le siège de la Ligue, et qui détient en la personne de Ahmed Abou Gheit, SG de la Ligue arabe, une carte maitresse dans le jeu de stratégies, garde une neutralité méritoire sur le sujet et on peut supposer qu’il la gardera jusqu’au Sommet d’Alger. Toutefois, d’autres pays, qui sont dans le droit international et ont pu par le passé s’aligner sur la position de principe, celle du droit des Sahraouis à décider eux-mêmes de leur sort et ne pas avoir donné suite au Plan de paix élaboré par Rabat.
Le jeu de coulisses a déjà commencé au Caire : d’une part, les monarchies, solidaires (il va sans dire que la crainte que si une tombent les autres suivront les fait s’avancer en groupe monolithique, malgré les divergences épisodiques entre Ryad et Doha, ou encore entre Abou Dabi et Ryad), d’autre part, le groupe des « légalistes » qui s’en tiennent à la position de principe, celle de l’autodétermination pour le peuple sahraoui, et/ou la primauté des résolutions onusiennes. Entre les deux groupes, des « indécis », qui sont en principe dans le second groupe, mais qui peuvent se trouver dans l’escarcelle des « souteneurs » pro-Plan d’autonomie. La carte du monde arabe incluant, en couleur verte, le vaste espace qui va du Machrek jusqu’au littoral atlantique, et où ne figure pas le Sahara occidental, mais sans mentionner la marocanité des territoires sahraouis, carte qui a circulé ces derniers jours via les médias officiels et les réseaux sociaux, n’est que le prélude de ce que sera demain concernant une vision souhaité du Maghreb au sein des puissances arabes et régionales montantes et dans un cadre plus général du mondialisme en cours.
Pour Alger, hormis le point d’orgue que constitue le Sahara occidental, dernier espace africain sous colonisation, il y a aussi un important dossier « Syrie » à faire réintégrer dans le corps arabe ; comme il y a à saisir par le corps diplomatique algérien cette opportunité « pour étudier le dossier de réforme de la Ligue Arabe en vue d’améliorer sa performance avec une nouvelle vision de l’action arabe commune ». Car comme pour l’Union Africaine, il y a aussi urgence à protéger la Ligue arabe des tentatives sournoises ciblant l’unité de ses rangs et son rôle central dans l’intervention pour protéger le droit et soutenir les causes justes.