L’Algérie serait-t-elle en passe de cohabiter avec l’inflation et ce pour longtemps ? C’est la question économique qui taraude les experts en ce début d’année 2022.
Depuis près d’un an, les prix ont augmenté de plus de 60% dans le pays, et cette hausse touche désormais tous les produits sans exception aucune. achève d’éroder le pouvoir d’achat et menace la consommation, premier moteur de l’activité économique.
Or, Comme nous le savons, l’inflation n’est pas un chiffre, c’est un mécanisme de hausse des prix, avec deux caractéristiques: il concerne de nombreux produits et services, et il est auto entretenu
De ce fait et malgré l’amélioration des indices de la balance commerciale, le revenu national a cru en termes monétaires beaucoup plus qu’en termes physiques, et ceci à cause d’un taux d’inflation de plus de 9,2% enregistré en 2021.
Cette inflation relativement maitrisée jusque-là connaît une certaine accélération en ce début d’année 2022 et ce malgré l’action des pouvoirs publics par l’intermédiaire d’un système de prix, d’une politique de substitut à la subvention, et d‘un contrôle des échanges extérieurs, vise à résorber ces tensions inflationnistes, et contient ou refoule cette inflation.
Il s’avère concrètement que l’échec patent de cette politique montre qu’elle ne parvient pas à enrayer ne serait-ce que provisoirement le phénomène, puisqu’ il devient claire qu’elle ne peut le résoudre, et l’approche de contrôle du commerce de gros et de détail dans certaines branches, déployée par le ministre du commerce restreint la part du prélèvement du surplus effectué par les commerçants privés.
On sait que qu’en dépit de tous, les grossistes privés de l’alimentation et de l’habillement, réalisent plus de 50 % du chiffre d’affaire de tout le commerce de gros, et il est clair que malgré le contrôle relatif des marges commerciales, ce commerce de gros, spéculateur par nature, en percevant des marges excédant largement ses coûts de distribution, réduit le pouvoir d’achat des consommateurs surtout dans les grandes villes où son contrôle est plus difficile.
Sa responsabilité dans la hausse des prix est à présumer, étant donné le haut niveau de la demande monétaire en cette phase de crise double, sanitaire et économique au moment où l’État acculé par ses engagements a engagé une politique d ’investissement massif.
Les fortes tensions inflationnistes autrement amplifiée par la flambée inflationniste au niveau mondial se sont répercutées sur les marchés parallèles au moment où le faible volume de l’épargne auprès des institutions financières et bancaires laisse place à la thésaurisation, d’autant que les traditions algériennes favorisent ce phénomène.
Il est dans les traditions des algériens de laisser, durant l’année, une part de la monnaie stérile dans l’attente des fêtes, événements familiaux, Aïd, et surtout le Ramadhan où les poussées inflationnistes atteignent leur pic., ce qui explique d‘une certaine façon le paradoxe d’une émission de monnaie importante parallèle à une hausse de prix relativement modérée.
La propagation de l’inflation et son accélération révèle aujourd’hui l’ampleur du problème qui touche au mécanisme de maturation des investissements qui continue à être basé sur l’épargne forcée dont on prétend pouvoir limiter les effets en réorganisant le système des subventions. Ce qui d’emblée permet de vérifier que la politique de refoulement de l’inflation, engagée par le gouvernement d’Aïmane Benabderrahmane n’est qu’un palliatif qui masque le fond de la question.