Avancer au ralenti. Tourner au ralenti. Travailler au ralenti. C’est ce qu’à fait l’Algérie en raison de la mauvaise gouvernance depuis de longues années. Cette vie au ralenti qui a commencé à prendre forme dès le début des années quatre-vingt, s’est peu à peu généralisée au point de devenir quasiment une philosophie sociale étayée par des formules fantaisistes comme ce célèbre « Koul âtla fiha khir » (Tout retard est une bénédiction).
Lenteurs, retards, atermoiements, ajournements, absences… sont devenus monnaies courantes dans tous les domaines d’activité à telle enseigne que rares sont les projets qui sont menés dans le respect des délais, en bonne et due forme. La phrase cocasse prêtée par le génie populaire au président Chadli Bendjedid qui disait « Nous allons concrétiser notre programme quinquennal, même si cela doit nous prendre vingt ans » résume à elle seule cette logique clopin-clopant qui a prévalu en Algérie ces quatre dernières décennies.
Cette philosophie du ralenti a imprégné tellement les esprits au point de pousser les citoyens à une course boulimique à l’installation anarchique des dos-d’âne sur la voie publique. Si tout marche au ralenti, pourquoi les véhicules ne le feront-ils pas? Sur les routes nationales, les routes wilayales, les chemins communaux et dans les bourgades les plus reculées du pays, on rencontre actuellement des ralentisseurs installés parfois par des citoyens sans se référer aux autorités et sans tenir compte des normes en la matière. C’est d’une anarchie indescriptible ! Que d’embouteillages générés par ces ralentisseurs anarchiques ! Que d’accidents provoqués par ces ralentisseurs-surprise ! Que de colère suscitée parmi les usagers par ces dos d’âne illégaux !
Dans le sillage du renouveau général engagé depuis janvier 2020 pour faire de l’Algérie Nouvelle une réalité, le ministre des Travaux publics, Kamal Nasri a décidé de prendre le taureau par les cornes en commençant de remettre peu à peu de l’ordre dans les voies publiques défigurées ça et là par des dos d’âne intrus. Ses services, d’après ce qu’il a déclaré dernièrement lors d’une séance plénière du Sénat se sont déjà lancés dans la destruction des ralentisseurs anarchiques et même ceux installés par les autorités mais qui ne répondant pas aux standards en vigueur. Cette action tendant à mettre fin à une anarchie qui a trop et longtemps sévi est vue d’un bon œil par la majorité de la population, pourtant, elle risque elle aussi d’être ralentie car, selon le ministre des travaux publics, outre l’absence de mesures coercitives claires dans ce domaine, les autorités locales traînent la patte dans ce dossier.