Aussi bien la communauté nationale que les observateurs internationaux auront les yeux braqués sur les réalisations de l’Algérie en 2022. Du mégaport international d’El Hamdania, à Cherchell, à la zone franche de Bellara ou à la Zlecaf, porte d’entrée aux marchés africains, la relance économique va passer par des passages obligés. Si pour la communauté nationale, l’année 2022 devrait concrétiser un certain mieux-être qui n’a pas eu lieu depuis le début de la pandémie, pour les opérateurs internationaux, il y a aura de l’intérêt à observer comment l’Algérie va remonter la pente dans un contexte économique et concurrentiel des plus ardus.
Donc, c’est un ensemble économique, industriel et managérial qui va s’imbriquer pour se mettre sur rails et avancer. Tout doit être synchronisé pour avancer dans son ensemble, le retard cumulé par les uns freinera l’avancée des autres. A un moment crucial d’une récession quasi-planétaire induite par la pandémie au coronavirus, il n’y aura aucune chance pour les retardataires.
Ces derniers mois, beaucoup de décisions audacieuses ont été prises par les autorités, concernant plusieurs dossiers décisifs : des énergies alternatives, moins couteuses, moins aléatoires, plus intelligentes, comme le solaire, le photovoltaïque, etc. afin d’échapper au piège des seules recettes (aléatoires) des rentrés pétrolières ; une agriculture pleine de promesse ; une industrie qui aura surtout pour tâche de bénéficier d’un réel transfert de technologie, afin de sortir du piège de l’économie de bazar ; une production domestique qui tente de pénétrer encore plus les marchés africains ; etc.
Le tempo a été donné en 2021 ; maintenant, aux ministères de concrétiser tout ce qui a été programmé en 2021. Il faut que les faits donnent corps aux paroles et aux décisions prises durant ces derniers mois. Sinon, on ne sortira pas du goulot.
L’agriculture doit honorer ses promesses de 2020-2021; les résultats enregistrés, les productions faites tout au long de l’année écoulée ont été encourageantes et pouvaient permettre d’être optimiste. L’objectif du secteur primaire est de mettre à l’abri la nation et assurer sa sécurité nationale par le renforcement de la sécurité alimentaire.
Au Grand Sahara, au Sahel, un jeu sournois se déroule à ciel ouvert. Si le Mali commence à se relever avec Goïta, si le Niger se stabilise avec Bazoum, si la Mauritanie connait aujourd’hui une relative embellie avec Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, il y a à dire sur la Libye, encore otage du jeu des stratégies de puissance. Avec une entité sioniste plantée au flanc ouest de l’Algérie, sur le sol marocain, autant dire que la stabilisation du Maghreb est plus que jamais menacée. Et c’est justement sur ce type de jugement que s’appuient les agences internationales de notation pour rendre la destination Sahara rébarbative.
Comme il se doit, l’économie va dépendre encore un certain temps de l’or noir; les recettes engrangées par les ventes pétrolières et gazières offrent à l’Algérie plus de 92% de son pactole annuel. En attendant que les autres secteurs se mettent au diapason, c’est encore et toujours le pétrole et les prix du baril sur les marchés internationaux qui auront le haut du piédestal économique national. Il est vrai que les alternatives qui s’offrent à l’Algérie sont prometteuses, mais ils sont, hormis l’agriculture, encore au stade du souhait.
Pour le tourisme, quoi qu’on en dise, l’embellie n’est pas pour demain. Ceux qui ont en main les données sérieuses de la sécurité régionale savent à quoi s’en tenir. Les paramètres de réussite du tourisme ne dépendent pas tous entièrement de l’Algérie. Il y a un jeu fourbe au niveau planétaire pour souligner le Grand Sahara en rouge et faire en sorte qu’il s’y trouve toujours un risque pour les ressortissants européens et américains. Bon an mal an, les grandes chancelleries occidentales s’emploient à diffuser, avec la ponctualité d’un métronome, des « travel warning » très défavorables à l’essor du tourisme saharien. De ce fait, les critères de réussite du secteur dépendent encore d’un sournois jeu de Monopoly international. Cependant, toutes ces raisons n’absolvent pas le département du Tourisme de ses errements, qui ont fait qu’il demeure à la traine par rapport aux voisins marocains, tunisiens ; l’Egypte faisant encore mieux que tous les pays maghrébins. Avec un pactole de 200 milliards d’euros à ramasser chaque année dans le tourisme méditerranéen, la guerre en sous-sol est très pernicieuse, mais permet à ce jour à des pays comme la France, l’Espagne, la Turquie, l’Italie et la Grèce d’en ramasser le plus gros paquet.
Les énergies renouvelables seront l’enjeu de 2022. De l’avis des experts européens, l’Algérie pourra, avec un espace comme Adrar, « éclairer » la planète toute entière si l’on arrive à placer les outils qu’il faut pour récolter cette énergie solaire à moindre coût.Au plan religieux, il est de toute première instance de renforcer le référent national. Récemment, l’Etat a jugé opportun de se rapprocher d’Al Azhar. L’idée est génial, car aucune instance n’a jamais été aussi efficace que les cursus d’Al Azhar pour contrecarrer l’islam « excommunicateur » du wahhabisme et ses annexes salafistes (dont sont issus toutes les phalanges terroristes, Al Qaida, l’Etat islamique, Boko Haram, etc.). C’est un chantier par excellence, qui aura en 2022 toute l’attention des autorités sécuritaires afin d’en finir avec la gestion des effets du fondamentalisme alors qu’en amont la matrice de ce fondamentalisme est prolifique et génératrice de tensions ininterrompue.