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Les propositions d’Alger pour contrecarrer le terrorisme en Afrique

Avec une expertise qui a été à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme, l’Algérie a appelé, hier, au 35e sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, à la finalisation du 2ème Plan africain de lutte contre le terrorisme, l’activation du Fonds spécial africain de lutte contre le terrorisme, la mise en place d’une liste africaine des personnes et des groupes impliqués de terrorismes ainsi que la concrétisation du projet de mandat d’arrêt africain.

Les deux plus importantes propositions de l’Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’intégrisme violent en Afrique, ont été « la mise en place d’une liste africaine des personnes, groupes et entités impliqués dans des actes terroristes, y compris les combattants terroristes étrangers », ainsi que « la concrétisation du projet de mandat d’arrêt africain, instrument dont le Conseil de Paix et de Sécurité a mis en évidence la nécessité lors de sa séance de novembre 2018 consacrée au phénomène terroriste en Afrique ». 

Mémorandum sur les piliers d’une action commune 

La nouvelle vision de l’Algérie de la lutte contre le terrorisme en Afrique contenue dans le rapport du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, présenté à cette occasion, par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, se traduit par « la finalisation du deuxième Plan Africain de Lutte contre le Terrorisme qui viendrait remplacer celui adopté par l’UA en 2003, conformément au mémorandum sur les piliers d’une action commune de l’UA contre le fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent soumis par l’Algérie, en sa qualité de coordonnateur de la lutte contre le terrorisme en Afrique, et adopté par Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement ».

« Il est question également d’opérationnaliser le Fonds Spécial africain de lutte contre le terrorisme et l’activation du Sous-comité de lutte contre le terrorisme relevant du Conseil de Paix et de Sécurité ».

Le Président Tebboune, à travers cette nouvelle vision, réitère l’engagement de l’Algérie à « accompagner l’action de l’UA dans le domaine de la prévention et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, afin de préserver la paix et la stabilité et promouvoir le développement durable de notre continent ».

Il a souligné qu’en dépit des efforts consentis par la communauté internationale dans la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, « ce fléau continue de sévir dans plusieurs pays du monde, en particulier sur notre continent, où la menace terroriste a pris des proportions alarmantes, notamment dans la région sahélo-saharienne ».

Il a relevé, en outre, que « la menace est accentuée par les risques qu’engendrent le déplacement et le retour des terroristes étrangers, conséquence de la déconfiture des groupes terroristes, notamment au Moyen Orient ».

L’Algérie soutient que « les liens avérés entre le terrorisme et le crime transnational organisé sont de nature à alimenter les groupes terroristes en moyens financiers colossaux, à travers notamment le payement de rançons, la drogue, la traite humaine, la contrebande et le piratage ».

Elle a fait observer, à ce propos, que l’effort en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent « butte sur le redéploiement qui s’opère en profitant des moyens de large mobilisation qu’offre l’espace virtuel, après avoir perdu la bataille dans l’espace physique.

Le cyberespace, un terrain glissant aux enjeux insaisissables 

Le cyberespace devient ainsi « un théâtre d’endoctrinement et de recrutement pour les groupes terroristes », ajoute le Président Tebboune, soulignant que l’accroissement de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication et de l’accès aux réseaux sociaux « offre des opportunités inespérées à l’extrémisme d’accroitre sa capacité de nuisance ».

« La radicalisation est en phase de gagner davantage de terrain, en particulier au sein des couches de populations les plus défavorisées sur le plan économique », a prévenu le Président Tebboune dans son rapport.

Dans le même contexte, il a évoqué dans son rapport les « conséquences désastreuses » de la pandémie de la Covid-19 et la récession économique engendrée sur les pays africains qui se voient dans « l’obligation d’affecter des ressources, qui se raréfient davantage, pour développer des stratégies et acquérir des moyens de riposte à la menace terroriste ».

« Au titre de l’accomplissement de son mandat de coordonnateur sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique, confié par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA en 2017, l’Algérie a organisé, conjointement avec l’UA à Alger en avril 2018, une réunion de haut niveau de l’UA sur la lutte contre le financement du terrorisme », a-t-il rappelé.

Les conclusions de cette réunion ont été adoptées par le Conseil de Paix et de Sécurité en novembre 2018, qui a demandé à la Commission et aux Etats membres de « mettre rapidement en œuvre les décisions et recommandations de la réunion de haut niveau », précise le document, ajoutant qu’elles ont également été présentées par l’Algérie lors de la Conférence sur la lutte contre le financement de Daesh et Al-Qaida organisée à Paris sous le thème « No money for terror ».

Consciente de l’impacte de ce fléau sur la paix et la stabilité dans la région et au développement durable en Afrique, l’UA, a affirmé le Président Tebboune, « s’est efforcée à développer un large éventail d’instruments juridiques et organisationnels pour endiguer l’expansion de ce phénomène sur le continent. Ainsi, une Convention de prévention et de lutte contre le terrorisme a été adoptée en 1999, suivie d’un Plan d’action de lutte contre le terrorisme en 2004 ».

Le Président Tebboune a tenu à affirmer, dans ce rapport, que « la bataille contre le terrorisme et l’extrémisme violent ne pourrait être gagnée en l’absence d’une approche compréhensive basée sur un déploiement sur un double front, à savoir la lutte contre les groupes extrémistes, mais aussi et surtout en termes de prévention et d’efforts de dé-radicalisation ».

Une approche globale et intégrée

Il a rappelé, à cette occasion, que « l’Algérie a toujours plaidé pour une approche globale et intégrée dans les stratégies à mettre en œuvre, pour mieux appréhender et combattre le terrorisme et la criminalité au niveau national et international ».

« Mon pays a proposé au courant de l’année 2021 une nouvelle approche africaine, susceptible d’encadrer et de stimuler la prévention et la lutte contre ce fléau, à travers une lettre adressée au président en exercice de l’UA, le président de la République Démocratique du Congo, M. Félix Tshisekedi Tshilombo », a-t-il encore rappelé.

Cette nouvelle approche africaine proposée par l’Algérie consiste, a-t-il expliqué, à « impulser un nouveau souffle à l’effort collectif de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, et tenant compte de la situation d’instabilité que connait la région Sahélo-Saharienne et l’aggravation de la menace terroriste et des autres menaces connexes sur plusieurs région du continent ».

Ainsi, cette nouvelle vision, a précisé le chef de l’Etat, est « basée sur une série de propositions visant à renforcer les efforts collectifs des Etats africains et les mécanismes de l’UA en matière de lutte contre le terrorisme ».

Elle vise également à « redynamiser les institutions et renforcer les mécanismes de l’UA de lutte contre ce phénomène transfrontalier et dangereux, en intégrant les nouveaux concepts, moyens et ressources d’ordre normatif et opérationnel afin d’améliorer l’action africaine », a indiqué le Président Tebboune.

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