La suspension de la retraite sans condition d’âge pose problème à des centaines de milliers de cotisants en attente d’être admis à la retraire. Même si l’âge de la soixantaine a sonné, il faut encore attendre cinq années supplémentaires pour avoir sa retraite. Les motifs, les tenants et les aboutissants dans cette enquête de « L’Express ».
La suspension de la retraite sans condition d’âge attise beaucoup de polémiques en Algérie. Le ministre de l’Emploi, de Travail et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa, a annoncé le mois de décembre dernier, l’impossibilité de revenir à cette catégorie.
Lors d’une plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales le mois de décembre dernier, le ministre a affirmé que « au regard de la situation financière de la CNR et la non disponibilité de ressources financières supplémentaires, le retour au régime de retraite proportionnelle sans condition d’âge qui était une mesure exceptionnelle à la base, n’est pas de mise pour le moment ».
Au sujet de la situation financière du CNR, le ministre a fait état « de baisse du nombre de cotisants », précisant que la CNR « enregistre 1,92 cotisant pour un seul retraité, alors que l’équilibre financier de la Caisse en requiert 5 cotisants pour un seul retraité ».
Youcef Cherfa a également révélé que « les offres d’emploi sont soumises au contrôle strict des services d’emploi et d’inspection de travail et aucune discrimination n’y est tolérée ni préférence d’une catégorie donnée ».
« Les offres d’emploi doivent être ouvertes à tous les demandeurs et aucune personne ne doit être écartée tant que son dossier répond aux exigences du poste d’emploi proposé », a-t-il insisté, ajoutant que « l’offre d’emploi doit cibler les compétences requises ».
Une solution efficace au problème de chômage
Le niet des autorités, donne un coup de lame dans le corps social. Travailler avec 32 ans de service devient impossible pour certains employés, surtout pour ceux qui exercent des métiers pénibles. A ce propos, nous avons questionné l’un d’entre eux. Il s’agit de Yazid, 61 ans, il travaille dans une usine dont il préfère ne pas citer le nom. « Je suis à mon poste (qu’il souhaite, aussi garder secret, par peur d’être sanctionné), depuis maintenant 34 ans. Ma maladie chronique m’empêche de me donner à 100%, car mon boulot consiste à lever des matériaux lourds. J’espère que l’état va reconsidérer sa décision et nous permettra d’aller nous reposer. Nous avons donné suffisamment. Maintenant on doit céder nos places aux jeunes ».
Ferhat Chabekh, membre dirigeant à la centrale syndicale, a, quant à lui estimé, dans une déclaration à la presse : « Il est illogique d’imposer à un employé de continuer d’exercer au-delà des 32 ans de service jusqu’à l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans ». Selon lui : « Le retour à ce système est l’un des droits fondamentaux des travailleurs et une solution efficace au problème de chômage ».
Les personnes aux besoins spécifiques dans le même bateau
Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa a, faut-il le rappeler, confirmé, également l’impossibilité d’élaborer une loi relative aux retraites spécifiques. Répondant aux questions des membres du Conseil de la nation, en décembre, le ministre a indiqué que le retour à la retraite proportionnelle en Algérie, pour les personnes aux besoins spécifiques, n’est pas à l’ordre du jour.
Youcef Cherfa avait affirmé que le système national de retraite repose sur des principes de base. Il s’agit de la répartition et de la solidarité entre les générations. En plus, il insiste sur l’égalité dans le paiement de la pension de retraite dès l’âge légal. Ce dernier est fixé à soixante (60) ans au moins en Algérie.
Par ailleurs, Youcef Cherfa a annoncé que l’État a fait recours à la retraite anticipée sans condition d’âge pour ces raisons. Il s’agit des conditions économique et sociale particulière que le pays connaissait à cette époque. À noter que la retraite anticipée a été instituée en Algérie par le décret législatif numéro 94-10 du 26 mai 1994. Toujours d’après la source médiatique susmentionnée.
A noter que nous avons essayé à maintes reprises de contacter les services concernés, mais sans résultat.
Les propositions de la centrale syndicale
Le 18 décembre dernier, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) Salim Labatcha, a indiqué, lors du 8ème congrès de l’Union à Mascara, Salim Labatcha que « la solution pour améliorer la situation des caisses de sécurité sociale, et à leur tête celle de la retraite, réside dans la lutte contre le phénomène de non déclaration des travailleurs auprès de la CNAS ».
Le responsable de la centrale syndicale a affirmé que « la lutte contre ce phénomène contribuera à l’élimination de la vulnérabilité dont souffrent les travailleurs et assurera des revenus supplémentaires aux caisses de sécurité sociale devant les faire sortir de la crise chronique qu’elles connaissent. »
Selon lui, « le travailleur ayant exercé durant 32 années pourra sans inquiétude bénéficier de sa retraite sans s’inquiéter sur la santé financière de la CNR », a-t-il indiqué.
Eviter de financer d’autres opérations à l’aide de ces fonds
Le SG de l’UGTA a appelé, également, les instances de tutelle des caisses de sécurité sociale à « exploiter seulement les fonds détenus par les caisses de sécurité sociale générés par les cotisations des travailleurs dans les domaines de sa compétence et d’éviter de financer d’autres opérations à l’aide de ces fonds ».
Il a également renouvelé l’adhésion de la centrale syndicale à l’amendement de la loi sur la retraite, à l’autorisation du retour à la retraite sans condition d’âge pour les travailleurs ayant accompli 32 ans de travail et à la participation au système de sécurité sociale en tant que droit légitime des travailleurs auquel on ne peut déroger.
« L’UGTA a adhéré à la démarche de dialogue avec le gouvernement et les différentes parties pour résoudre les problèmes rencontrés par les travailleurs. Cette démarche s’est soldée par les mesures annoncées par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, notamment la décision d’augmenter le point indiciaire pour les travailleurs de la fonction publique et la réduction de l’impôt sur le revenu global, ainsi que l’autorisation de revoir les lois des différentes catégories de travailleurs » a-t-il dit.
Plus de 143.000 postes de travail en 2021
Le ministre a révélé que plus de 143.000 postes de travail ont été créés. Cela durant les dix (10) premiers mois de cette année. Parmi ces postes, 69.000 ont été attribués à des diplômés universitaires. Il s’agit des chiffres relayés par le quotidien généraliste susvisé.
Outre les postes de travail créés, Youcef Cherfa a fait savoir que 3.881 entreprises ont vu le jour. Cela dans le cadre du dispositif de soutien à la création d’activité, mis en place par la CNAC, dont 1.207 appartenant à des diplômés universitaires.