Un projet de loi visant à plafonner les marges bénéficiaires des produits de large consommation est en phase de promulgation. Le département de Kamel de Rezik semble décidé à mettre de l’ordre dans le marché souvent malmené par les poussées spéculatives, l’instabilité des prix et la désorganisation de la chaîne de distribution.
Ce projet de loi est une suite logique à la loi sur la spéculation illicite promulguée dernièrement. Les taux de marges bénéficiaires appliqués actuellement par certains commerçants frisent dans certains cas l’indécence, ce qui motive la mise en place de ce cadre réglementaire pour mettre les prix à l’abri des manipulations indélicates. Préserver le pouvoir d’achat des citoyens et prendre parallèlement en considération les intérêts des commerçants, tel est, selon le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, le double objectif de cette loi. Certains habitués à jouer des prix comme bon leur semble et à profiter de chaque tension pour augmenter illégalement les prix, s’empressent déjà à dénigrer ce projet de loi et à parler de la difficulté de sa mise en œuvre.
Les arguments qu’ils avancent pour expliquer que cette loi risque de ne jamais connaître d’application ont trait à la problématique de l’économie informelle, à l’absence de travail avec le système de facturation et à la difficulté de connaître avec exactitude les coûts de production. Le gouvernement est pourtant clair ! Il est question uniquement des prix des produits réglementés et là il est facile de fixer les marges bénéficiaires. Des dizaines de prix de produits non réglementés ont augmenté ces derniers jours de plus sans pour autant susciter l’ire des consommateurs.
Les produits de large consommation qui sont l’un des piliers de la paix sociale, ne doivent pas être laissés à la merci des spéculateurs surtout en temps de crise. Ce projet de loi qui plafonne les prix et les marges à la production, à l’importation et à la distribution, aux stades de gros et de détail ne peut être que bénéfique surtout en ces temps d’incertitude où des parties malintentionnés usent des augmentations des prix comme d’un levier pour embraser le front social. Le nombre impressionnant d’affaires présentées devant la Justice en 2021 dans le cadre de la lutte contre la corruption sur le marché algérien et contre la hausse des prix montre l’ampleur du phénomène. Aussi toute loi pour mettre fin au modèle chaotique actuel du marché et pour protéger les consommateurs et les commerçants honnêtes est la bienvenue.