En raison d’un contexte international particulièrement délicat (crise sanitaire « à plusieurs virages », économie-post pandémie, frictions internationales et régionales intenses, guerres de « basse intensité » dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne, etc.), il y a lieu de s’attendre à des actions politiques lourdes menées (ou sous-traités) par des conglomérats régionaux qui ont une voix qui porte à l’Onu et au sein de la communauté politique et monétaire internationale.
Avec la préparation active à un sommet arabe important (des dossiers sérieux y seront ouverts), le jeu des sous-sols a commencé. Des parties actives tentent de faire péricliter le projet. Ce jeu sournois est d’autant plus visible quand on regarde la composition-décomposition des liens au Sahel. La montée au créneau de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et les sanctions imposées à Bamako sonnent comme une mise en garde contre les pays qui appuient le Mali. L’embarras de Nouakchott est tel que le président Ghazouani en ressent la forte pression. La Mauritanie qui a rompu avec la Cédéao en 2000 avait fait beaucoup d’efforts pour retrouver un statut d’observateur. En 2017, Nouakchott a signé avec la Cédéao un accord sur la libre circulation des personnes et des biens. Aussi, se mettre en faux contre la Communauté des Etats africains de l’Ouest n’est pas à la portée de la Mauritanie pour le moment.
Pour le moment, l’Algérie se situe dans sa logique politique avec le Mali, avec lequel il est engagé dans un important, voire décisif Plan de paix, dont il a la paternité. Hama Ag Mahmoud, ancien ministre touareg du Mali qui vit en Mauritanie, a précisé hier, que l’Algérie ne voudrait certainement pas marchander son soutien pour le Mali : « Ces pays (il parlait des amis « amis », dont l’Algérie) traditionnellement ne sont pas dans ces jeux-là ; je ne crois pas que ces pays vont rentrer dans cette logique de sanctions », affirme l’ancien ministre malien.
Il serait vain de chercher d’où le coup est parti. Depuis le début de la présence russe au mali, les capitales occidentales se sont inquiétés et font depuis lors des pressions sur les pays à la fois alliés de Bamako et de Moscou pour les faire revenir en arrière.
Certaines puissances ont perdu pied dans la région ; aussi s’évertuent-ils à intégrer toutes les brèches encore béantes, par les motifs les plus insignifiants. On voit aussi comment en Libye, la solution politique est sans cesse retardée, jusqu’à ce que les données de la présidentielle soient favorables et allant vers une certaine issue, pour enfin en faciliter la tenue. On met en place les mêmes schémas pour le dossier Sahara occidental, avec des périodes d’effacement du sujet, puis de son rappel à l’ordre du jour international, mais avec des atouts qui auraient changé de main entretemps.
Ce n’est pas là un point de détail, mais un indice fondamental, car il change du tout en tout l’accélération des stratégies de « guerre de basse intensité » dont on avait vécu des copies en 2021.