Une année s’achève, une autre pointe. 2022 sera ou ne sera pas l’année de la remontée pour l’Algérie. Remontée économique d’abord, parce qu’il y va de l’avenir de la nation-Etat, mais aussi remontée de tous les secteurs qui ont été boiteux jusque-là.
Parmi ces secteurs, les médias. Classée comme un luxe, un caprice, un accessoire, la presse est en fait un acteur décisif lors de grandes crises. Les complots qui se trament jour et nuit, la présence inquiétante de l’entité sioniste, la course à l’armement du voisin marocain, les tentatives d’encercler, d’isoler et d’affaiblir le pays, donnent à cette presse toute son autorité et son pouvoir.
Avec une presse faible, oisive et rentière, un journalisme du fonctionnariat et du salariat, calqué sur le rythme administratif et la cadence bureaucratique, c’est la perte inutile d’une force pour l’Etat. C’est dans les périodes de grande crise, dit Ibn Khaldoun dans ses « Prolégomènes » que l’Etat doit trouver son allié, la vox populi, « pour repousser le danger ».
Avec une prolifération anachronique et inconséquente de plusieurs dizaines de quotidiens et de chaînes de télévisions, qui se calquent, qui se singent et se reprennent, mot à mot, image par image, sans apporter une once de savoir-faire, de performance et de crédibilité au contenu, c’est une guerre médiatique de perdu d’avance contre des alliés trop outillés sur ce plan précis.
Des milliards de dinars ont été engloutis dans des entreprises de presse boiteuse, calamiteuse, sans aucun effet, sans un retour d’écho. Des salles de rédaction quasi-vides, des journalistes fraîchement diplômés des universités algériennes qui tournent en rond, ne sachant quoi faire ni sur quoi écrire, mal formés, ignorants les fondamentaux de la politique étrangère de leur pays, les enjeux stratégiques et géopolitiques de l’heure, formatés à la Fonction publique et jetés, tête la première, dans une arène de gladiateurs à laquelle ils n’étaient pas préparés.
Voici, entre autres, où se situera la bataille médiatique de 2022. Qu’un assainissement vienne faire du propre dans la maison, ce serait l’idéal ; mais on se suffirait de se débarrasser des scories qui suffoquent la profession et font que le plumage ne correspond pas au ramage.